(Montréal) Quelque 13 500 élèves et étudiants de niveau postsecondaire bénéficieront de stages rémunérés en innovation dans des entreprises québécoises au cours des cinq prochaines années.

Québec a annoncé lundi l’attribution de près de 65 millions au Mitacs, un organisme dont le rôle est d’agir comme entremetteur entre les établissements d’enseignement supérieur et les entreprises, particulièrement les PME.

L’annonce en a été faite par le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, alors qu’il se trouvait au Centech de Montréal, un incubateur destiné aux entreprises technologiques.

Soutenir la recherche appliquée

Le ministre Fitzgibbon a expliqué à l’issue de l’annonce que ces stages viennent soutenir un aspect sous-développé de la recherche au Québec qu’il souhaite vivement voir grandir, soit celui de la recherche appliquée.

« Nous sommes très bien au Québec en matière de recherche fondamentale quand on se compare à d’autres pays de l’OCDE. Quand on regarde par contre les start-up, nous sommes déficients, clairement déficients. »

« D’avoir des jeunes qui sortent avec un doctorat, une maîtrise universitaire, qui vont en entreprise faire des recherches appliquées, c’est ça, le nœud gordien. C’est ça qui va débloquer la performance de nos start-up », a-t-il insisté.

Aveugle et chercheuse

Une de ces stagiaires, Nathalie Gingras-Royer, a illustré cette réalité on ne peut plus concrètement lorsqu’elle est montée à son tour au podium. La jeune femme venait de terminer sa maîtrise en science de la vision, à l’École d’optométrie de l’Université de Montréal, formation qui comprenait un stage dans une entreprise de services infonuagiques. Le stage s’insérait dans le développement de technologies destinées aux personnes ayant une déficience visuelle.

« J’ai une certaine expérience dans le domaine, puisque depuis huit ans maintenant, je suis fonctionnellement aveugle », a raconté la jeune femme.

« Les technologies ont une place vraiment importante auprès de la population vivant avec une déficience visuelle, puisqu’elles favorisent vraiment l’autonomie et la participation sociale », a-t-elle expliqué.

Elle a notamment donné l’exemple des fonctions d’accessibilité que l’on peut désormais obtenir sur les téléphones intelligents. « Ça fait vraiment la différence et les applications mobiles qui existent dans ces appareils sont largement utilisées. En plus, ce sont des technologies qui sont non stigmatisantes. »

Soulignant que « plusieurs obstacles demeurent » pour les personnes aux prises avec une déficience visuelle, Nathalie Gingras-Royer a insisté sur l’importance de l’innovation et de la recherche pour continuer d’améliorer la situation.

Une volonté d’aller en région

Le principe des stages Mitacs est de fournir de jeunes chercheurs aux entreprises, particulièrement les PME, qui ne déboursent que la moitié du salaire. Québec et Ottawa se partagent l’autre moitié des salaires en parts presque égales.

Pierre Fitzgibbon reconnaît que la région de Montréal « reçoit la majorité » de ces stages. Mais il a bon espoir de voir ces stages s’étendre ailleurs avec les zones d’innovation créées dans les régions, notamment pour la filière batterie à Trois-Rivières, Shawinigan et Bécancour, pour l’aluminium avec une zone d’innovation à venir dans le Saguenay, ou à Bromont, où on a créé une zone d’innovation microélectronique. « Les zones d’innovation vont promouvoir ces stages, donc l’idée, c’est d’avoir une répartition équitable à travers le Québec. »