La multinationale française de la mobilité Transdev vient de remporter un deuxième contrat d’importance en Ontario où elle va être responsable de l’opération et de la maintenance du prochain métro autonome de Toronto pour une durée de 30 ans. L’entreprise souhaite par ailleurs développer l’offre de transport à la demande au Québec parce qu’il faut diversifier la mobilité, estime Arthur Nicolet, PDG de la division canadienne du groupe.

C’est dans les bureaux du siège social de Transdev Canada, situés dans le quartier DIX30 à Brossard, que je rencontre Arthur Nicolet, en poste comme PDG depuis cinq ans au Québec.

« On a déménagé notre siège social de Saint-Jean-sur-Richelieu au DIX30, il y a trois ans, parce qu’on voulait profiter de l’accessibilité au REM pour pouvoir attirer autant des gens en région que de la ville. Le REM est un très beau projet structurant », convient le spécialiste de la mobilité.

Transdev est présente dans 17 pays et transporte quotidiennement 11 millions d’usagers grâce aux différentes plateformes roulantes qu’elle exploite : bus, trains, tramways, navettes, métros… Le groupe, dont le principal actionnaire est la Caisse de dépôt… de France, réalise des revenus annuels de 7,5 milliards d’euros (10,5 milliards CAN).

« On est au Québec depuis plus de 20 ans. On est propriétaires des autobus Limocar qui assurent la liaison Sherbrooke-Montréal. On est aussi présent dans le transport municipal et régional en assurant notamment la desserte de la ville de Saint-Jean-sur-Richelieu et sur plusieurs lignes entre Montréal et la Rive-Sud comme partenaire d’exo.

« On est également dans le transport scolaire en Estrie. Au total, on compte sur 1200 collaborateurs au Québec et sur un parc de 400 véhicules, dont 200 autobus scolaires. »

On a déjà fait l’acquisition de 60 autobus scolaires électriques Lion dont les premières commandes ont été passées en 2017. On a été le premier transporteur à le faire.

Arthur Nicolet, PDG de Transdev Canada

Une percée ontarienne

En 2019, Transdev Canada a fait une percée significative en Ontario en réalisant l’acquisition du groupe Voyago, actif dans le transport scolaire et médical, et en étant retenu comme l’opérateur-mainteneur du projet de tramway Hurontario, à Mississauga, un système de train léger sur rail de 18 kilomètres qui doit commencer ses activités en 2025.

Transdev Canada vient tout juste de remporter un autre appel d’offres important en obtenant le contrat d’exploitation et d’entretien de la nouvelle Ligne Ontario, une espèce de REM torontois, mais à partir d’un métro autonome qui va parcourir 16 kilomètres pour rallier le centre-ville de Toronto.

« On participe à la conception du projet, et la mise en service est prévue pour 2030-2031. C’est un gros contrat de 9 milliards où on est partenaires avec Plenary Group, dont la Caisse de dépôt et placement est un actionnaire, et Hitachi. La durée du contrat est elle aussi de 30 ans », explique Arthur Nicolet.

L’acquisition de Voyago, une entreprise familiale, s’est par ailleurs bien déroulée puisque son chiffre d’affaires est passé de 60 à 100 millions depuis 2019.

Grâce à cette transaction, Transdev Canada est devenu le leader du transport médical en Ontario, une expertise que le PDG souhaite aussi développer au Québec.

Le transport médical permet de fluidifier le réseau de la santé. On prend un patient à la maison, on l’amène réaliser son examen ou recevoir un traitement à l’hôpital, et on le reconduit chez lui. Cela évite d’encombrer le système.

Arthur Nicolet, PDG de Transdev Canada

En Ontario, Transdev réalise près de 50 % de ses revenus avec le transport médical et l’autre part de 50 % avec ceux du transport scolaire.

Le transport à la demande

Transdev réalise aussi du transport à la demande, un mode de déplacement de plus en plus utilisé en région, mais qui se rapproche aussi des grands centres, en utilisant des voitures, des minibus ou des véhicules plus grands encore pour déplacer plusieurs usagers en même temps.

« On a plusieurs réseaux de transport à la demande en Ontario, et au Québec on a commencé à en faire pour relier la Rive-Sud à Montréal, mais on pourrait en développer d’autres », explique le PDG.

La pandémie a passablement bouleversé le contexte dans lequel évoluent les transporteurs qui n’ont pas retrouvé les niveaux d’achalandage d’avant la crise sanitaire, fonctionnant toujours à 70 % de la capacité enregistrée en 2019.

« On a moins de monde durant les heures de pointe, mais plus durant les heures creuses, ça s’est lissé », observe Arthur Nicolet.

C’est pourquoi le transport à la demande peut devenir une option qu’il faudrait davantage exploiter. À quoi sert d’avoir un autobus toutes les 10 minutes sur une ligne s’il circule vide ?

« Il faut mieux répondre aux besoins changeants de la clientèle, ne plus seulement penser en fonction d’une ligne qui va du point A au point B, mais étudier un ensemble de solutions de mobilité, donner le choix entre plusieurs propositions », analyse le PDG de Transdev Canada.

L’entreprise souhaite également faire prendre de l’expansion à ses activités de transport scolaire au Québec par voie d’acquisition alors qu’on dénombre plus d’une centaine d’entreprises actives dans ce secteur.

« Avec la transition énergétique, il y a des entreprises qui ne souhaiteront pas faire les investissements nécessaires pour transformer leur flotte alors que nous, on peut le faire. Tout comme il y a beaucoup d’entrepreneurs qui vont partir à la retraite. C’est de ce côté-là qu’on regarde », expose Arthur Nicolet.