Le fossé ne semble pas se rétrécir entre Bombardier et 1800 de ses travailleurs syndiqués québécois sans contrat de travail depuis le 4 décembre dernier. Ceux-ci ont accueilli froidement les offres salariales de l’avionneur à quelques jours d’un vote sur la proposition.

Un « gros non pour moi », « c’est sûr que non », une « insulte »… Bon nombre de salariés du constructeur de jets d’affaires ne se sont pas gênés pour exprimer le fond de leur pensée, lundi, quelques heures après avoir pris connaissance des augmentations de salaire proposées par leur employeur.

Bombardier propose aux membres représentés par l’Association internationale des machinistes et des travailleurs de l’aérospatiale (AIMTA) une convention collective d’une durée de trois ans. Les augmentations proposées sont de 2,5 % pour la première année et de 2 % par la suite. La Presse a pu confirmer ces données. La hausse des prix s’est poursuivie en février au Canada alors que l’inflation a été de 5,7 %.

« [Éric] Martel devrait parler à son équipe de négociation, car ce n’est pas trop cohérent avec ce qu’il a dit dans plusieurs entrevues il n’y a pas longtemps », souligne un travailleur de l’entreprise dans un groupe de discussion en ligne réservé aux employés, mais qu’il a été possible de consulter.

L’an dernier, les cinq principaux dirigeants de Bombardier ont vu leur rémunération globale s’établir à environ 21 millions. Ils se sont partagé des primes en espèces de 7,2 millions.

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Ces 1800 employés concernés assemblent les avions d’affaires Challenger à Dorval et travaillent également dans les installations de l’entreprise dans l’arrondissement montréalais de Saint-Laurent, où l’on fabrique des pièces comme la cabine de pilotage du Global 7500.

Bombardier a déposé son offre il y a quelques semaines, mais ce n’est que lundi que l’AIMTA a remis les documents aux syndiqués. Ceux-ci doivent en principe voter sur l’offre au cours de la fin de semaine.

L’avionneur n’a pas voulu commenter le contenu de sa proposition.

« Nous avons négocié de bonne foi tout au long du processus, et le processus en est maintenant au stade du vote, a dit son porte-parole, Mark Masluch. Nous laisserons le syndicat présenter l’offre. »

Les représentants de l’AIMTA se sont aussi abstenus de commenter.

Un échange de flèches

Le ton avait montré d’un cran, le 23 mars dernier, lorsque le syndicat avait distribué à ses membres un bulletin reprochant à l’entreprise de rejeter la « quasi-totalité » de leurs demandes salariales, en plus d’exiger des « reculs importants » de « plusieurs millions ».

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, ARCHIVES LA PRESSE

Éric Martel, PDG de Bombardier

Appelé à réagir en marge d’une allocution publique, le président et chef de la direction de Bombardier, Éric Martel, avait estimé que la sortie était prématurée et qualifiait de « rumeur » les affirmations de l’AIMTA.

« Je passe beaucoup de temps dans les usines, je parle aux employés deux ou trois fois par semaine, avait-il affirmé. Je ne sens pas d’inquiétudes présentement. »

Un rejet de l’offre patronale ne déclencherait pas automatiquement un conflit de travail. Les pourparlers devraient se poursuivre. Les syndiqués pourraient toutefois se doter d’un mandat de grève pour accroître la pression sur l’employeur.

En juillet dernier, les activités de l’usine torontoise Downsview avaient été perturbées par un débrayage de quelques jours. Une entente était finalement intervenue avec Unifor, qui représentait environ 1200 salariés qui assemblent la famille d’avions Global.

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    Effectif de Bombardier, réparti dans ses usines et centres de service partout dans le monde.
    Source : Bombardier