Le mandat de la future PDG de Reitmans, Andrea Limbardi, est clair. Elle a pour mission de moderniser le détaillant montréalais.

L’actuelle présidente du libraire ontarien Indigo n’entrera en fonction chez Reitmans qu’en septembre, mais il semble que l’expertise en application de stratégies numériques de la Montréalaise sera rapidement mise à contribution.

« Il y a de la modernisation et de l’innovation à injecter dans la compagnie et on compte sur elle pour le faire », dit en entrevue le président du conseil d’administration de Reitmans, Daniel Rabinowicz.

Si l’annonce de la nomination d’Andrea Limbardi pour succéder à Stephen Reitman à la tête de l’exploitant des enseignes Penningtons, RW & CO. et Reitmans semble bien reçue, elle soulève néanmoins aussi des questions.

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Andrea Limbardi deviendra officiellement PDG de Reitmans en septembre.

Croisé jeudi à l’assemblée des actionnaires de Reitmans, l’investisseur et actionnaire Justin Pintwala estime que cela démontre une ouverture au changement. « Pour autant qu’elle ait l’autonomie nécessaire pour apporter des changements », dit-il.

L’actionnaire et gestionnaire de portefeuille Jesse Gamble, de la firme Donville Kent, voit aussi d’un bon œil l’embauche de la nouvelle PDG, mais dit avoir hâte de l’entendre afin de connaître sa stratégie. Elle n’était pas présente jeudi à l’assemblée des actionnaires.

Andrea Limbardi aura « beaucoup de marge de manœuvre », affirme Daniel Rabinowicz. « À court terme, il n’y a pas une grande urgence pour Andrea d’arriver et de réparer ce qui est brisé. Cela dit, à plus long terme, on veut retrouver une belle croissance et dénicher de nouvelles opportunités. Mais c’est sûr qu’il faut remettre en question certaines de nos façons de faire. »

Il parle d’un « nouveau contexte », voire d’une nouvelle ère dans le commerce de détail avec le numérique et l’utilisation de l’intelligence artificielle.

Ça prend du sang jeune et du sang neuf pour mener l’entreprise dans cette direction.

Daniel Rabinomicz, président du conseil d’administration de Reitmans

Pour Stephen Reitman, le plus important était de trouver une personne qui comprend bien comment s’y prendre pour atteindre les consommateurs.

Andrea Limbardi sera la première personne non membre de la famille Reitman à diriger l’entreprise qui célébrera son centenaire dans trois ans.

Son embauche est le résultat d’une réflexion qui s’est étirée sur 15 mois. « On souhaitait une personne ayant déjà une expérience de travail avec le fondateur ou la fondatrice d’une entreprise détenant le contrôle. Et c’est le cas avec Andrea Limbardi, qui dirige Indigo depuis une vingtaine d’années. Elle travaille de près avec Heather Reisman, la fondatrice et actionnaire de contrôle d’Indigo », explique Daniel Rabinowicz.

« C’est bien important, précise-t-il. Andrea espère développer une relation de travail intéressante avec Stephen Reitman afin qu’il puisse agir un peu comme un mentor pour elle le temps qu’elle apprenne les rouages et la culture de la compagnie. »

Stephen Reitman, qui deviendra président exécutif du conseil d’administration en septembre, affirme que le moment était venu de réfléchir à l’avenir et de faire une place à une personne pouvant aider à moderniser l’entreprise.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Stephen Reitman, lors de l’assemblée des actionnaires de l’entreprise jeudi

Une action jugée sous-évaluée

La direction de Reitmans se dit convaincue que l’action est sous-évaluée en Bourse. La valeur comptable de l’action est approximativement de 5 $, souligne le chef des finances, Richard Wait. Depuis un an, l’action de Reitmans est passée de 75 cents à son niveau actuel de 3 $ à la Bourse de croissance de Toronto.

Les dirigeants disent aussi examiner la possibilité de migrer à la Bourse de Toronto, ce qui pourrait potentiellement attirer l’intérêt d’investisseurs institutionnels et d’analystes.

Reitmans a présenté mercredi soir sa performance de début d’exercice. Les ventes ont augmenté de 7 %, à 165 millions, pour les mois de février, mars et avril.

La perte nette du trimestre s’est creusée à 3,8 millions, alors qu’elle s’élevait à 1,7 million il y a un an.

Il faut toutefois savoir que le premier trimestre est historiquement le moins rentable chez Reitmans puisqu’il suit l’importante période des Fêtes et se trouve entre deux saisons.

La direction attribue notamment l’accroissement de la perte à l’augmentation des salaires du personnel des magasins et du siège social, ainsi qu’à la hausse des loyers.

Reitmans est revenu sur l’écran radar des investisseurs dans les derniers mois après avoir fait appel à la Loi sur les arrangements avec les créanciers pour assainir son bilan et rationaliser ses opérations pendant la pandémie. Plusieurs magasins ont été fermés et des baux ont été renégociés.

Le gestionnaire de portefeuille Jesse Gamble souligne que Reitmans dispose de liquidités importantes, n’a aucune dette et évalue que l’entreprise possède des biens immobiliers d’une valeur approximative de 240 millions, alors que la capitalisation boursière de Reitmans est inférieure à 110 millions.

Reitmans est selon lui l’un des rares détaillants ayant une clientèle en croissance. Il estime que le marché cible des femmes mûres et de taille forte croît de 3,3 % par an.