Il existe une recette bien connue pour corriger le tir quand un dossier ne progresse pas selon nos attentes, soit de « monter au balcon », selon l’expression consacrée. Il s’agit de faire un bilan de notre travail en se mettant dans une position d’observateur le plus neutre possible ou de gérant d’estrade, d’où l’idée d’être au balcon.

J’en suis venu à la conclusion au fil du temps que l’on pouvait regrouper en trois grandes catégories les raisons qui bloquent l’avancement d’un dossier : énergie, organisation et peur.

L’énergie fait référence au manque de désir, à l’attitude négative et à l’inertie. C’est vraiment utile de connaître nos motivations profondes, car ça peut expliquer pourquoi nous sommes « au neutre » pour réaliser certaines tâches. Notre moteur d’action peut être de réaliser une tâche significative, de nous développer personnellement, de battre la concurrence, d’être utile à l’organisation, de satisfaire à une norme personnelle d’excellence, etc.

Il importe de se demander quand et comment son moteur roule à plein régime.

Raymond Royer, qui a connu un succès formidable dans deux industries très différentes, l’aéronautique et le papier, avait comme moteur d’action que les Canadiens français peuvent réussir à battre qui que ce soit et qu’il était possible que des gens ordinaires fassent des choses extraordinaires.

Les attitudes négatives telles la méfiance, l’insécurité, l’amertume et le ressentiment ne font que saper l’énergie. Il importe de réfléchir aux idées qui viennent intensifier ou prolonger ce sentiment que le verre est à moitié vide et de faire un examen de conscience plus réaliste.

Quant à l’inertie, la meilleure attitude est de se dire qu’une tâche est à moitié accomplie dès qu’on l’entreprend. Bien qu’on soit fort motivé, une mauvaise organisation peut aisément empêcher tout progrès. Cela s’explique généralement par une mauvaise gestion du temps, un manque d’évaluation des progrès ou un sentiment de découragement.

Nous faisons d’habitude ce qui nous plaît, ce qui va vite, ce qui est facile, ce avec quoi nous sommes familiers et ce que d’autres nous demandent.

Au-delà de la bonne habitude de commencer sa journée par les activités les plus importantes, il est utile de centrer son attention sur les questions suivantes : que suis-je prêt à faire pour que les choses tournent comme je le veux ? Quel parti puis-je tirer d’un problème ? Que faut-il encore améliorer ? Devant les obstacles, le sentiment d’incapacité remonte vite à la surface.

Le secret d’une bonne organisation est caché dans la routine quotidienne car une foule de petites activités exécutées régulièrement et systématiquement produisent des résultats insoupçonnés plus rapidement que l’on croit.

Tout athlète de pointe est un exemple d’organisation, car il s’occupe religieusement de chaque aspect de sa discipline, se soucie des détails et accentue ses points forts.

Quoiqu’on soit bien motivé et organisé, un troisième obstacle, la peur sous toutes ses formes, peut mener à se mettre K.-O. soi-même. L’échec est souvent considéré comme une défaite personnelle démontrant notre incapacité à atteindre des résultats et confirmant une diminution de « notre valeur ».

Mon bilan comporte deux catégories : réussite et apprentissage. Cela me permet de cacher la peur de l’échec… ce qui est plutôt naïf. C’est parfois long de surmonter cette peur, et on y arrive en se posant quelques questions clés, soit d’examiner ce qui peut arriver de pire, de se demander si ce serait si grave et de se rappeler que c’est une erreur épouvantable de relier son image personnelle à ses réalisations.

Et quand le moteur d’action est au rendez-vous, il donne le courage d’agir malgré la peur de l’échec.

Il suffirait quelques fois d’un coup de pouce d’autrui pour débloquer un dossier, mais la peur de demander de l’aide est une option impossible à considérer pour certaines personnes, comme s’il fallait absolument réussir sans l’aide des autres. Gandhi n’a-t-il pas réussi à obtenir l’indépendance de l’Inde avec l’aide de son peuple ?

La troisième grande peur, après la peur de l’échec et la peur de demander de l’aide, est la peur de l’opinion d’autrui. C’est un dur labeur de vouloir être perçu comme une personne parfaite aux yeux d’autrui alors qu’il est si simple de se dire : je laisse aux autres le soin d’être parfait et merveilleux !

Quelle belle façon de se dire bonsoir stress et bonjour liberté ! Et surtout, quelle belle dose d’énergie additionnelle ! En ce lundi matin, choisissez un dossier pour lequel vous êtes insatisfait de vos progrès et prenez quelques minutes pour le réviser à la lumière de cette grille.

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