(San Francisco) Un juge américain a ordonné mardi à Microsoft de ne pas finaliser le rachat des studios Activision Blizzard (Call of Duty, Candy Crush) tant que la cour n’aura pas tranché sur le recours déposé contre l’opération par l’autorité américaine de la concurrence, la FTC.

La FTC a demandé lundi à un tribunal fédéral de San Francisco de suspendre temporairement l’acquisition annoncée il y a un an et demi, de peur que les deux groupes américains ne concluent la transaction malgré les inquiétudes de différents régulateurs.

La Commission européenne a approuvé le mois dernier ce rachat qui ferait du géant de l’informatique le troisième acteur mondial du secteur.

Mais leur homologue britannique a mis son veto au nom de la concurrence sur le marché du cloud gaming (jeux vidéo joués à distance, sans téléchargement).

« Microsoft et Activision ne doivent pas finaliser la transaction proposée […] avant que cinq jours ouvrés ne se soient écoulés après que la Cour ait rendu sa décision au sujet de la requête de la FTC », a ordonné le juge Edward Davila mardi, d’après une décision consultée par l’AFP.

La FTC avait déjà lancé une procédure administrative pour déterminer les risques liés à ce rachat, mais des articles de presse ont circulé « suggérant que (Microsoft et Activision) envisageaient sérieusement de finaliser l’acquisition » malgré cette procédure et l’interdiction de la CMA, l’autorité britannique, a noté l’agence américain dans un référé lundi.

Elle a donc demandé une audience pour décider d’une interdiction provisoire. Celle-ci doit avoir lieu les 22 et 23 juin à San Francisco.

« L’opération proposée permettrait à Microsoft de continuer à prendre le contrôle de jeux vidéo de grande valeur », a argumenté la FTC.  

« En contrôlant les contenus d’Activision, Microsoft pourrait, et aurait intérêt à retenir ces contenus, ou à en diminuer la qualité d’une façon qui affaiblirait la concurrence, y compris en termes de qualité, de prix et d’innovation ».

« Confiants »

Microsoft et Activision Blizzard assurent, eux, que cette fusion apporterait au contraire plus de choix sur le marché des jeux vidéo et bénéficierait aux joueurs, aux employés américains et aux actionnaires.

Les patrons des deux sociétés ont dit lundi accueillir de façon positive cette intervention de la FTC, qui va selon eux permettre d’accélérer la procédure.

« Nous préférons toujours des méthodes constructives, à l’amiable, avec les gouvernements, mais nous sommes confiants et avons hâte de présenter nos arguments », a ainsi réagi sur Twitter Brad Smith, le président de Microsoft, qui commercialise les consoles Xbox depuis plus de 20 ans et possède de nombreux studios.

Et selon Bobby Kotick, le directeur général d’Activision Blizzard, l’acquisition permettrait « à deux entreprises américaines de mieux faire concurrence aux rivaux internationaux qui dominent l’industrie dans le monde », d’après un communiqué.

L’éditeur détient plusieurs titres phénomènes, auxquels jouent des dizaines de millions de personnes, du jeu de tir Call of Duty aux lignes de bonbons à exploser sur le fameux Candy Crush, et à Overwatch qui a un championnat d’e-sport dédié, la Overwatch League.

Tencent et Sony règnent sur l’industrie en Asie et au-delà grâce notamment à Riot Games, l’éditeur du succès planétaire League of Legends, pour le géant chinois, les consoles PlayStation pour la firme japonaise.