Un investisseur militant de la région de Toronto met de la pression sur Supremex pour que la direction du fabricant montréalais d’enveloppes, de boîtes à pizza et autres produits d’emballage dégage davantage de valeur pour les actionnaires.

George Christopoulos vient de révéler détenir approximativement une participation de 10 % dans l’entreprise. Au cours boursier actuel, cette participation vaut approximativement 8 millions de dollars.

George Christopoulos se décrit comme un investisseur privé « de type valeur ».

Il dit avoir acheté des actions de Supremex à des fins d’investissement et avoir eu des discussions avec le PDG, Stewart Emerson, et le président du conseil, Robert Johnston, afin de leur communiquer ses idées.

Il soutient notamment avoir présenté le 30 décembre deux « propositions d’actionnaires » appelées à être abordées en détail dans la prochaine circulaire d’information en prévision de l’assemblée annuelle des actionnaires.

En entretien téléphonique, George Christopoulos dit vouloir attendre avant de dévoiler le contenu de ses propositions, mais souligne néanmoins que la demande est forte actuellement pour des immeubles industriels à Toronto et à Montréal.

Il précise que Supremex n’est propriétaire que de deux des bâtiments qu’elle occupe, mais que la valeur de ces bâtiments n’a jamais été aussi élevée.

Supremex a des activités dans 11 installations manufacturières réparties dans 4 provinces au Canada et 3 installations manufacturières aux États-Unis.

Ne vaudrait-il pas la peine de considérer la vente des deux immeubles détenus à un fonds de placement spécialisé en immobilier industriel pour dégager de la valeur ? Ça n’affecterait pas les activités, car l’entreprise pourrait ensuite utiliser les espaces en location comme dans ses autres installations.

George Christopoulos, investisseur militant de la région de Toronto

« L’action de Supremex est extrêmement sous-évaluée, ajoute George Christopoulos. Elle s’échange à 3,7 fois son bénéfice d’exploitation. Peu d’entreprises s’échangent avec un multiple d’évaluation aussi faible. »

L’entreprise est bien gérée, selon lui, et génère un « très bon » bénéfice d’exploitation et de « très bons » flux de trésorerie.

« La direction réalise que l’action est sous-évaluée et a racheté près de 1,3 million d’actions l’an passé, l’équivalent d’approximativement 5 % des titres en circulation. Lorsque tu rachètes des actions à un prix largement inférieur à la valeur intrinsèque de l’entreprise, tu crées de la valeur pour tous les actionnaires. Ils auraient pu racheter de façon plus agressive, mais peut-être que ça arrivera », dit-il.

Le PDG de Supremex n’a pas accordé d’entrevue à La Presse, mais confirme tout de même que la direction évalue les « mérites des propositions reçues ». « Nous échangeons régulièrement avec nos actionnaires et accueillons avec plaisir les commentaires constructifs afin d’améliorer la valeur actionnariale à long terme », indique-t-il dans une communication électronique.

Pas déraisonnables

Appelé à commenter les bénéfices potentiels de la vente d’immeubles et de rachats d’actions plus substantiels, l’analyste Neil Linsdell, de la firme IA Valeurs mobilières, répond que de telles revendications ne sont pas déraisonnables.

« Toutefois, dit-il, ces initiatives doivent être évaluées en considérant d’autres occasions, notamment celles entourant le secteur de l’emballage où des acquisitions pourraient être réalisées. »

Neil Linsdell juge que la transition réalisée par Supremex n’est pas appréciée à sa juste valeur.

« Le titre est sous pression depuis des années en raison de la perception que l’entreprise est d’abord un fabricant d’enveloppes sur son déclin. Toutefois, les activités d’emballage (boîtes pliantes, boîtes à pizza, etc.) génèrent aujourd’hui jusqu’à 30 % du chiffre d’affaires et la direction a pour objectif de faire passer cette proportion à 50 % d’ici 2025, principalement en réalisant des acquisitions à l’aide, notamment, des liquidités dégagées par la fabrication d’enveloppes. »

Cet expert qualifie de « solide » la performance de Supremex depuis le début de la pandémie. « L’entreprise démontre une belle croissance, gagne des parts de marché aux États-Unis, optimise ses activités au Canada, et augmente ses marges malgré des défis importants. »

George Christopoulos dit ne pas avoir encore demandé formellement un siège au conseil d’administration, laissant entendre qu’il pourrait le faire. « La prochaine étape pour moi est d’avoir une discussion de suivi avec le président du conseil. »

L’action de Supremex a presque triplé sa valeur depuis son creux atteint en mars 2020. Le titre a clôturé en recul de 2,5 %, à 3,09 $, à la Bourse de Toronto mardi.