Le chef des technologies de Rogers Communications était à l’extérieur du pays le vendredi 8 juillet, jour de la panne de réseau ayant touché plus de 10 millions de Canadiens et des centaines de milliers d’entreprises.

Ce jour-là, Jorge Fernandes était au Portugal, selon nos informations.

Jorge Fernandes est le chef des technologies chez Rogers depuis février 2018.

PHOTO TIRÉE DU SITE INTERNET DE ROGERS

Jorge Fernandes, chef des technologies de Rogers Communications

Au téléphone, la porte-parole de Rogers, Chloé Luciani-Girouard, n’a pas nié nos informations, mais n’a pas voulu commenter cette situation précise, se bornant à nous renvoyer vers les différentes communications publiées depuis une semaine par Rogers au sujet de la panne. Elle nous a également indiqué que le PDG Tony Staffieri n’était pas disponible pour accorder une entrevue.

Mise à jour problématique

Rogers a fait savoir, le week-end dernier, que la panne du 8 juillet a été provoquée par une mise à jour de maintenance de son réseau de base. Après avoir débuté à l’aube le vendredi 8 juillet, la panne a duré toute la journée, et le service a commencé à se rétablir en soirée. Le rétablissement complet ne s’est cependant réalisé que dans les jours suivants.

Dans un reportage publié par La Presse en début de semaine, Pierre C. Bélanger, professeur à l’Université d’Ottawa et spécialiste en réglementation des communications et télécommunications, avait souligné que la panne était survenue à une période de l’année où l’ingénieur en chef était peut-être en vacances.

L’histoire nous le dira. Ce n’est pas arrivé un 21 octobre quand tout le monde est au bureau après le retour au travail. Aujourd’hui, nous sommes entre deux saisons et il y a beaucoup de monde en voyage avec [les] enfants. Est-ce un hasard que ça arrive à ce moment-là ? [On peut] être certain que Rogers pourrait nous dire qu’après enquête, la direction s’est aperçue que son quart-arrière était absent cette semaine-là.

Pierre C. Bélanger, professeur à l’Université d’Ottawa et spécialiste en réglementation des communications et télécommunications, dans un entretien à La Presse plus tôt cette semaine

L’année dernière, une panne causée par une mise à jour des logiciels de son partenaire Ericsson avait perturbé les services chez Rogers durant 16 heures. Cette mise à jour avait provoqué une déconnexion des appareils au réseau.

C’est Jorge Fernandes qui avait publiquement offert des excuses aux clients et fourni des explications dans une lettre officielle. Cette semaine, c’est le PDG Tony Staffieri qui a signé la déclaration publique diffusée dans la foulée de la panne du 8 juillet.

Après avoir qualifié d’« inacceptable » l’interruption de services du 8 juillet, le ministre fédéral de l’Industrie, François-Philippe Champagne, a demandé lundi aux dirigeants des entreprises de télécommunications du pays d’arriver à un accord formel d’ici 60 jours sur l’itinérance d’urgence et l’assistance mutuelle pendant les pannes, en plus d’élaborer un protocole de communication pour mieux informer le public et les autorités durant une situation d’urgence.

La panne d’il y a une semaine survient alors que Rogers tente d’obtenir l’approbation des autorités réglementaires pour acquérir son concurrent Shaw, une transaction évaluée à 26 milliards, dette comprise. Le Bureau de la concurrence s’oppose à l’opération, soutenant notamment que la fusion entraînerait des prix plus élevés et une qualité de service moindre.