La plateforme montréalaise de fidélisation pour jeux mobile passe sous le contrôle d’un fonds de capital-risque

Un des succès montréalais les plus spectaculaires, la plateforme de fidélisation pour jeux mobiles Mistplay, passe sous le contrôle de GrowthCurve Capital. Le fonds de capital-risque établi à New York annonce ce vendredi qu’il est devenu l’actionnaire majoritaire de Mistplay « afin d’appuyer l’entreprise dans sa prochaine phase de croissance ».

Aucune somme n’a été dévoilée. Mistplay a eu en 2021 des revenus estimés « entre 50 et 100 millions », avait précisé le mois dernier à La Presse son PDG et cofondateur, Henri-Charles Machalani. L’entreprise fondée en 2015 s’est imposée comme la plus importante plateforme de fidélisation pour jeux mobiles, avec quelque 16 millions d’utilisateurs et 350 jeux provenant de 180 développeurs. Depuis sa création, elle a distribué plus de 23 millions de dollars, notamment en cartes-cadeaux d’Amazon, en cartes prépayées Visa et en crédits échangeables dans la boutique virtuelle, sur PayPal ou dans le Google Play Store.

Ingrédient manquant

Ses actionnaires étaient principalement des employés de Mistplay, auxquels est venu se greffer en 2017 « un ange investisseur de Montréal », Michael Novak, précise M. Machalani. « On n’est pas une start-up normale, on n’a pas levé beaucoup d’argent au début et on est profitable. »

Selon le PDG, l’arrivée de GrowthCurve Capital était l’ingrédient qui manquait pour propulser Mistplay vers des revenus « de plusieurs milliards ».

C’est notre but. Avec leur financement, on va pouvoir accélérer nos projets, embaucher beaucoup de gens, profiter de leur réseau et de leur expérience.

Henri-Charles Machalani, PDG et cofondateur de Mistplay

Il s’agit d’une première incursion pour GrowthCurve Capital dans l’écosystème montréalais. Fondé en 2020 par Sumit Rajpal, qui a dirigé pendant deux décennies la division mondiale Banque d’affaires chez Goldman Sachs, le fonds de capital-risque investit principalement dans de petites entreprises axées sur l’utilisation de l’intelligence artificielle et de l’analyse de données. Ses représentants seront majoritaires au conseil d’administration de Mistplay, mais il ne s’agit pas d’une acquisition classique, explique M. Machalani.

« GrowthCurve n’est pas une compagnie opérationnelle, c’est une firme d’investissement privée [private equity fund]. Mistplay va rester Mistplay, on garde notre marque de commerce et on va acquérir d’autres compagnies. »

Vers un lancement en Bourse

Le PDG ne souhaitait pas que son entreprise devienne une simple filiale au sein d’une multinationale. Plusieurs investisseurs minoritaires avaient manifesté leur désir de financer Mistplay, « mais ce n’était que de l’argent, précise M. Machalani. Nous, on voulait plus, on voulait du soutien, des investisseurs qui allaient nous aider à croître ».

Le marché du jeu mobile est en effervescence, rappelle-t-il, avec quelques acteurs importants comme Playtika et Zynga qui multiplient les acquisitions.

Il y a peut-être un millier d’entreprises dans ce secteur, ça commence à se consolider. On savait qu’on devait faire un geste. C’était ça ou on se faisait acheter. Il faut commencer à devenir nous-mêmes un gros joueur qui va acheter d’autres compagnies.

Henri-Charles Machalani, PDG et cofondateur de Mistplay

Au-delà de l’hébergement de jeux mobiles, Mistplay prépare depuis un an une nouvelle aventure, la création de ses propres jeux vidéo. En se basant sur la connaissance acquise des goûts des joueurs, on souhaite développer des jeux simples, avec des interfaces généralement minimalistes, à mi-chemin entre ce qu’on appelle casual et hyper-casual dans le jargon. Pour les jeux plus complexes, on mise sur des acquisitions.

L’autre avenue, c’est d’offrir à des développeurs des outils de monétisation, notamment en partageant les recettes publicitaires ou une plateforme transactionnelle pour les achats des joueurs.

À terme, annonce son PDG, on vise l’entrée en Bourse.