Le « vrai travail » commence pour NorthStar Ciel & Terre. Après des retards indépendants de sa volonté, la jeune pousse a finalement envoyé ses quatre premiers satellites en orbite autour de la Terre – étape névralgique de son projet visant à faire de Montréal la « tour de contrôle de l’espace ».

« Nous ne sommes plus un concept, mais quelque chose d’opérationnel, lance le président-directeur général et fondateur de l’entreprise, Stewart Bain, en entrevue téléphonique avec La Presse, vendredi. Ce n’est plus un rêve, mais une réalité. »

L’homme d’affaires était de retour d’un séjour à Mahia, en Nouvelle-Zélande, où il a pu voir Rocket Lab procéder au lancement des quatre premiers satellites de l’entreprise montréalaise, le 31 janvier dernier. NorthStar ambitionne de déployer une constellation de satellites pour gérer le trafic dans l’espace. Son service se démarque par sa capacité à identifier des objets, même de très petite taille, flottant dans l’environnement spatial. Il permet aux exploitants de satellites d’éviter les collisions dans l’espace. C’est Montréal qui doit accueillir le centre de traitement des données et de transmission des informations.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Stewart Bain est président-directeur général et fondateur de NorthStar Ciel & Terre.

L’équipe de NorthStar devrait pouvoir commencer à récolter les premières données d’ici deux mois. Les satellites construits et exploités par Spire Global sont en orbite, mais il y a encore tout un travail de positionnement et de déploiement à compléter, explique M. Bain. Après des années de travail, l’entreprise entre enfin dans une phase plus concrète de sa croissance.

« Le vrai travail commence maintenant, lance le président de NorthStar, avec bonne humeur. Maintenant, on doit collecter des données, les transformer en un service qui fonctionne pour les clients et gagner de l’argent. »

Aidée par Québec

Aux côtés d’Investissement Québec (IQ), l’homme d’affaires Charles Sirois, le gouvernement du Luxembourg et Rogers figurent parmi les actionnaires de la société. L’État québécois a appuyé NorthStar à hauteur de 32 millions jusqu’à présent. Celle-ci compte déjà le département du Commerce des États-Unis parmi ses clients. Elle s’attend à ce que sa liste de clients s’allonge avec l’étape qui vient d’être franchie.

La dernière année n’a pas été de tout repos pour NorthStar.

C’est Virgin Orbit, fondée par le milliardaire britannique Richard Branson, qui devait mettre en orbite les premiers satellites de NorthStar. L’entreprise a dû se trouver un plan B au printemps dernier quand Virgin Orbit s’est placée à l’abri de ses créanciers avant de cesser ses activités.

Rocket Lab devait prendre le relais, mais une « anomalie » détectée lors d’un lancement survenu en Nouvelle-Zélande en septembre dernier a retardé le lancement de NorthStar prévu le mois suivant. Ces délais ont contraint M. Bain à solliciter ses propriétaires dans le cadre d’un tour de financement de 20 millions. IQ avait remis 6,6 millions.

« Cela a été dur, confie M. Bain. Notre équipe a dû travailler vraiment fort pour changer de lanceur et appuyer Spier [le constructeur et opérateur de satellites] dans cette transition. Financièrement, cela n’a pas été évident non plus. On en a profité pour s’assurer que notre gestion des risques d’exploitation était adéquate et travailler sur nos algorithmes [de collecte et d’analyse de données]. Dans chaque obstacle, il y a des opportunités. »

Tôt ou tard, NorthStar devra songer à déployer de nouveaux satellites dans l’espace. La constellation actuelle peut permettre de générer un « chiffre d’affaires intéressant », affirme le patron de l’entreprise, mais la « masse critique » est de 12 satellites. L’homme d’affaires n’a pas voulu dire quand les prochains lancements pourraient avoir lieu.

À plus long terme, la société souhaite déployer en orbite des satellites équipés de caméras hyperspectrales. Leurs images seraient analysées par des systèmes fondés sur l’intelligence artificielle. Ceux-ci seraient capables de mesurer l’irrigation d’un champ pour le compte d’un fermier, de détecter une fuite dans un oléoduc ou de repérer les risques d’incendie dans une forêt.

En savoir plus
  • 60 personnes
    Effectif de NorthStar
    source : Northstar
  • 13 millions
    Somme offerte par le gouvernement fédéral à NorthStar en 2018
    source : Gouvernement du Canada