(Calgary) La Pétrolière Impériale a annoncé vendredi qu’elle augmentait son dividende trimestriel de près de 30 % et prévoyait également de racheter jusqu’à 1,5 milliard d’actions — une nouvelle preuve que les actionnaires des actions pétrolières et gazières canadiennes récoltent les bénéfices de la crise énergétique mondiale de 2022.

La société de Calgary a affiché un bénéfice du troisième trimestre plus de deux fois plus important que celui de la même période l’an dernier, qui atteignait 2,03 milliards, soit 3,24 $ par action, par rapport à celui de 908 millions, ou 1,29 $ par action, de la même période l’an dernier.

Les revenus ont totalisé 15,22 milliards, alors qu’ils s’étaient élevés à 10,23 milliards au troisième trimestre de 2021.

La publication de ces solides résultats survient alors même que les prix du pétrole brut et les marges de raffinage se sont quelque peu amoindris depuis le premier semestre de l’année, lorsque l’invasion de l’Ukraine par la Russie et les sanctions ultérieures imposées aux entreprises russes et à d’autres activités en Russie ont poussé les produits énergétiques à des sommets jamais vus depuis de nombreuses années.

Mais même si le prix du brut a quelque peu baissé depuis son sommet du début de l’été, l’incertitude économique et géopolitique mondiale continue de peser sur les niveaux d’approvisionnement et ne semble pas près de s’estomper de sitôt. Cela devrait se traduire par la poursuite de bénéfices sains pour le secteur de l’énergie du Canada, au moins jusqu’à la fin de l’année.

« Jusqu’à présent, le quatrième trimestre semble être une continuation de cet environnement économique », a souligné vendredi le président du conseil, président et chef de la direction de l’Impériale, Brad Corson, lors d’une conférence téléphonique avec des analystes.

« Puisque toutes nos principales activités de maintenance planifiées sont derrière nous, nos plans sont de continuer à fonctionner à des niveaux maximaux, comme nous l’avons fait jusqu’à présent cette année. Cela nous prépare bien pour une très bonne fin d’année. »

Une stratégie critiquée

De nombreuses sociétés pétrolières et gazières ont bénéficié de flux de trésorerie disponibles records en 2022, mais puisque cela survient après près d’une décennie de baisse des prix des matières premières, une grande partie de cet excédent de trésorerie a été utilisée pour rembourser la dette. Au troisième trimestre seulement, l’Impériale a réduit l’encours de sa dette de 1 milliard, faisant passer son ratio d’endettement de 19 % à la fin de 2021 à moins de 16 % actuellement.

L’autre priorité du secteur a été de récompenser les actionnaires. Les actions énergétiques ont été durement éprouvées pendant les mauvaises années, mais cette année, le secteur a été le plus performant de la Bourse de Toronto. De nombreuses entreprises ont annoncé des hausses de dividendes, des dividendes spéciaux ou des programmes de rachat d’actions.

Mais cette stratégie a été dénoncée par des critiques qui affirment que les entreprises pétrolières et gazières devraient utiliser une plus grande partie de leurs bénéfices considérables pour investir dans des projets de décarbonisation. Des économistes ont également souligné que la flambée des prix du pétrole en 2022 n’avait pas entraîné une augmentation de l’emploi dans le secteur.

Mais vendredi, M. Corson a semblé contester certains de ces reproches.

« Avec de solides résultats financiers comme ceux-ci vient une augmentation des redevances et des contributions fiscales au gouvernement, qui servent à soutenir nos communautés locales », a-t-il affirmé dans son allocution d’ouverture.

Il a ajouté que la société réinvestissait dans ses activités, avec des dépenses en immobilisations totales prévues de 1,4 milliard pour l’année prochaine — un plan qui comprend des projets d’optimisation de la production en cours dans ses installations de sables bitumineux de Kearl et Cold Lake.

M. Corson a ajouté que l’Impériale était également à quelques mois de prendre une décision d’investissement finale sur son projet d’installation de diesel renouvelable à Strathcona. Selon les détails de la proposition, Air Products, établie en Pennsylvanie, qui construit une installation d’hydrogène près d’Edmonton, fournira de l’hydrogène par pipeline à la raffinerie Strathcona de l’Impériale. L’hydrogène sera utilisé avec des huiles végétales cultivées localement pour produire du carburant diesel à faible émission de carbone.

L’ensemble du projet pourrait coûter 1 milliard, la part de l’investissement de l’Impériale s’élevant à environ 500 millions, a précisé M. Corson.

« Je pense donc que nous atteignons un très bon équilibre en investissant dans la durabilité de notre entreprise et dans notre avenir, mais en même temps, en le faisant d’une manière responsable qui génère également un excédent de trésorerie important que nous pouvons restituer à nos actionnaires », a ajouté M. Corson.

L’Impériale est également membre de l’Alliance Nouvelles voies, un consortium d’entreprises de sables bitumineux qui étudie la possibilité de développer un important réseau de captage et de stockage du carbone dans le nord de l’Alberta. Nouvelles voies n’a pas encore entamé l’exécution de ce projet, mais le groupe affirme qu’il pourrait dépenser jusqu’à 16,5 milliards avant 2030 s’il allait de l’avant.

La production en amont a atteint en moyenne l’équivalent de 430 000 barils de pétrole brut par jour, comparativement à 435 000 barils lors de la même période l’an dernier.

Du côté des activités en aval, le débit des raffineries pour le trimestre s’est établi en moyenne à 426 000 barils par jour et le taux d’utilisation de la capacité de raffinage a atteint 100 %, son niveau le plus élevé en 40 ans. Il avait été de 94 % au troisième trimestre de l’an dernier.