(Toronto) Le grand patron de la Banque Royale appuie les efforts du gouvernement fédéral pour refroidir le marché immobilier du pays, mais estime qu’il est temps de s’attaquer au manque de logements.

« Nous soutenons les récentes mesures prises par les régulateurs pour ajuster les simulations de crise des prêts hypothécaires afin de réduire la pression du côté de la demande, mais nous encourageons les décideurs à aborder également les problèmes de l’offre limitée, qui exacerbent l’inflation des prix des logements », a affirmé jeudi le chef de la direction de la Royale, Dave McKay, lors d’une conférence téléphonique avec des analystes.

Les nouvelles règles de simulation de crise hypothécaire auxquelles il faisait référence entreront en vigueur le 1er juin. Elles fixeront le taux admissible des prêts hypothécaires non assurés à deux points de pourcentage au-dessus du taux du contrat, ou à 5,25 %, selon le plus élevé des deux taux.

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Dave McKay

Ces changements ont été annoncés par le gouvernement plus tôt cette année, dans l’espoir d’atténuer une partie de la frénésie des marchés populaires comme Toronto et Vancouver et de calmer l’activité dans les régions suburbaines et rurales qui ont généré de nombreuses ventes récemment, le télétravail en temps de pandémie ayant convaincu certains Canadiens de se trouver un logement plus en retrait des grandes villes.

Avant que le gouvernement ne dévoile son plan, M. McKay avait demandé que le taux admissible des prêts hypothécaires soit augmenté, parce qu’il estimait que cela exercerait une pression sur les personnes qui outrepassent leurs limites en se procurant une plus grande maison avec un faible taux d’intérêt et retirerait du marché certains acheteurs qui seraient alors forcés de faire une plus importante mise de fonds.

Alors que M. McKay réclamait de telles mesures, le secteur bancaire canadien de la Banque Royale a ajouté plus de 55 milliards en prêts hypothécaires et la proportion de ses clients au pays avec plus d’un compte d’opérations est passée à 65 %.

Plusieurs avaient une hypothèque, une carte de crédit ou un fonds commun de placement avec la banque, et de telles relations ont contribué à augmenter les taux de rétention de la banque et la rentabilité des prêts hypothécaires, a-t-il expliqué.

Ces derniers mois, la banque a également concentré une grande partie de son attention sur la mise de côté d’énormes sommes d’argent pour se préparer aux emprunteurs potentiellement en défaut de paiement.

La Banque Royale a retiré 96 millions de ses provisions pour pertes sur mauvaises créances au cours du plus récent trimestre, après avoir mis de côté 2,83 milliards au même trimestre l’an dernier, au début de la pandémie.

Alors que la banque a assoupli le montant qu’elle a ajouté à ces provisions au cours des deux derniers trimestres, le directeur des risques, Graeme Hepworth, a indiqué s’attendre à ce que les défauts de paiement et les dépréciations augmentent au quatrième trimestre et au premier semestre de 2022, avec la fin des programmes d’aide gouvernementaux.

« Cependant, nous ne nous attendons pas à ce qu’ils soient aussi graves que nous l’avions prévu au début de la pandémie », a-t-il précisé.

Profit supérieur aux attentes

La Banque Royale a dépassé les attentes à son deuxième trimestre en affichant un bénéfice plus de deux fois plus important que celui de la même période l’an dernier.

La Royale a gagné près de 4,02 milliards, ou 2,76 $ par action, au cours du trimestre clos le 30 avril, contre un bénéfice de 1,48 milliard, ou 1,00 $ par action, un an plus tôt.

Les revenus ont totalisé 11,62 milliards, alors qu’ils avaient été de 10,33 milliards au même trimestre l’an dernier.

La banque a indiqué que son bénéfice ajusté avait atteint 2,79 $ au plus récent trimestre, comparativement à celui de 1,03 $ de l’an dernier.

Les analystes s’attendaient en moyenne à un bénéfice ajusté de 2,48 $ par action, selon les prévisions recueillies par la société de données financières Refinitiv.