(New York) Le champion britannique des microprocesseurs Arm, filiale du japonais SoftBank, a officiellement lancé son processus d’introduction en Bourse à Wall Street, une opération qui pourrait devenir la plus importante dans la technologie depuis celle, pharaonique, du chinois Alibaba.

Si « le nombre d’actions et la fourchette de prix doivent encore être déterminés », selon un communiqué publié lundi, les documents publiés par le groupe confirment que SoftBank Group a récemment racheté pour quelque 16,1 milliards $ US les 25 % d’Arm qui étaient détenus par son unité Vision Fund.

Cela valorise l’ensemble de l’entreprise à plus de 64 milliards de dollars, soit environ le double du prix de son acquisition en 2016 par le groupe japonais.

L’introduction en Bourse (PAPE) pourrait intervenir en septembre, selon la presse, et il pourrait s’agir de la plus grosse opération du genre de cette année, et de l’une des plus importantes dans le secteur de la tech depuis celle d’Alibaba à Wall Street en 2014, qui avait rapporté alors 25 milliards de dollars.

Selon les documents préliminaires en vue de l’introduction en Bourse, déposés lundi auprès du gendarme de la Bourse américaine (SEC), « la technologie des semi-conducteurs est devenue l’une des ressources les plus cruciales au monde, car elle permet aujourd’hui à tous les appareils électroniques de fonctionner ».

« 99 % des téléphones intelligents »

L’entreprise est une référence mondiale dans l’architecture des semi-conducteurs fabriqués ensuite sous licence pour la quasi-totalité du marché mondial des téléphones intelligents.

Ses processeurs ont « fourni une informatique de pointe à plus de 99 % des téléphones intelligents dans le monde » en 2022, assure-t-elle, estimant aussi qu’environ 70 % de la population mondiale utilise des produits basés sur sa technologie.

Bien qu’établie au Royaume-Uni, Arm avait annoncé début mars son intention de réaliser son premier appel public à l’épargne (PAPE) aux États-Unis, au grand dam de la place financière de Londres où elle était cotée jusqu’en 2016.

Le lancement de l’opération « va renforcer la déception que Londres ait été boudée », alors que l’entreprise « était largement considérée comme une réussite britannique », mais « SoftBank ne fait pas dans le sentiment et en veut pour son argent », estime Susannah Streeter, analyste de Hargreaves Lansdown.

Arm gardera toutefois son siège à Cambridge et pourrait envisager dans un deuxième temps une seconde cotation, à la Bourse de Londres.

Fondée en 1990, Arm appartient à SoftBank Group depuis 2016. Le géant japonais des investissements avait annoncé son intention de réintroduire l’entreprise en Bourse après l’échec, début 2022, de la vente d’Arm à l’américain Nvidia en raison « d’obstacles réglementaires significatifs ».

Euphorie autour de l’IA

« Le conglomérat japonais attendait les meilleures conditions de marché et, bien qu’elles semblent un peu plus clémentes par rapport à la volatilité qui a frappé le secteur technologique l’année dernière, la récente faiblesse estivale pousse clairement l’entreprise à coter Arm le plus tôt possible », selon Mme Streeter.

De fait, le chiffre d’affaires de la société britannique a stagné lors de son dernier exercice annuel, achevé fin mars, à 2,7 milliards de dollars. Et « le ralentissement des ventes de téléphones mobiles et d’autres appareils électroniques a eu un impact sur ses revenus au cours du dernier trimestre en date », ajoute Michael Hewson, analyste de CMC Markets.

Arm est aussi exposée à certains risques notamment liés à sa dépendance au marché chinois et aux tensions internationales qui se sont accrues ces dernières années autour de ce secteur stratégique, entre Pékin et Washington notamment.

La valorisation de plus de 60 milliards de dollars espérée par SoftBank n’avait rien d’évident jusqu’au début de cette année, mais paraît désormais atteignable, comme le secteur mondial de la tech surfe actuellement sur l’euphorie autour de l’intelligence artificielle (IA) générative, un domaine dans lequel Arm compte jouer un rôle stratégique.

De nombreux géants de la tech comme Nvidia, Apple, Samsung Electronics ou encore Intel seraient sur les rangs pour investir dans Arm une fois la société cotée, selon la presse.

SoftBank Group compte beaucoup sur le PAPE d’Arm pour redorer son blason après avoir connu de nombreux désastres dans ses investissements ces dernières années, comme le géant américain des bureaux partagés WeWork.