(Toronto) Une combinaison de pressions, notamment le ralentissement de la croissance économique et la hausse des coûts, a pesé sur les banques canadiennes dans leurs résultats trimestriels du deuxième trimestre, qu’elles ont commencé à publier mercredi.

La Banque de Montréal et la Banque Scotia ont toutes deux fait état de dépenses plus élevées, de plus importantes sommes d’argent mises de côté pour les créances irrécouvrables et de marges d’intérêt plus minces, ce qui a conduit les deux institutions à engranger des profits moindres que ceux de l’an dernier et à décevoir les analystes, qui avaient des attentes plus élevées.

Le chef de la direction de la Banque de Montréal, Darryl White, a évoqué un « environnement changeant » qui a exercé une pression sur la croissance des revenus.

« L’impact de l’inflation persistante, de la hausse des taux, du ralentissement de l’économie mondiale et de la concurrence croissante des dépôts sur le secteur s’est accéléré. Nous ne sommes pas à l’abri de ces forces du marché », a-t-il affirmé lors d’une conférence téléphonique avec des analystes.

Ses commentaires sont intervenus alors que la banque affichait un bénéfice de 1,06 milliard pour le trimestre terminé le 30 avril, en baisse de 78 % par rapport à celui de 4,76 milliards du même trimestre un an plus tôt, en partie en raison d’ajustements liés à son accord d’acquisition de Bank of the West.

Les revenus ont totalisé 8,44 milliards, contre 9,32 milliards l’an dernier.

Le chef de la direction de la Banque Scotia, Scott Thomson, a pour sa part souligné que le trimestre avait été marqué par « des conditions de marché difficiles », la banque ayant dévoilé un bénéfice net en baisse de 21 % par rapport à l’année précédente, à 2,16 milliards. Les revenus de la Banque Scotia ont totalisé 7,93 milliards, en baisse par rapport à ceux de 7,94 milliards du même trimestre l’an dernier.

Tourmente aux États-Unis

Ces résultats sont dévoilés après un trimestre marqué par des turbulences dans le système bancaire américain, plusieurs grandes banques, à commencer par la Silicon Valley Bank, étant devenues suffisamment instables pour que les régulateurs imposent leur vente.

La crise bancaire a été créée en partie par la hausse rapide des taux d’intérêt, qui a également exercé une pression sur les ménages titulaires d’hypothèques et sur les marges bénéficiaires sur les intérêts bancaires, les consommateurs recherchant de meilleurs taux sur leurs dépôts.

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Le chef de la direction de la Banque Scotia, Scott Thomson, a souligné que le trimestre avait été marqué par « des conditions de marché difficiles ».

« La récente tourmente du marché aux États-Unis a ajouté un élément d’incertitude financière », a fait valoir le chef de la gestion des risques de la Banque Scotia, Phil Thomas, lors d’une conférence téléphonique avec des investisseurs.

La banque a noté que son portefeuille de prêts hypothécaires canadiens demeurait solide malgré des taux plus élevés, alors que les clients réduisent leurs autres dépenses.

« Nos clients traversent cette période de taux d’intérêt élevés en faisant des compromis. Par exemple, les dépenses discrétionnaires telles que les dépenses de détail et les dépenses de divertissement sont en baisse de 10 % d’une année à l’autre pour nos clients [dont l’hypothèque est] à taux variable. »

Il a précisé que les taux de délinquance sur les prêts montraient une modeste tendance à la hausse et que la banque s’attendait à ce que les provisions pour créances douteuses restent élevées pour l’exercice, mais qu’il restait à l’aise avec la position de la banque pour les cycles économiques à venir.

La Banque de Montréal, qui a conclu son accord de 16,3 milliards avec Bank of the West au cours du trimestre, a affirmé que la faillite de certaines banques américaines avait ajouté de la volatilité au marché au cours du trimestre.

« En ce qui concerne l’avenir, nous sommes prudents quant à l’environnement économique », a observé Piyush Agrawal, directeur de la gestion des risques à la Banque de Montréal.

La provision pour pertes sur créances de la banque s’est élevée à 1,02 milliard, après n’avoir été que de 50 millions au deuxième trimestre de l’an dernier.

Du côté de la Scotia, les provisions pour pertes sur créances ont totalisé 709 millions, par rapport à celles de 219 millions d’il y a un an.

L’inflation a également pesé sur les résultats, la Banque de Montréal ayant fait état de dépenses en hausse de 50 % au cours du trimestre par rapport à l’an dernier, les coûts associés à l’acquisition de Bank of the West constituant l’essentiel de la hausse. Les dépenses de la Scotia ont augmenté de 10 % au cours du trimestre par rapport au deuxième trimestre précédent.

Le bénéfice ajusté par action de la Banque de Montréal s’est établi à 2,93 $, en baisse par rapport à celui de 3,23 $ de l’an dernier. Il était en outre inférieur aux attentes des analystes de 3,19 $ par action, selon les estimations recueillies par la société de données sur les marchés financiers Refinitiv.

La Banque Scotia a affiché un profit ajusté de 1,70 $ par action pour le plus récent trimestre, comparativement à celui de 2,18 $ du même trimestre l’an dernier. Les analystes attendaient en moyenne un profit de 1,78 $ par action, selon les prévisions de Refinitiv.