La quête d’Hydro-Québec pour convaincre un allié de l’aider à commercialiser une nouvelle génération de batteries s’accompagnera de « retombées concrètes », promet le gouvernement Legault, pendant que l’opposition craint de voir un projet porteur glisser entre les doigts de la province.

À la suite des révélations de La Presse entourant les démarches effectuées par la société d’État aux quatre coins du monde depuis un peu moins d’un an, Québec a laissé entendre qu’une entente avec un partenaire s’accompagnerait de conditions.

« Le processus menant à une éventuelle alliance est en cours et une des priorités sera d’assurer des retombées concrètes au Québec », affirme dans un courriel Emmanuelle Ducharme, attachée de presse du ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Jonatan Julien.

Après avoir travaillé sur une génération de batteries à électrolyte solide, Hydro-Québec se cherche un allié pour commercialiser ses recherches. La société d’État avance qu’il s’agit de la « prochaine percée technologique majeure » parce qu’on peut réduire considérablement le poids de cette pièce essentielle des véhicules électriques.

L’an dernier, la Société Générale, l’une des principales banques françaises, a été mandatée par Hydro-Québec pour solliciter l’intérêt d’acteurs comme des constructeurs automobiles, des fournisseurs de pièces et des fabricants de batteries. Aucune entente n’a encore été conclue.

« Il n’est pas question de brader nos ressources et notre expertise au profit d’intérêts étrangers, mais d’accélérer les recherches et d’augmenter les chances de commercialiser ces innovations », souligne Mme Ducharme.

Hydro-Québec dit avoir retenu les services de la Société Générale en raison de son « expérience et de [son] expertise dans ce genre de domaine », a expliqué son porte-parole Maxence Huard-Lefebvre.

Promesses sans détails

L’attachée de presse du ministre Julien ne s’est toutefois pas avancée sur des exemples de « retombées concrètes » si un partenariat est conclu. Elle a évoqué des « retombées financières » et la « création d’emplois bien rémunérés ». L’absence de détails préoccupe les partis de l’opposition à l’Assemblée nationale. La présentation consultée par La Presse ne fait pas mention de conditions à respecter dans le cas d’une entente.

« Si on va chercher des partenaires financiers, il faut mettre des conditions, souligne Sylvain Gaudreault, porte-parole du Parti québécois en matière d’énergie. Oui, on offre une part importante du produit, mais on veut voir le partenaire venir s’établir au Québec et embaucher des Québécois. Il faut se servir de cette recherche comme un effet de levier. »

PHOTO PAUL CHIASSON, LA PRESSE CANADIENNE

Sylvain Gaudreault, porte-parole du Parti québécois en matière d’énergie

Le député se réjouit toutefois de constater que l’objectif d’Hydro-Québec n’est pas de vendre l’ensemble de ses recherches à l’étranger.

Une éventuelle transaction pourrait ressembler à celle conclue avec Dana en 2018. Cet équipementier automobile américain était devenu l’actionnaire majoritaire de TM4, filiale québécoise de la société d’État spécialisée dans les moteurs électriques, dans le but d’accélérer sa croissance.

« Considérant que de l’argent public a été investi dans le développement de ces batteries, la priorité, c’est que les retombées soient québécoises, estime Marc Tanguay, porte-parole du Parti libéral du Québec (PLQ) en matière d’énergie et de ressources naturelles. On doit s’assurer de préserver nos droits sur une découverte éventuelle. »

M. Tanguay déplore au passage le « manque de transparence » du processus. Il s’étonne que les objectifs d’Hydro-Québec n’aient pas été communiqués plus clairement. Le député comprend qu’il est impossible de tout dire en raison de certaines clauses de confidentialité, mais il estime que le gouvernement Legault et la société d’État auraient pu présenter publiquement les grandes lignes du processus.

En savoir plus
  • 400 millions
    C’est la somme injectée dans le Centre d’excellence en électrification des transports et en stockage d’énergie d’Hydro-Québec depuis 2006.
    source : société générale