Les propriétaires de Transbroue vont dévoiler sous peu les résultats d’un rapport comptable lié au conflit les opposant à plusieurs ex-collaborateurs qui lui réclament des sommes non payées.

« On pensait vraiment être capables de redresser Transbroue », dit Joannie Couture, directrice générale du Groupe Triani. On y a cru peut-être un petit peu trop longtemps. »

Transbroue est passé dans le giron du Groupe Triani l’année dernière. En entrevue avec La Presse, vendredi après-midi, Joannie Couture a réitéré que Transbroue était déjà en difficulté financière au moment où son entreprise en a fait l’acquisition en 2022, avec le Groupe Glutenberg.

Toutes les autres activités du groupe Glutenberg qu’on a rachetées à ce moment-là et reprises sous Triani vont très bien. Transbroue, c’était le canard boiteux.

Joannie Couture, directrice générale du Groupe Triani

Or, la situation était pire que celle analysée au moment de l’acquisition, explique Mme Couture. Transbroue avait déjà des dettes envers des microbrasseries, précise l’entrepreneure – une information confirmée par certains des acteurs du milieu.

À cette situation s’est ajouté un contexte post-pandémique qui a fragilisé le milieu brassicole québécois : des détaillants de produits de microbrasseries ferment ou changent d’enseigne, des microbrasseries cessent leurs activités et on s’attend à ce que d’autres mettent la clé sous la porte, les ventes de certains produits sont en déclin.

Ce ralentissement touche l’ensemble du marché, même les boissons non alcoolisées, affirme Joannie Couture, qui précise que cela a contribué à la dérive de Transbroue. « Force est d’admettre que malgré nos investissements – on a rajouté un camion pour couvrir un plus large territoire, on a fait passer notre force de vente de 8 à 14 représentants pour donner un meilleur service aux microbrasseries –, on fait face à l’échec de notre stratégie d’affaires », dit-elle.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

« On a cru qu’on pouvait faire une différence dans l’industrie, on a peut-être un peu sous-estimé le contexte de marché », dit Joannie Couture, du Groupe Triani.

L’entreprise a confié à une firme comptable le mandat de les accompagner dans cette restructuration – Transbroue a déjà annoncé qu’elle mettait fin à ses activités de représentation et de ventes pour se concentrer sur la distribution.

Est-ce que la faillite est envisagée ?

La directrice générale de Triani répond que ça n’a pas été dans les discussions jusqu’à présent, que la firme comptable a en main tous les chiffres. On devrait connaître ses recommandations et être fixé sur le sort de Transbroue au début de la semaine prochaine.

Certains collaborateurs n’ont pas attendu cette annonce pour quitter le navire, parfois avec fracas. Six ex-partenaires d’affaires ont intenté l’été dernier une poursuite commune contre Transbroue – dont la microbrasserie À l’abri de la Tempête des Îles-de-la-Madeleine et la Chouape du Saguenay–Lac-Saint-Jean.

Depuis, Transbroue a perdu d’autres partenaires : en novembre, c’était au tour de la microbrasserie l’Alchimiste de Joliette de claquer la porte, accusant son ex-distributeur de lui devoir des sommes considérables.

Terrebonne contre Triani : mauvaise gestion des matières résiduelles

Dans un tout autre dossier, le Groupe Triani est en litige avec la Ville de Terrebonne, où se trouve son usine.

La municipalité l’intime de cesser de contrevenir aux règlements municipaux pour la gestion de ses eaux usées.

Cette fois, ce sont les activités de production d’alcool de Triani qui sont en cause. L’entreprise déverse des eaux usées non conformes dans le réseau d’égouts de la municipalité. Les taux de trois contaminants ne sont pas conformes, selon les documents déposés à la Cour supérieure.

« Depuis avril 2021, la Ville a donné à Triani quatre constats qui ont mené à des verdicts de culpabilité pour les raisons suivantes : rejets non conformes, défaut de caractériser les effluents et entrave au travail d’un fonctionnaire (refus de fournir un document). L’entreprise s’est acquittée du montant total de ces quatre constats, soit 5224 $ », a précisé Marie Eve Courchesne, conseillère en communication pour la Ville.

Quatorze autres constats d’un total de 125 600 $ ont aussi été remis pour des récidives pour les mêmes infractions, a ajouté la porte-parole de la Ville de Terrebonne.

Joannie Couture explique que d’importants investissements ont été faits pour corriger cette situation, dès que le problème a été signalé. Les efforts se poursuivent, dit l’entrepreneure, et un plan de réduction des rebuts à la source est envisagé.

« Dans le domaine de la brasserie, les activités de brassage de bière engendrent des rejets de matières organiques. On parle de drêche, de grains et de levure de bière », précise Joannie Couture qui affirme que le volume produit par Triani a joué en leur défaveur.

Triani déplore l’intransigeance de la Ville, « qui continue d’émettre des avis de contravention afin de mettre de la pression sur Triani pour qu’elle se conforme immédiatement ».

Si des constats d’infraction sont effectivement réguliers pour des contaminants excédant la limite permise, c’est la première fois que Terrebonne doit entamer des procédures de demande introductive d’instance en injonction devant la Cour.