(Montréal) Le contexte favorable dans le secteur de la défense et de l’aviation civile donne confiance à la direction de CAE d’atteindre ses cibles 2025. Des analystes auraient toutefois aimé avoir plus de détails de la part du spécialiste de la formation des pilotes quant aux étapes nécessaires pour arriver à destination.

Les analystes ont posé plusieurs questions sur la façon dont l’entreprise montréalaise compte atteindre ses cibles 2025, dans le cadre d’une conférence téléphonique, mercredi, visant à discuter des résultats du quatrième trimestre.

CAE veut augmenter son bénéfice par action à un rythme de 25 % sur trois ans (de l’exercice 2022 à 2025). La direction a réitéré cet objectif qui nécessiterait une amélioration de la rentabilité du secteur de la défense au cours des prochains trimestres.

Le secteur de la défense entame un cycle haussier avec l’augmentation des tensions géopolitiques, estime l’entreprise. Son président et chef de la direction, Marc Parent, a aussi souligné que le ratio commandes/ventes de la division est de 1,10, ce qui peut être interprété comme un indicateur de croissance future. « Il n’y a aucun doute que nous allons avoir une forte croissance dans le secteur de la défense dans la prochaine année », assure le dirigeant.

Il a aussi expliqué que le poids d’« un très petit nombre de contrats » moins rentables devrait s’amenuiser dans les 12 prochains mois. « Il y a des programmes, que nous avons signé il y a quelques années, qui ont des marges faibles. Ça va se dissiper dans les 12 prochains mois, mais je ne peux pas être plus précis sur le moment exact. »

Les réponses de M. Parent n’ont pas éclairci les questionnements d’un analyste qui a participé à la conférence téléphonique. « Je comprends pourquoi vous ne pouvez pas donner tous les détails, concède l’analyste. En même temps, cette résistance à nous donner des informations plus détaillées nous laisse tous confus, selon moi, sur ce qui se passe et sur le moment où les choses seront meilleures. »

CAE ne peut pas fournir tous les détails demandés par les analystes en raison des secrets entourant les contrats de la défense, a précisé M. Parent en entrevue après la conférence. « Quand on nous demande combien de capital nous allons déployer sur certains contrats dans la défense, oui ça fait partie des secrets commerciaux. On ne peut pas être transparent dans ce sens-là en ce moment. »

Le manque d’éclaircissement a pesé sur l’action de CAE. Le titre perdait 2,15 $, ou 7,19 %, à 27,76 $ à la fermeture de la séance de la Bourse de Toronto.

Plus tôt dans la journée, l’analyste Tim James, de Valeurs mobilières TD, voyait plutôt la confirmation des objectifs 2025 d’un œil favorable. « Ça devrait permettre aux investisseurs de se concentrer sur les forts courants favorables, conjoncturels et structurels. »

La dernière année a été difficile pour la division défense en raison des perturbations de la chaîne d’approvisionnement et la rareté de main-d’œuvre. Les marges du segment de la défense s’établissaient à 5,7 % au quatrième trimestre, contre 7,8 % à la même période l’an dernier.

L’été dernier, CAE avait inscrit une charge de 28,9 millions liée à deux programmes militaires distincts aux États-Unis. Les résultats trimestriels ont démontré que ces vents défavorables se sont estompés depuis et cette amélioration se poursuit, affirme CAE.

Résultats supérieurs aux attentes

Malgré le questionnement sur les prévisions, CAE a dévoilé des résultats légèrement supérieurs aux attentes au quatrième trimestre de son exercice 2023 clos le 31 mars.

La société a dévoilé un bénéfice net de 98,4 millions au quatrième trimestre, en hausse de 79 % par rapport aux 55,1 millions enregistrés durant la même période l’an dernier. Le bénéfice ajusté dilué par action est de 35 cents. Les revenus, pour leur part, augmentent de 32 % à 1,26 milliard.

Avant la publication des résultats, les analystes anticipaient un bénéfice par action de 34 cents et des revenus de 1,2 milliard, selon la firme de données Refinitiv.

L’analyste James McGarragle, de RBC Marchés des capitaux, voit les résultats d’un œil favorable et se dit « impressionné » par la vigueur de la division civile. « Le secteur de la défense affiche une forte croissance des revenus et du carnet de commandes, mais notre attention demeure sur la capacité de la direction d’améliorer ses marges. »