Le détaillant américain Target a annoncé la fermeture de neuf magasins dans quatre États, invoquant la hausse des vols et la menace à la sécurité de ses employés et de ses clients.

Un des magasins est à East Harlem, à New York. Les autres sont répartis à San Francisco, en Californie, et à Seattle et Portland, en Oregon.

« Nous savons que nos magasins jouent un rôle communautaire important, mais nous ne pouvons réussir que si l’environnement de travail et d’achat est sûr pour tous », a déclaré Target dans un communiqué.

Ces derniers mois, Target s’est exprimé sur le sujet des vols dans ses magasins, en particulier sur la criminalité organisée, qui consiste à voler une grande quantité de marchandises pour les revendre au marché noir.

Lors d’une téléconférence sur les résultats en août, le PDG de Target, Brian Cornell, a déploré le « nombre inacceptable de vols dans les magasins par des criminels en bande organisée ». Il a noté une hausse de 120 %, sur cinq mois, des vols commis chez Target avec violence ou menace de violence.

D’autres détaillants, tels que Macy’s et Dick’s Sporting Goods, ont aussi averti Wall Street de l’impact des vols sur leurs affaires.

Mardi, la National Retail Federation a publié son enquête annuelle sur les grandes marques, qui révèle que la « démarque inconnue » – la valeur des marchandises qui disparaissent des magasins sans avoir été payées (vols, dommages ou erreurs de suivi des stocks) – a augmenté pour atteindre 1,6 % des ventes en 2022, contre 1,4 % en 2021. Le taux moyen de démarque inconnue était de 1,6 % en 2019 et 2020.

PHOTO JOHN TAGGART, THE NEW YORK TIMES

Des produits d’hygiène pour homme, présentés dans des étalages sous clé au magasin Target d’East Harlem, à New York, un des neuf établissements que le détaillant fermera le 21 octobre

Selon l’enquête, 36 % de ces pertes proviennent du vol, 29 % sont attribués au vol par les employés et 27 % proviennent des défaillances de contrôle et d’erreurs.

La démarque inconnue n’a fait que remonter au niveau de 2019 et 2020, mais certains détaillants affirment que le vol est plus inquiétant : cette année, les deux tiers des répondants signalent une hausse de la violence et de l’agressivité chez les voleurs en bande organisée.

En mai, Michael Fiddelke, directeur financier de Target, a déclaré que si la tendance se poursuivait, la démarque inconnue amputerait 500 millions aux profits. Target a augmenté ses dépenses en sécurité, notamment en faisant appel à des services de gardiennage.

Selon certains syndicats, les employés de magasin sont plus souvent aux prises avec des clients agressifs et des actes criminels, y compris des agressions, depuis le début de la pandémie.

Toutefois, certains dans le secteur notent qu’il manque de données fiables sur le sujet. Selon les analystes, les détaillants évoquent plus souvent la démarque inconnue quand les temps sont durs et que leurs profits sont déjà réduits.

De plus, la plupart des détaillants ne divulguent pas les délits commis dans leurs magasins. Il est difficile d’évaluer leur fréquence.

On a aussi vu des détaillants rétropédaler sur la gravité du vol à l’étalage. C’est le cas de Walgreens, qui a déclaré en janvier : « nous avons peut-être trop pleuré l’an dernier » à ce sujet.

Les dirigeants, qui ont parlé publiquement du vol par des bandes organisées, réclament l’aide de l’État et de la police pour résoudre ce qu’ils décrivent comme un problème plus large. Target a demandé aux élus de soutenir un projet de loi qui créerait une équipe spéciale composée d’agences fédérales pour s’attaquer à la criminalité dans le commerce de détail.

L’entreprise a aussi indiqué qu’elle invitait dans ses magasins des membres du Congrès, des élus des États et des partenaires locaux, pour les sensibiliser à la manière dont elle tente de résoudre le problème.

Selon Target, il y a eu d’autres menaces à la sécurité de ses employés cette année. Dans certaines villes, en mai, la société a modifié ses étalages durant le Mois de la Fierté : des marchandises ont été déplacées à l’arrière des magasins après que des clients eurent protesté en criant auprès d’employés.

Malgré les neuf fermetures, prévues le 21 octobre, Target souligne qu’il y a d’autres endroits à proximité où les gens pouvaient faire leurs achats. Les employés « admissibles » se feront proposer des emplois dans d’autres magasins Target, a dit la direction.

Cet article a d’abord été publié dans le New York Times.

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