(Toronto) L’ancien chef de la direction de Rogers, Joe Natale, poursuit l’entreprise pour congédiement injustifié et rupture de contrat, alléguant que le président du conseil d’administration de Rogers, Edward Rogers, a eu une « conduite malveillante, autoritaire et oppressive ».

Dans une déclaration déposée jeudi auprès de la Cour supérieure de justice de l’Ontario, M. Natale accuse Edward Rogers et son épouse Suzanne Rogers d’avoir tenté de « ternir sa réputation » à la suite de son éviction en novembre 2021.

Il les accuse notamment d’avoir engagé l’acteur Brian Cox, de la série Succession de HBO, pour créer une vidéo « dégradante » sur l’ex-chef de la direction, qui comprend un message félicitant Edward Rogers pour sa « succession dans la vraie vie chez Rogers Communications », qu’ils auraient distribuée et dont les médias ont fini par se faire l’écho.

Il affirme que sa société Natale Industries et lui ont droit à un total de 24 millions, dont 4 millions proviennent d’un bonus non payé lié à la clôture de l’acquisition de Shaw Communications par Rogers en avril.

Aucune des affirmations contenues dans la plainte de M. Natale n’a été vérifiée par un tribunal.

Un départ houleux

Le départ de M. Natale du géant des télécommunications de Toronto avait été annoncé à la suite d’une lutte d’influence au sein du conseil d’administration, le président souhaitant le remplacer par le directeur financier de l’époque, Tony Staffieri.

Dans les documents déposés au tribunal, M. Natale a déclaré avoir négocié et convenu des conditions de son indemnité de départ lors d’une série de réunions avec M. Rogers en septembre 2021, qui ont été approuvées par le conseil d’administration de Rogers.

Mais il a ajouté qu’un groupe de membres du conseil d’administration lui a alors demandé de rester chef de la direction contre la volonté de M. Rogers « pour soutenir les priorités stratégiques de l’entreprise, y compris la réalisation de l’accord avec Shaw et le soutien des approbations réglementaires complexes et des efforts d’intégration post-fusion ».

M. Natale a indiqué que l’entreprise avait amélioré ses conditions d’emploi dans des contrats rédigés en octobre 2021, avant qu’il ne soit licencié le mois suivant. Il a dit que l’entreprise avait l’obligation contractuelle, en vertu de ces accords, de lui accorder certains droits en cas de licenciement sans motif, mais qu’elle avait refusé de le faire, « n’accordant au contraire à M. Natale qu’une indemnité correspondant à un licenciement sans motif » en vertu de son contrat précédent.

Dans une déclaration, le porte-parole de M. Natale, Bill Walker, de MidtownPR, affirme qu’« il est regrettable que Rogers n’honore pas ses engagements envers M. Natale », qui visaient à assurer la continuité pendant la fusion avec Shaw.

« Son contrat de travail, mis en place par le conseil d’administration à l’époque, était clairement articulé, dûment exécuté et conçu pour assurer la continuité pendant la fusion avec Shaw », a précisé M. Walker dans un courriel.

« Nous sommes convaincus que les tribunaux partageront ce point de vue. »

« Comportement inapproprié », dit Rogers

Selon Sarah Schmidt, porte-parole de Rogers, la société prévoit de « se défendre vigoureusement contre cette plainte sans fondement » et déposera une demande reconventionnelle pour répondre aux allégations de « comportement inapproprié » de la part de M. Natale.

« Une enquête indépendante a révélé que Joe Natale s’est rendu coupable de fautes graves lorsqu’il était chef de la direction. En conséquence, nous avons pris la décision nécessaire de le licencier pour un motif valable », a déclaré Mme Schmidt.

« Nous aurions préféré régler cette affaire en privé, mais M. Natale ne nous a pas laissé le choix. »

Mme Schmidt a souligné que l’enquête de M. Rogers avait révélé qu’en octobre 2021, M. Natale savait que des mesures étaient prises pour modifier le conseil d’administration de l’entreprise, ce qui mettrait fin à son mandat de chef de la direction. Elle a affirmé que M. Natale s’était octroyé une « rémunération excessive sans l’approbation du conseil d’administration » avant son départ.

« Cet acte et d’autres constituent une grave violation de ses obligations fiduciaires en tant que directeur général et administrateur d’une société publique », a-t-elle déclaré.

« M. Natale était au courant de l’enquête et a eu l’occasion d’y répondre. Il a compris les implications des conclusions de l’enquête et l’action en justice est une tentative de devancer l’enquête. »

Au début de l’année, la Financière Sun Life a nommé M. Natale à son conseil d’administration.

M. Natale a été directeur général de Telus avant de rejoindre Rogers.