Lentement mais sûrement, la situation financière s’améliore chez Transat A.T., qui devrait cesser de puiser dans ses réserves, notamment grâce à une demande soutenue qui pousse le prix des billets à la hausse. Le voyagiste pourrait même cesser d’évoquer les mises en garde à l’égard de son avenir. Entre-temps, l’entreprise doit déterminer comment elle allégera sa lourde dette, qui préoccupe les analystes financiers. Tour d’horizon des sujets abordés dans le cadre de l’assemblée annuelle des actionnaires, jeudi.

Plus d’argent

En plus de dépasser les attentes des analystes au premier trimestre, la société mère d’Air Transat avait une bonne nouvelle pour les investisseurs : elle s’attend à dégager des liquidités dès cette année plutôt qu’en 2024. Cet indicateur s’est établi à 145 millions au terme de la période de trois mois ayant pris fin le 31 janvier. Un élément vient cependant fausser les données. Transat A.T. a pu obtenir entre « 70 et 75 millions » auprès de fournisseurs de services de traitement de cartes de crédit, qui transfèrent plus rapidement les fonds lorsque des clients effectuent une transaction. L’amélioration de la performance joue également un rôle et permet d’envisager un « retour à la rentabilité », estime la présidente et cheffe de la direction de Transat A.T., Annick Guérard. « Il y a un travail immense qui a été fait, a-t-elle dit, en marge de l’assemblée annuelle. Le travail est loin d’être terminé, mais on sait que l’on va dans la bonne direction. » Mme Guérard ne s’est toutefois pas avancée sur le moment où un profit trimestriel pourrait être dégagé.

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Annick Guérard, présidente et cheffe de la direction de Transat A.T.

De la stabilité

Les restrictions pandémiques ont contraint le voyagiste à clouer ses avions au sol pendant la crise sanitaire. Sa situation financière s’est grandement détériorée. Depuis, des expressions comme « incertitude relative à la continuité d’exploitation » et « doute important sur la capacité » de l’entreprise à « poursuivre son exploitation » sont apparues dans les rapports financiers trimestriels. Elles y figurent toujours, mais cela pourrait bientôt changer, a laissé entendre le chef de la direction financière, Patrick Bui. « C’est certain que nous allons nous pencher sur ces notes pour voir quand nous pourrions les enlever, a-t-il dit. Si nos scénarios financiers se confirment, je pense qu’il y aurait des arguments pour retirer ce genre de notes dans le rapport. »

Près de la reprise

Signe que les consommateurs ont toujours envie de voyager, Transat A.T. s’attend à offrir, en 2023, une capacité équivalente à 90 % de celle d’avant la pandémie. Pour l’instant, les craintes de récession n’ont pas d’incidence sur les réservations. Les tendances de l’hiver « semblent vouloir se poursuivre pour l’été » et au-delà de la saison estivale. « Nous n’observons pas de changement de tendance pour l’automne, affirme Mme Guérard. On observe aussi des comportements qui s’apparentent à ceux d’avant la pandémie. On réserve davantage à l’avance, ce qui est bon pour nous. » La forte demande a fait grimper le prix des billets d’environ « 25 % » au premier trimestre, a révélé la dirigeante de Transat A.T. Le voyagiste s’attend à afficher une hausse de 25 % de ses revenus par passager-mille – un indicateur de l’industrie aérienne – en 2023 en raison de l’augmentation du prix des billets et autres services.

À surveiller

Il y a néanmoins des « vents de face », concède la dirigeante de Transat A.T. L’incertitude économique pourrait éventuellement avoir une incidence sur les dépenses discrétionnaires des voyageurs. Le voyagiste a également vu le prix du carburant – qui représente environ 20 % de ses dépenses d’exploitation – bondir d’environ 46 % au premier trimestre. L’entreprise subit aussi les contrecoups des carences de production chez Airbus. Elle attend toujours trois appareils monocouloirs A321LR qui devraient être livrés vers la fin de l’été. Un autre de ses appareils est hors service parce qu’il a été endommagé à l’aéroport de Vancouver. Transat A.T. n’a pas indiqué si elle avait été dédommagée par Airbus pour les retards de livraison, mais entre-temps, la société a décidé de se tourner vers des entreprises de location, ce qui s’accompagne d’une facture. « Nous avons reçu un premier appareil à la mi-décembre, a expliqué Mme Guérard. Nous avons opté pour des avions de location pour nous assurer qu’il n’y ait pas de changements dans notre programme aérien. »

Une lourde dette

À la fin du premier trimestre, la dette nette de Transat A.T. atteignait 1,4 milliard. Le voyagiste pourrait commencer à rembourser cette somme s’il dégage des liquidités tout au long de l’année. Il devra également rembourser ou refinancer trois tranches de dettes totalisant environ 200 millions qui viennent à échéance l’an prochain. « Les charges financières nettes sont d’environ 100 millions par année et les taux d’intérêt sur une portion importante de la dette devraient augmenter significativement », prévient Cameron Doerksen, de la Financière Banque Nationale. Tôt ou tard, une opération de refinancement sera nécessaire, explique l’analyste, ce qui risque de se traduire par une émission d’actions qui diluera les actionnaires existants. Jeudi, à la Bourse de Toronto, le titre de Transat A.T. a abandonné 2 cents, ou - 0,6 %, pour clôturer à 3,36 $.

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  • 2024
    Année où les activités de Transat A.T. devraient avoir renoué avec les volumes d’avant la pandémie
    Source : Transat A.T.