(Ottawa) Les familles de Rogers Communications et de Shaw Communications seraient les grandes gagnantes si la proposition de fusion de 26 milliards entre les deux entreprises devait voir le jour, et les Canadiens à faible revenu seraient encore plus laissés pour compte, a fait valoir vendredi un professeur d’économie.

S’exprimant devant le Tribunal de la concurrence, Lars Osberg, de l’Université Dalhousie a affirmé que les Canadiens à faible revenu, qui doivent déjà composer avec les pressions inflationnistes, seraient les plus touchés si les prix des télécommunications augmentaient dans la foulée de la fusion.

M. Osberg a souligné que l’accès aux téléphones cellulaires et à la connectivité était tout aussi essentiel que la nourriture à l’ère numérique d’aujourd’hui.

Rogers a repoussé les affirmations de M. Osberg, évoquant la décision du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) d’approuver l’accord et notant que le régulateur avait examiné l’impact de la fusion sur les intérêts des consommateurs, y compris les ménages à faible revenu, les personnes âgées et les personnes handicapées, avant de prendre sa décision.

Rogers a également fait référence à l’examen des services sans fil réalisé en 2021 par le CRTC, dans lequel on souligne l’attente que les entreprises de télécommunications offrent un forfait à faible coût, ce que Rogers a déclaré offrir par l’entremise de sa marque Fido.

En outre, Rogers a souligné l’intention de l’entreprise d’étendre son programme filaire « Branché sur le succès » dans l’Ouest canadien si l’entente était approuvée. Le programme offre des services internet haute vitesse et groupés à prix réduit aux Canadiens à faible revenu.

Rogers a dit avoir l’intention d’introduire également un programme sans fil « Branché sur le succès » à l’échelle nationale si l’accord était approuvé.

Le vice-président aux finances de Vidéotron, Jean-François Lescadres, a également été contre-interrogé devant le tribunal vendredi.

Lors de ce contre-interrogatoire, l’avocat du Bureau de la concurrence a fait référence au spectre de 3500 MHz acquis par Vidéotron en 2021, au sujet duquel M. Lescadres a déclaré qu’il envisageait d’utiliser pour croître à travers le Canada avant même l’annonce de la fusion entre Rogers et Shaw.

La poursuite sur le partage de réseau entre Vidéotron et Rogers a également été évoquée lors du contre-interrogatoire. M. Lescadres a affirmé que Vidéotron avait bon espoir que la poursuite se règle.

Vidéotron, propriété de Québecor, a accepté plus tôt cette année d’acheter Freedom Mobile à Shaw dans le cadre d’une transaction de 2,85 milliards.

La proposition de vente de Freedom à Vidéotron fait partie de la stratégie de Rogers pour faire franchir la ligne d’arrivée à son accord de fusion avec Shaw.

L’audience devant le Tribunal de la concurrence devrait se poursuivre jusqu’à la mi-décembre et vise à dénouer l’impasse entre le commissaire de la concurrence, qui veut bloquer l’entente, et Rogers et Shaw.

Le Bureau de la concurrence est l’un des trois organismes de réglementation qui doivent approuver l’entente, en plus du CRTC et d’Innovation, Sciences et Développement économique Canada.

Rogers souhaite conclure l’accord avec Shaw d’ici la fin de l’année, mais serait prête à prolonger son offre une nouvelle fois jusqu’au 31 janvier 2023.