(Pékin) « Un engagement sans faille » : le géant technologique américain Micron a annoncé vendredi un investissement en Chine de plus de 725 millions, malgré la rivalité Pékin-Washington dans ce secteur et les récents déboires du groupe dans le pays.

Micron a été visé en mars par une enquête des autorités chinoises pour des défaillances présumées de ses produits en matière de sécurité, dans un contexte de tensions entre la Chine et les États-Unis.

À l’issue de ses investigations, Pékin a interdit le mois dernier aux entreprises chinoises de se fournir auprès du groupe pour leurs infrastructures sensibles.

L’affaire a marqué une escalade dans la bataille entre Pékin et Washington dans le secteur stratégique des semi-conducteurs.

Et pourtant : Micron va investir plus de 4,3 milliards de yuans (environ 800 millions de dollars) sur son site de Xi’an.

L’investissement permettra d’acquérir des équipements et d’y créer une nouvelle usine, a précisé le quatrième fabricant mondial de semi-conducteurs sur son compte officiel WeChat.

« Ce projet d’investissement souligne l’engagement sans faille de Micron envers nos activités en Chine et les membres de notre équipe chinoise », a déclaré son PDG Sanjay Mehrotra, cité dans le communiqué.

« Sécurité nationale »

Les micropuces, qui font vivre l’économie mondiale moderne et font l’objet d’une âpre concurrence entre pays, se nichent dans les ampoules DEL, les machines à laver, les voitures ou les téléphones intelligents.  

La procédure lancée en mars contre Micron était la première à viser une entreprise étrangère depuis le durcissement par Pékin en 2021 des règles en matière de cybersécurité.

Elle est largement perçue comme une mesure de représailles, au moment où les États-Unis multiplient les coups contre Pékin dans le secteur technologique.

Ces dernières années, Washington a mis sur liste noire des entreprises chinoises pour les couper des chaînes d’approvisionnement en technologies américaines, dont les puces les plus avancées.

Au nom de la « sécurité nationale », Washington avait annoncé en octobre 2022 de nouveaux contrôles à l’exportation pour limiter l’achat et la fabrication par Pékin de puces haut de gamme « utilisées dans des applications militaires ».

La Chine avait alors déposé une procédure auprès de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

Ces mesures ont depuis été renforcées par des restrictions à l’exportation des semi-conducteurs.

La Chine, qui cherche à devenir autonome dans la conception de semi-conducteurs, estime que ces mesures visent à maintenir la suprématie des États-Unis dans ce domaine.

Pékin a déjà dépensé ces 10 dernières années des milliards de dollars pour sa propre industrie de semi-conducteurs, afin de ne plus dépendre des importations pour ses puces électroniques.