(Montréal) L’annonce de la fermeture prochaine de l’usine d’abattage de Vallée-Jonction par la direction d’Olymel, vendredi matin, a créé une onde de choc aussi bien du côté des syndicats que de la classe politique.

La Confédération des syndicats nationaux (CSN) a vivement réagi par un communiqué. « L’entêtement entre Olymel et les producteurs de porcs du Québec cause la fermeture définitive de la plus grande usine d’abattage et de découpe de porc au Québec, située à Vallée-Jonction, entraînant la perte de plus de 1000 emplois », a-t-on dénoncé.

Le président du Syndicat des travailleurs d’Olymel Vallée-Jonction – CSN, Martin Maurice, a affirmé que la « haute direction d’Olymel nous aura méprisés jusqu’à la fin » en demandant aux travailleurs de demeurer en poste jusqu’à la fermeture définitive de l’usine.

La présidente de la CSN, Caroline Senneville, a pour sa part souligné que les familles et la communauté beauceronne « paieront le prix de ce gâchis ». Elle l’attribue directement à l’échec des négociations entre les éleveurs de porcs du Québec et Olymel pourtant soutenues par le conciliateur nommé par le gouvernement, Raymond Bachand, ancien ministre des Finances du Québec. « Après avoir investi 150 millions d’argent public dans Olymel en mai 2021, le gouvernement de François Legault abandonne toute une région à la merci d’une entreprise qui multiplie les mauvaises décisions d’affaires », a-t-elle poursuivi.

De son côté, l’Union des producteurs agricoles (UPA) estime que la fermeture de l’usine est une « décision à l’opposé des efforts, des investissements et des sacrifices des éleveurs ». Le syndicat du secteur agricole réclame du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) que soit réalisé un diagnostic neutre et indépendant sur la situation qui prévaut dans la filière porcine.

« Les éleveurs de porcs de la province sont parmi les plus performants sur la planète et ont fait preuve d’une résilience exemplaire dans des circonstances exceptionnellement difficiles ces dernières années. Ils ont aussi répondu fièrement aux appels répétés à l’adoption de pratiques toujours plus durables et à la conquête des marchés mondiaux. L’annonce d’aujourd’hui est à l’opposé des efforts, des investissements et des sacrifices des éleveurs. Ces derniers méritent mieux, point à la ligne », a déclaré le président général de l’UPA, Martin Caron, qualifiant la fermeture de « triste nouvelle ».

Sur sa page Facebook, la Chambre de commerce et d’industrie de la Nouvelle-Beauce a partagé son « immense déception » d’apprendre la fermeture de l’usine locale et s’est mise à la disposition des entreprises touchées par cette décision.

« La fermeture d’Olymel à Vallée-Jonction est une grande perte pour notre région. Les retombées économiques de cette annonce sont majeures sur notre territoire. De nombreuses personnes perdent aujourd’hui leur emploi et toutes les entreprises qui gravitent autour d’Olymel seront impactées négativement. […] C’est un coup dur pour la région et l’entraide et le soutien est primordial dans ces situations », a fait savoir Chantal Gravel, présidente de la CCINB.

La classe politique réagit

« Mes pensées sont avec tous les employés de l’usine Olymel de Vallée-Jonction. On va être là pour soutenir les travailleurs à se retrouver un emploi ou bien se requalifier », a gazouillé le premier ministre François Legault.

Le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, André Lamontagne, a lui aussi publié un mot d’empathie sur Twitter. « Aujourd’hui, nous sommes avec les travailleurs d’Olymel. La filière porcine fait face à un contexte difficile ; l’annonce s’inscrit dans une restructuration complexe. Prochainement, des nouvelles viendront assurer la pérennité du secteur. Beaucoup de rencontres ont eu lieu pour coordonner la suite », a-t-il fait savoir.

Sa collègue à l’Emploi, Kateri Champagne Jourdain, s’est dite « de tout cœur avec les travailleurs d’Olymel. » La ministre indique avoir demandé « la mise sur pied rapide d’un Comité d’aide au reclassement » et a dit être en contact avec le député de Beauce-Nord, Luc Provençal dans la recherche de solutions pour soutenir les travailleurs.

Pour sa part, le député libéral de Pontiac, André Fortin, également porte-parole de l’opposition officielle en matière d’agriculture, de pêcheries et d’alimentation, en rajouté sur cette nouvelle « épouvantable ».

« Alors que l’industrie est en crise, que l’on ferme des usines, que des producteurs cessent leurs activités et que d’autres abandonnent leurs projets, le ministre Lamontagne refuse d’intervenir. Nos producteurs de porc sont carrément abandonnés par le gouvernement de la CAQ. La fermeture de cette usine d’Olymel va représenter des milliers de dollars en frais de transport supplémentaires pour les producteurs de la région qui devront maintenant diriger leurs animaux vers des abattoirs plus éloignés. Qu’est-ce que le ministre va leur dire, à ces gens-là ? » a-t-il déclaré.

Du côté de Québec solidaire, le député de Taschereau Étienne Grandmont s’est dit attristé par la nouvelle. « Mes pensées et ma solidarité vont aux centaines de travailleurs et de travailleuses qui perdent leur emploi aujourd’hui, deux ans après un investissement de 150 m $ d’argent public dans Olymel. Avant toute chose, Québec solidaire demande au gouvernement Legault de mettre en place un programme de requalification pour les travailleurs et les travailleuses mis à pied afin de leur permettre de retrouver un emploi le plus rapidement possible. Ils et elles méritent des opportunités structurantes dans des filières d’avenir, qui contribueront au dynamisme durable de la région », a-t-il plaidé dans une déclaration écrite.

Le député péquiste de Matane-Matapédia Pascal Bérubé s’est dit « de tout cœur avec les travailleurs et travailleuses de cette usine. Perdre son emploi est toujours un évènement triste et déstabilisant. Le [gouvernement du Québec] a annoncé son soutien à la communauté et je souhaite un bel avenir dans cette région aux familles touchées », a-t-il gazouillé.

Sur Twitter, une ex-conseillère exécutive au bureau du sous-ministre au MAPAQ et ex-candidate libérale dans La Peltrie en 2014, France Gagnon, s’en est plutôt prise à la CSN, qui aurait mené les travailleurs « dans une grève jusqu’au boutisme ! Et les travailleurs ont accepté ça. Voici la facture : fermeture de l’usine ! »

« L’abattoir a grand besoin d’être rénové et mis à jour. Pourquoi Olymel investirait-il dans l’entreprise qui lui a causé le plus de troubles au cours des dernières années avec une grève jusqu’au boutisme ! Bonne chance aux employés pour trouver des emplois aussi payants. Bravo CSN », a-t-elle également ironisé, ajoutant que les travailleurs de l’usine « ne sont pas très recherchés par les autres entrepreneurs beaucerons, justement à cause de leur côté revendicateur ! »

Cette dépêche a été rédigée avec l’aide financière de la Bourse de Meta et de La Presse Canadienne pour les nouvelles.