Achat local Walmart se lance dans l’identification des produits d’ici

Le géant américain Walmart se lance dans l’affichage des produits du Québec dans ses 73 magasins de la province. Il s’agit de la première enseigne étrangère à prendre part au mouvement.

À l’instar de BMR, SAIL, DeSerres, JC Perreault, les Pharmacies Jean Coutu, Brunet, La Vie en Rose et Souris Mini, Walmart comptera désormais parmi les détaillants qui accoleront des affichettes dans les allées où se trouvent les produits d’ici. Une grosse prise pour l’organisme sans but lucratif Les Produits du Québec, chargé de délivrer la fameuse certification.

« Oui, c’est un gros nom », a reconnu en entrevue Elfi Morin, directrice générale de l’organisme créé en 2021, quelques heures avant le point de presse visant à faire l’annonce officielle de l’entrée en scène de Walmart, lundi.

« Ça donne de la crédibilité [à la certification]. C’est sûr que Walmart donne un certain poids, ajoute-t-elle. C’est aussi un détaillant qui est extrêmement fréquenté par les consommateurs. L’important, c’est d’être là où les consommateurs magasinent [afin qu’ils] puissent choisir des produits québécois. »

« Attirer un géant comme Walmart, c’est signe que [les dirigeants de l’entreprise] comprennent l’importance que les Québécois accordent à l’achat local », a pour sa part ajouté Christopher Skeete, ministre délégué à l’Économie, également en entrevue avec La Presse. La clientèle est de plus en plus sensibilisée à l’importance de l’achat local, et je pense que les lois du marché font en sorte qu’ils doivent écouter. »

Pour le moment, Walmart compte quelque 1000 produits ayant reçu la certification Produit du Québec, Fabriqué au Québec et Conçu au Québec.

Ce sont les manufacturiers qui doivent entreprendre les démarches pour obtenir ce sceau qui fait foi de leur provenance locale. Les produits des entreprises Cascades et Santé naturelle Adrien Gagnon comptent parmi ceux ayant obtenu une certification.

M^me Morin fait le pari que la participation de Walmart incitera plusieurs fabricants à obtenir leur certification. Jusqu’à maintenant, Les Produits du Québec ont accordé une certification à quelque 53 000 produits, conçus par 143 manufacturiers. Actuellement, neuf enseignes disposent d’affichettes pour identifier clairement leur marchandise d’ici. Sans donner plus de détails, M^me Morin a assuré que d’autres détaillants adhéreront au programme au cours de la prochaine année.

« On travaille avec de nombreux fournisseurs qui n’ont pas encore eu accès à la certification Les Produits du Québec, mentionne pour sa part Cyrille Ballereau, vice-président à l’exploitation pour le Québec de Walmart. On a envoyé une lettre vendredi à l’ensemble de nos fournisseurs pour les encourager [à l’obtenir]. On a même déjà eu quelques réponses positives dans la journée de vendredi. »

M. Ballereau affirme que Walmart fait affaire avec 480 fournisseurs québécois et que l’entreprise s’est approvisionnée auprès d’eux l’an dernier avec des achats totalisant 3,5 milliards de dollars. En plus de l’identification en magasin, le géant américain permettra également aux clients qui magasinent en ligne de mieux repérer les articles d’ici, notamment à l’aide de filtres de recherche, a confirmé M. Ballereau.

Trop de logos ?

Par ailleurs, avec la multiplication des différents logos et certifications, n’y a-t-il pas un danger que les consommateurs s’y perdent ? « C’est vrai qu’il y a beaucoup d’identifiants, admet Elfi Morin. Mais le fait d’avoir une marque de certification pour tous les secteurs d’activités [sauf la nourriture et l’alcool], c’est une première. Il n’y en a aucune qui couvre l’ensemble des secteurs. Vous retrouvez les mêmes logos à la quincaillerie, à la pharmacie et dans les magasins de vêtements. »

« Chaque mois, on envoie des listes de produits qui sont vérifiés, pour que le détaillant puisse ensuite faire un travail d’identification avec ses produits à lui. Les affichettes ne peuvent pas être mises sur n’importe quel produit. Il faut que ça soit mis sur des produits qui ont été vérifiés par notre équipe », précise-t-elle pour expliquer la crédibilité de la démarche.

Du côté de La Vie en Rose, la présence d’un sceau indiquant « Conçu au Québec » revêt une grande importante pour le président-directeur général, François Roberge. « Pour moi, c’est important. Je suis basé à Montréal. Tout se fait dans Hochelaga-Maisonneuve. »

« Je ne produis pas ici, mais tout est créé ici, dit-il en faisant référence au design. La raison pour laquelle je produis ailleurs, c’est que je veux rester compétitif avec les autres joueurs, explique-t-il. Une culotte chez nous, je la vends 10 $, si je la produisais au Canada, il faudrait que je la vende 40 $. Est-ce que vous seriez prêts à en acheter autant ? demande-t-il. Je ne penserais pas. »