(Toronto) L’ancien chef de la direction de Rogers Communications a riposté contre l’entreprise, alléguant que Rogers menait « une campagne de malhonnêteté » au sujet de son éviction en novembre 2021 en inventant de toutes pièces des allégations dans sa défense contre sa poursuite.

Dans des documents déposés jeudi, Joe Natale accuse Rogers d’avoir modifié des documents commerciaux pour étayer sa position juridique dans la bataille qui oppose les deux parties.

« Dans une violation flagrante de l’éthique pour l’une des plus grandes sociétés ouvertes du Canada, Rogers a modifié les procès-verbaux des réunions du conseil d’administration de Rogers de la période pertinente pour changer les déclarations faites par Edward Rogers au conseil afin de mieux s’aligner sur le récit égoïste des évènements de Rogers », est-il écrit dans le document présenté par M. Natale.

Selon le document, Edward Rogers, le président de la société, aurait précédemment déposé « différentes versions […] de ces procès-verbaux de réunion devant la Cour suprême de la Colombie-Britannique en 2021, représentant leur exactitude auprès de la Cour à ce moment-là ».

M. Natale a annoncé en août qu’il poursuivait l’entreprise pour licenciement abusif et rupture de contrat, alléguant que son président avait eu une « conduite malveillante, autoritaire et oppressive ». Il réclame 24 millions en indemnisation et en dommages et intérêts.

Rogers a répondu le mois dernier en lançant une contre-poursuite contre M. Natale, affirmant qu’il avait tenté de « renverser la gouvernance d’entreprise et ses obligations fiduciaires pour son gain personnel ».

Aucune des revendications des deux parties n’a été testée devant les tribunaux.

Dans un communiqué, la porte-parole de Rogers, Sarah Schmidt, a fait valoir que « le comportement de M. Natale [parlait] de lui-même ».

« Alors que nous avions espéré régler cette affaire en privé, la poursuite de Joe Natale ne nous laisse pas le choix », a-t-elle déclaré dans un courriel.

« Nous sommes convaincus que les tribunaux distingueront les faits de la fiction, y compris les inexactitudes concernant les actions de l’entreprise. »

Le départ de M. Natale du géant torontois des télécommunications a été annoncé après une lutte de pouvoir au sein du conseil d’administration concernant le désir du président de remplacer M. Natale par Tony Staffieri, alors directeur financier, et aujourd’hui chef de la direction de Rogers.

La tentative initiale d’Edward Rogers d’évincer M. Natale en faveur de son directeur financier a conduit au départ de M. Staffieri en septembre 2021, ainsi qu’à un vote du conseil d’administration qui a vu Edward être démis de son siège au conseil.

Edward Rogers a rédigé une résolution d’actionnaires pour évincer les cinq administrateurs qui l’avaient défié, sans tenir de réunion du conseil d’administration. La société a déposé une plainte contre son conseil d’administration remanié, déclenchant une bataille judiciaire pour savoir qui en faisait réellement partie.

Un juge de la Cour suprême de la Colombie-Britannique a finalement jugé la déclaration d’Edward Rogers légitime et celui-ci a été réintégré à ses fonctions de président.

M. Staffieri a remplacé M. Natale au poste de président et chef de la direction à la suite de la décision.