La croissance a un prix pour la jeune pousse québécoise Corporation Moteurs Taiga, qui continue à puiser dans ses réserves et cherche du financement supplémentaire afin d’avoir les moyens de construire davantage de motoneiges et motomarines électriques.
Sans préciser la somme qu’elle désirait obtenir, l’entreprise a confirmé ses démarches, lundi, en présentant ses résultats pour le deuxième trimestre terminé le 30 juin, où elle est demeurée dans le rouge malgré une croissance de ses ventes.
« C’est certain que de ne pas obtenir le financement peut avoir des conséquences, mais actuellement, je suis satisfait des progrès qu’on a faits à date », a expliqué à La Presse le chef de la direction financière de Taiga, Eric Bussières, en compagnie du président-directeur général Samuel Bruneau, au cours d’une entrevue téléphonique.
Dans la foulée de la mise à jour et des résultats trimestriels, le titre de la société a abandonné 5,4 %, ou 0,28 $, à la Bourse de Toronto, pour clôturer à 4,88 $.
Puisqu’il n’est pas endetté, le constructeur de véhicules récréatifs électriques privilégie l’option d’une marge de crédit. Est-ce qu’une émission d’actions, qui aurait un effet dilutif pour les actionnaires, pourrait survenir ? Un chef de la direction financière ne répond « jamais non à ce genre de question », a dit M. Bussières, lorsqu’interrogé.
Année charnière
L’année est chargée pour Taiga, qui a été fondée en 2015 et qui assemble ses produits à son usine située dans l’arrondissement montréalais de LaSalle. L’entreprise a livré ses premières motoneiges en mars dernier et a fait de même le mois dernier en ce qui a trait aux motomarines. Elle table sur un important projet d’usine de production évalué à 125 millions du côté de Shawinigan.
Taiga brûle entre 15 et 20 millions par trimestre et disposait de 52 millions en banque à la fin du deuxième trimestre. Elle pourra obtenir 50 millions en prêts d’Investissement Québec (30 millions), du gouvernement fédéral (10 millions) et de Shawinigan (10 millions) pour son nouveau complexe.
« Ses ressources financières actuelles seront insuffisantes pour ses dépenses des 12 prochains mois, souligne Cameron Doerksen, de la Financière Banque Nationale, dans une note. L’entreprise cherche à obtenir une marge de crédit, mais il existe un risque que davantage de capitaux soient nécessaires. »
L’analyste s’attend néanmoins à ce que Taiga soit capable d’obtenir les sommes nécessaires.
Livraisons tardives
À l’instar de la quasi-totalité des entreprises manufacturières, les perturbations de la chaîne d’approvisionnement donnent des maux de tête à Taiga. Avec « un peu » de retard au chapitre des livraisons de motomarines parce que des « composants essentiels » n’ont pas été livrés au moment prévu, la production s’échelonnera jusqu’au quatrième trimestre, qui débute en octobre. Les premières unités avaient été livrées en juillet dernier.
« Les défis sont davantage sur des composants en plastique et d’autres pièces, a souligné M. Bruneau. On a observé de plus longs délais chez nos fournisseurs. Nous avions déjà déployé d’importants efforts pour sécuriser tout ce qui tournait autour des modules électroniques et des puces. »
En date du 30 juin dernier, Taiga avait enregistré 3054 précommandes, ce qui représente une hausse de 30 % par rapport au niveau du 31 décembre dernier. Elle a livré 21 motoneiges au deuxième trimestre pour un total de 28 unités depuis le début de l’année.
Au deuxième trimestre, Taiga a perdu 11,1 millions, ou 35 cents par action, contre 4,5 millions, ou 2,99 $ par action, à la période correspondante de l’exercice précédent. Son chiffre d’affaires a été d’environ 400 000 $. Il y a un an, Taiga n’avait pas généré de revenus. M. Doerksen s’attendait à ce que les recettes de l’entreprise atteignent 368 000 $.
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- 3500
- Taiga s’attend à effectuer entre 2500 et 3500 livraisons l’an prochain en augmentant sa production.
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