Le fabricant montréalais de vêtements Gildan a semblé rassurer les investisseurs mercredi en présentant la performance du trimestre pendant lequel son PDG a été congédié, un licenciement contesté par plusieurs actionnaires institutionnels.

Bien qu’aucun élément nouveau n’ait fait surface mercredi entourant le conflit opposant le conseil d’administration à des actionnaires institutionnels mécontents, Gildan a plu aux investisseurs en présentant des résultats supérieurs aux anticipations des experts pour les mois d’octobre, novembre et décembre.

L’action de l’entreprise s’est appréciée de 4 % mercredi pour clôturer à 47,49 $ à la Bourse de Toronto. Le titre se rapproche ainsi de son sommet de 51 $ atteint au début décembre avant le départ de Glenn Chamandy.

Le profit par action ajusté a augmenté de 15 % à 75 cents US au quatrième trimestre de l’exercice, alors que les ventes ont progressé de 9 % à 783 millions US.

Le consensus des analystes s’articulait autour d’un bénéfice par action ajusté de 73 cents US et de revenus de 765 millions US.

« Non seulement Gildan semble avoir atteint un point d’inflexion au niveau de sa rentabilité, mais l’entreprise le fait en surpassant les attentes, en augmentant la performance des marges sur un an, et en générant un flux de trésorerie important », commente l’analyste Brian Morisson, de la TD.

« Il est clair que la structure de coûts de Gildan, qui est la meilleure du secteur, lui permet de gagner des parts de marché en Amérique du Nord, alors que ses concurrents éprouvent des difficultés à le faire », ajoute-t-il dans une note envoyée à ses clients.

Une charge de 6 millions US est inscrite dans les résultats présentés en lien avec à la cessation d’emploi de l’ex-PDG, Glenn Chamandy, et des frais de services-conseils connexes en ce qui a trait aux questions touchant les actionnaires.

La direction bonifie de 10 % le dividende versé aux actionnaires et soutient que Gildan amorce l’exercice 2024 « en bonne posture ». « Gildan a devant elle un brillant avenir », dit le nouveau PDG, Vince Tyra.

Gildan s’attend toutefois à ce que les ventes des mois de janvier, février et mars soient inférieures à celle enregistrées à la même période il y a un an en raison de l’incidence du réapprovisionnement plus important que prévu des clients au quatrième trimestre de 2023. L’entreprise anticipe ainsi une contraction de la marge opérationnelle ajustée pour le trimestre en cours.

Les prévisions dévoilées pour l’exercice financier qui 2024 qui vient de débuter sont largement conformes à ce que les analystes entrevoyaient. La direction prévoit des ventes stables ou en hausse dans le bas d’une fourchette à un seul chiffre et que son bénéfice par action ajusté se situe dans une fourchette de 2,92 $ à 3,07 $, soit une hausse comprise entre 13,5 % et 19,5 %.

« Les investisseurs doivent se réjouir de ces perspectives de croissance, compte tenu des défis à relever dans le secteur et de l’incertitude au niveau de la direction et du conseil d’administration de Gildan », souligne Brian Morisson. « Malgré ce bruit permanent, il semble que l’emphase sur la stratégie de croissance n’ait pas changé et fonctionne », précise-t-il.

Son collègue Martin Landry, chez Stifel/GMP, juge cependant que les perspectives de croissance de Gildan ne sont pas claires. « J’ai du mal à voir comment l’entreprise pourrait accélérer sa croissance à l’avenir. »

Gildan a causé la surprise en congédiant Glenn Chamandy en décembre, deux semaines avant la fin du quatrième trimestre de l’exercice financier. Glenn Chamandy était PDG depuis 20 ans. Le conseil a nommé Vince Tyra, un ancien dirigeant de Fruit of the Loom, pour le remplacer.

Le licenciement de Glenn Chamandy a déclenché une lutte de pouvoir entre le conseil et plusieurs actionnaires institutionnels.

La firme d’investissement de Los Angeles, Browning West, mène une cabale pour reconstituer le conseil d’administration et ramener Glenn Chamandy à la tête de l’entreprise.

Browning West souhaite faire élire huit nouveaux membres au conseil d’administration lors de l’assemblée annuelle des actionnaires du 28 mai.

Le conseil a destitué Glenn Chamandy de son poste de PDG en justifiant notamment la décision par des divergences liées au plan de succession, en mentionnant qu’il se désengageait graduellement en se concentrant davantage sur ses activités personnelles — dont l’aménagement d’un centre de villégiature de golf à la Barbade —, et en soulignant qu’il souhaitait aller de l’avant avec une stratégie d’acquisitions risquée de plusieurs milliards de dollars.

Gildan possède et opère des installations de production en Amérique centrale, dans les Caraïbes, en Amérique du Nord et au Bangladesh.