(Montréal) Au moment où elle réfléchit à se lancer dans le marché du sans-fil au Canada, Cogeco Communications doit porter son attention sur une récente acquisition aux États-Unis, dont les résultats préoccupent les analystes financiers.

Le câblodistributeur a expliqué avoir perdu des clients en Ohio où l’entreprise a conclu l’acquisition de WideOpen West l’an dernier. Elle attribue ces désabonnements à la transition vers sa propre marque et plateforme de facturation. « Ça a été plus difficile que prévu, ce qui, malheureusement, a entraîné plus de désabonnements qu’anticipé », a expliqué le président et chef de la direction, Philippe Jetté, lors d’une conférence avec les analystes financiers.

Après la publication des résultats, des analystes ont exprimé des inquiétudes quant à la division américaine de l’entreprise. « Les données sur les abonnés sont inférieures aux prévisions, réagit Jérôme Dubreuil, analyste de Desjardins Marché des capitaux. Ça soulève des questions sérieuses sur l’intensification de la concurrence aux États-Unis et l’effet de cette tendance sur les activités de Cogeco. »

Maher Yagi, de Banque Scotia, note que la concurrence s’intensifie aux États-Unis, mais que les autres câblodistributeurs affichent une stagnation ou une modeste croissance du nombre de leurs abonnés. « Il va falloir que Cogeco améliore rapidement son nombre d’abonnés aux États-Unis, car il va être difficile de croître seulement en augmentant les revenus par abonné puisque nous sommes dans un environnement plus concurrentiel et où les pressions économiques sont plus fortes. »

L’inflation a un impact sur les clients de Cogeco, a expliqué le chef des finances, Patrice Ouimet. « C’est plus difficile pour les consommateurs. Quand on regarde, les prix de l’épicerie, de l’essence et maintenant les taux d’intérêt, ont un impact sur le budget des consommateurs. Nous avons vu plus de gens qui laissent tomber le câble au cours du trimestre. »

En Ohio, Cogeco prévoit lancer « progressivement » le service de la télévision IP d’ici la fin décembre et espère que le service permettra d’augmenter le revenu moyen par abonné.

Des questions sur le sans-fil

Quelques jours après une décision importante du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) pour l’avenir de son projet d’expansion dans le sans-fil, la direction de Cogeco Communications évalue toujours ses options.

Le CRTC a apporté des précisions aux conditions réglementaires qui permettront aux opérateurs régionaux de louer un accès aux réseaux des grandes sociétés de télécommunications canadiennes, à condition d’avoir eux-mêmes un spectre de fréquences locales. Le but est de favoriser une plus grande concurrence dans l’industrie canadienne du sans-fil.

Une précision du CRTC a surpris la direction de l’entreprise et les analystes. Pour accéder au réseau d’un grand fournisseur, une entreprise doit exploiter un service mobile sans fil quelque part au Canada. Cogeco Communications n’offre pas ce service, contrairement à la filiale Vidéotron de Québecor, qui pourrait utiliser la décision du CRTC comme tremplin pour étendre ses activités à l’extérieur du Québec.

« C’est dommage que le CRTC ait ajouté un autre critère d’éligibilité, déplore M. Jetté. Nous allons comprendre ce qu’ils veulent dire par avoir des opérations quelque part au Canada. C’est une définition floue. J’espère que nous aurons plus de détails sur ce qu’ils entendent par là. »

Le dirigeant a réitéré qu’une incursion dans le sans-fil se ferait à condition qu’une telle entreprise soit peu coûteuse en capital. La direction veut des précisions de la part du CRTC, mais aussi plus de détails sur les tarifs négociés avec les grands fournisseurs pour accéder à leur réseau. « Nous avons besoin de comprendre tous les paramètres avant de pouvoir nous lancer. »

Les résultats

Les difficultés en Ohio masquent des résultats globalement supérieurs aux attentes pour Cogeco, qui affiche un bénéfice net de 111,8 millions, en hausse de 8,1 %, au quatrième trimestre de son exercice terminé le 31 août.

La société montréalaise a dévoilé un bénéfice dilué par action de 2,28 $. Avant la publication des résultats, les analystes anticipaient un bénéfice de 2,03 $, selon les données de la firme Refinitv.

Les revenus, pour leur part, ont augmenté de 14,7 % à 725,4 millions. En excluant le taux de change, l’augmentation aurait été de 12,7 %.

L’action gagnait 3,05 $, ou 4,50 %, à 70,80 $ à la fin de la séance de la Bourse de Toronto.