(New York) Boeing a annoncé mercredi une perte nette supérieure aux attentes des analystes au troisième trimestre et revu à la baisse le volume des livraisons de son avion vedette 737 pour 2023 à cause d’un problème déjà connu sur une partie du fuselage.

« Nous avons fait face à quelques défis ces derniers mois mais nous avons fait la preuve que nous savons surmonter les obstacles, et nous continuerons à le faire », a commenté Dave Calhoun, patron du constructeur aéronautique américain, lors d’une conférence avec des analystes. « Nous savions que 2023 serait un chemin cahoteux », a-t-il ajouté.

« Ceci étant dit, nous avons davantage de travail à faire », a-t-il indiqué dans une lettre adressée aux employés, assurant que la demande pour les produits et les services de Boeing continuait d’être « forte ». Mais des problèmes de conformité, de développement et d’approvisionnement ont entravé le bon fonctionnement du groupe, a expliqué M. Calhoun.

« Nous nous sentons bien concernant la façon dont nous avons terminé le trimestre », a-t-il déclaré sur la chaîne CNBC.

Entre juillet et septembre, Boeing a engrangé un chiffre d’affaires de 18,10 milliards de dollars, soit une hausse de 13 % sur un an, qui correspond au consensus des analystes.

En revanche, il a dégagé une perte nette de 1,64 milliard de dollars sur le trimestre quand les analystes attendaient une perte de 1,50 milliard.

Rapportée par action et hors éléments exceptionnels-référence pour les marchés –, elle ressort à 3,26 dollars quand le consensus prévoyait une perte de 3,18 dollars.

Autre mauvaise nouvelle : le constructeur prévoit désormais de ne livrer qu’entre 375 et 400 exemplaires du 737 au cours de l’exercice en cours, au lieu de 400 à 450 prévus auparavant.

Mais « d’ici la fin de l’année, nous évoluerons sur un rythme auquel personne ne s’attend de notre part », a assuré M. Calhoun sur CNBC.

« Centaines de trous »

L’action Boeing faisait du yoyo à la Bourse de New York : +2,89 % dans les échanges électroniques avant l’ouverture, -1,76 % vers 10 h (heure de l’Est) puis +0,44 % vers 12 h 20 (heure de l’Est), après la conférence avec les analystes.

Christopher Raite, analyste de Third Bridge, a pointé les problèmes d’approvisionnement comme étant le « plus gros défi de Boeing » et a estimé que les moindres livraisons du 737 allaient « peser sur les résultats du quatrième trimestre et avoir des répercussions sur toute la chaîne d’approvisionnement ».

L’avionneur ne perçoit le gros du paiement des avions qu’à la livraison.

« La bonne nouvelle est que les clients veulent toujours des avions Boeing », a commenté l’analyste, mentionnant un carnet de commandes au plus haut depuis fin 2019 avec plus de 5100 appareils commerciaux (valeur estimée : 392 milliards de dollars).

« Des commandes très importantes de clients majeurs comme Ryanair, United Airlines et Saudi Arabian Airlines accentuent la visibilité de Boeing sur les prochaines années », a-t-il ajouté. Mais les investisseurs vont surveiller, selon lui, l’exécution avec les contraintes de fabrication.

Le groupe avait prévenu fin août d’un ralentissement de sa cadence de production et de livraisons à cause d’un problème sur la cloison pressurisée arrière de l’appareil nécessitant l’inspection de « centaines de trous ».

Il n’a livré en septembre que quinze exemplaires du 737 MAX, soit le niveau le plus faible en plus de deux ans. Octobre « sera un peu léger », a relevé le directeur financier Brian West lors de la conférence avec les analystes.

Boeing a néanmoins maintenu mercredi son objectif de cadence de production de 38 exemplaires du 737 par mois d’ici la fin de l’année, et de cinquante mensuels à horizon 2025/2026.

« L’estimation du coût associé à la réalisation des travaux de réparation est immatérielle et a été intégrée dans les résultats du troisième trimestre », a précisé le groupe.

Il prévoit toujours de livrer 70 à 80 avions 787 en 2023 et d’en fabriquer désormais cinq par mois au lieu de quatre, en attendant les dix mensuels en 2025/2026.

Tous modèles confondus, Boeing avait remis à ses clients fin septembre 371 avions depuis le début de l’année (328 sur la même période de 2022).

Il compte livrer d’ici fin 2024 la totalité de ses stocks de 737 MAX et de 787 Dreamliners – également touché par des problèmes techniques de fabrication –, respectivement environ 250 et autour de 75.

Dans sa branche Défense, Espace et sécurité, le constructeur signale une charge opérationnelle de 482 millions de dollars sur le programme VC-25B – deux avions présidentiels américains – due à des estimations de coûts manufacturiers et de personnels supérieurs et à « la résolution de contrats avec des fournisseurs ».

Son résultat opérationnel a aussi été affecté par une perte de 315 millions de dollars sur un contrat de satellite à la suite de changements effectués par le client – non identifié – et « de coûts supérieurs pour renforcer la constellation et respecter les engagements du cycle de vie ».

Boeing a maintenu ses objectifs de liquidités disponibles hors exceptionnels pour 2023 (3 à 5 milliards) et pour 2025/2026 à 10 milliards.