Le fabricant d’équipements de salle de bain en céramique Duravit, d’origine allemande, établit à Matane au Québec sa première usine en Amérique du Nord. Cette usine sera aussi la première usine dite « carboneutre » dans cette industrie.

Annoncée jeudi dans le parc industriel de Matane, cette implantation est prévue à hauteur de 90 millions de dollars. L’usine déjà en construction devrait entrer en production en 2025.

Duravit prévoit la création de 240 emplois lorsque son usine aura atteint sa vitesse de croisière, avec 450 000 pièces de céramique par an.

Selon les informations divulguées jeudi, Duravit a choisi de s’installer au Québec « en raison de la disponibilité d’énergie propre » pour alimenter son usine à visée carboneutre.

Selon Duravit, « le cœur du projet consiste à utiliser une source d’énergie propre pour cuire la céramique à une température de 1260 degrés Celsius ».

Par conséquent, au lieu d’alimenter un tel four de façon conventionnelle au gaz naturel, Duravit indique que son alimentation à l’hydroélectricité « permettra de réduire la production de CO2 (gaz carbonique) d’environ 9000 tonnes par an ».

Des besoins de plus de 5 MW pour l’usine

Le projet de Duravit fait partie de la liste de projets industriels retenus pour un bloc d’énergie supérieur à 5 mégawatts (MW) de la part d’Hydro-Québec.

Son usine consommera un bloc d’énergie plus important que 5 MW, ont confirmé Investissement Québec et le cabinet du ministre délégué à l’Économie, Christopher Skeete.

Le seuil de 5 MW est celui à partir duquel une entreprise doit obtenir le feu vert du ministère de l’Économie. En raison d’une demande supérieure à l’offre, le ministre de l’Économie et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, a répété à maintes reprises que tous les projets ne pourraient pas aller de l’avant tandis qu’Hydro-Québec entrevoit la fin des surplus pour 2027.

Le projet de Duravit doit encore obtenir l’autorisation du ministère de l’Économie pour accéder à un bloc d’énergie supérieur à 5 MW, mais le gouvernement Legault prévoit que le projet se trouvera parmi la liste des projets retenus.

« Il y a un processus d’autorisation qui est encore en cours, nous sommes confiants que Duravit aura le feu vert », a répondu une porte-parole du ministre délégué à l’Économie, Christopher Skeete, à La Presse Canadienne.

Fait inusité, le député de l’opposition péquiste, Pascal Bérubé, a remplacé son collègue caquiste, le ministre délégué à l’Économie, Christopher Skeete. Le ministre délégué devait assister à l’annonce, mais son vol n’a pu atterrir en raison des conditions météorologiques.

Un choix logique

Quant au choix du parc industriel de Matane, Duravit l’attribue notamment à son accès à un port en eau profonde sur le Saint-Laurent. L’entreprise allemande souligne aussi la facilité d’approvisionnement en minéraux provenant du Labrador qui entreront dans la fabrication de la céramique.

Selon Duravit, cette facilité d’accès aux matières premières et au transport maritime permettra d’éviter la production de quelque 2000 tonnes de CO2 par année.

Par ailleurs, pour l’inciter à s’implanter à Matane, Duravit obtient une aide gouvernementale annoncée jeudi à hauteur de 30 millions de dollars au total.

Cette injection de fonds publics est répartie en deux portions : un prêt sans intérêt de 19 millions provenant du programme « Croissance économique régionale par l’innovation » du gouvernement fédéral, ainsi qu’un prêt sans intérêt et « partiellement pardonnable » de 11 millions provenant de la société d’État Investissement Québec.

Avec la collaboration de La Presse Canadienne