L’action de la Banque Nationale a cédé 4 % de sa valeur mercredi en Bourse après que la performance trimestrielle de l’institution financière québécoise eut raté la cible des analystes à la suite d’une situation qualifiée d’« anormale » cet été sur les marchés.

Ajustés pour exclure certains éléments, les profits trimestriels de la plus grande banque au Québec se sont élevés à 790 millions pour les mois de mai, juin et juillet, en baisse de 4 % sur un an.

Les profits par action ajustés ont atteint 2,21 $, alors que les analystes attendaient des profits par action ajustés de 2,37 $.

La croissance des revenus de tous les secteurs d’exploitation, à l’exception de celui des marchés financiers, a été atténuée par l’augmentation des dotations aux pertes de crédit (c’est-à-dire l’argent mis de côté pour couvrir des prêts qui pourraient tourner au vinaigre). La banque a enregistré des dotations aux pertes de crédit de 111 millions pour le trimestre alors qu’elles étaient de 57 millions il y a un an.

Les revenus du secteur des marchés financiers ont reculé de 8 % à 560 millions sur un an, alors que le résultat net de ce segment d’activités a baissé de 27 % à 205 millions.

« La volatilité et le volume de transactions ont atteint cette année un sommet en mars avec la crise bancaire aux États-Unis. L’activité a par la suite baissé sur les marchés financiers et le mois de juillet a été particulièrement tranquille. C’est plutôt anormal », dit en entrevue le PDG de la Banque Nationale, Laurent Ferreira.

Nous avons traversé un trimestre « très calme » en particulier sur le marché canadien, a commenté Étienne Dubuc, le responsable du secteur des marchés financiers à la Banque Nationale, durant la conférence téléphonique organisée en marge de la présentation des résultats de la banque.

« Alors que le marché boursier américain a monté avec la performance des titres technologiques, les indices canadiens sont demeurés inchangés durant le trimestre et le volume de transactions a baissé d’environ 25 % sur le marché canadien par rapport à la même période l’an passé. Nos activités de mainteneurs de marché tournaient donc au ralenti », précise-t-il.

« Par conséquent, nos activités de trading, que nous positionnons de façon conservatrice, ont subi un double impact provenant de la baisse de volume et de la baisse de volatilité. »

Normalisation de la volatilité

Étienne Dubuc ajoute observer depuis un mois une normalisation de la volatilité. Les choses s’annoncent donc bien pour le trimestre de fin d’exercice, dit-il.

« On voit plus d’activités chez nos clients et on voit des fluctuations plus importantes dans le marché. Le mois d’août a été bien différent de juin et juillet. C’est encourageant », dit Étienne Dubuc.

« L’objectif a toujours été de bien performer peu importe le cycle du marché, fournir des liquidités et offrir de bons conseils. Si ça veut dire être plus défensif que les autres et faire moins bien dans un marché très calme comme on vient de voir, nous sommes confortables avec ça. »

L’analyste, Meny Grauman, de la Scotia reconnaît que la déception dans les résultats présentés est en grande partie liée aux activités de trading, qui ont enregistré une performance qu’il qualifie d’« exceptionnellement faible ».

Cet expert s’attendait donc à ce que l’action soit sous pression mercredi puisque le titre s’était, dit-il, récemment mieux comporté que ses comparables en Bourse. « La spéculation veut qu’une partie de la récente surperformance était liée à des rumeurs d’acquisition de la Banque Laurentienne par la Banque Nationale. »

Appelé à qualifier, mercredi, l’intérêt porté par la Banque Nationale envers la Laurentienne, Laurent Ferreira s’est refusé à tout commentaire.

La direction de la Laurentienne avait révélé le 11 juillet qu’elle procédait à une revue des options stratégiques – ce qui peut inclure la vente de la banque – en vue de maximiser la valeur pour les actionnaires.

La Banque Laurentienne et la Banque CIBC doivent dévoiler et commenter à leur tour leur performance trimestrielle jeudi matin.