Le résultat de l’exercice financier de 2020-2021 d’Investissement Québec (IQ) est « spectaculaire », selon les mots mêmes de son patron, Guy LeBlanc. Le bras investisseur du gouvernement du Québec a obtenu un rendement annuel de 25,1 %.

Sa date de fin d’exercice financier, le 31 mars, qui lui avait été défavorable l’année précédente, a joué en sa faveur cette année, puisque celui-ci a commencé au moment où les marchés boursiers avaient reculé en raison de la première vague de COVID-19.

Ce rendement exceptionnel vient bonifier le rendement annuel moyen sur trois ans à 9,6 %. « À 9,6 %, ça nous donne la marge de manœuvre pour continuer d’appuyer les entreprises. Ça nous permet d’investir dans le développement économique du Québec », dit Guy LeBlanc, PDG d’IQ.

À titre comparatif, lors de l’exercice clos le 31 mars 2020, IQ avait obtenu un rendement négatif de 4,6 %, ce qui avait fait chuter son rendement annuel moyen sur trois ans à 3 %.

Le résultat net s’élève à 992 millions.

C’est spectaculaire. Ça n’arrivera pas chaque année.

Guy Leblanc, PDG d’Investissement Québec

Environ 200 millions des 992 millions proviennent de son portefeuille de prêts et d’activités de financement, le métier traditionnel d’IQ. Sur ces 200 millions, 77 millions constituent des reversements de provisions prises l’année dernière qui se sont avérées superflues après coup.

Environ 450 millions des 992 millions s’expliquent par la bonne performance de la douzaine de sociétés cotées dans lesquelles IQ détient des participations. « On a livré 125 % de rendement sur nos titres boursiers, et ceux-ci représentent seulement 7 % de la valeur de notre actif en portefeuille », dit le PDG, qui a donné l’exemple de la société Lightspeed. Au début de l’exercice, le spécialiste du commerce infonuagique se vendait à 18,24 $ ; à la fin de l’exercice, il était à 79,03 $.

Finalement, 350 millions découlent de la bonne performance du portefeuille capital-risque et fonds d’investissement. IQ détient en portefeuille Nuvei, qui est allée en Bourse dans la dernière année et qui a profité d’une valorisation généreuse. Elle a aussi plusieurs candidats à un premier appel public à l’épargne : Coveo, Busbud et Hopper. De plus, Sonder, autre entreprise détenue par les fonds d’investissement, a déjà annoncé son entrée en Bourse.

Investissements massifs

IQ a pris des engagements financiers totaux de 4,5 milliards de dollars pour soutenir des projets d’une valeur totale de 16,2 milliards de dollars. En tout, 4403 interventions financières ont été réalisées : 2 milliards de dollars en interventions par l’entremise de ses fonds propres et 2,5 milliards en financement par ses activités de mandataire du gouvernement, comme le Fonds du développement économique.

En réaction à la pandémie de COVID-19, IQ a mis sur pied le Programme d’action concertée temporaire pour les entreprises (PACTE), de concert avec le ministère de l’Économie et de l’Innovation : 1122 prêts ou garanties de prêts ont été consentis à des entreprises, pour une valeur de financement de 851,6 millions de dollars.

« On a réussi à mitiger l’impact [de la pandémie] pour les entreprises au Québec, dit M. LeBlanc. Le PIB est maintenant revenu à 98 % de son niveau de février 2020. Les exportations sont en recul de 8 %, tandis qu’au Canada, on parle d’un recul de 12 %. »

Aucun intérêt dans GNL Québec

Guy LeBlanc a confirmé le désintérêt d’IQ à l’endroit de GNL Québec, projet de terminal de gaz naturel liquéfié au Saguenay tourné vers l’exportation. Le projet, totalisant des investissements de l’ordre de 14 milliards, a fait l’objet d’un rapport critique du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement quant au terminal.

Notre objectif est d’investir dans le développement, mais le développement durable.

Guy LeBlanc, PDG d’Investissement Québec

« On investit davantage dans les technologies propres, poursuit-il. On concentre toutes nos énergies et nos ressources financières sur la filière électrique. On va en concentrer tout autant dans la filière hydrogène et dans la filière aluminium vert. »

Le premier ministre du Québec, François Legault, a indiqué en décembre dernier à Radio-Canada que le gouvernement n’injecterait pas d’argent public dans GNL Québec. Cela dit, IQ détient toujours 42 % de Gaz Métro GNL, S.E.C., dans l’est de Montréal.

Aide aux sièges sociaux

IQ est venu aussi à la rescousse de Redevances aurifères Osisko et de mdf commerce, ex-Mediagrif, dans le but de s’assurer que ces deux sièges sociaux ne soient pas emportés dans la tourmente au printemps 2020. « On a fait des injections d’argent sous forme de prises de participation dans certaines entreprises parce que leur valeur boursière avait tellement chuté que les entreprises pouvaient devenir des cibles d’offres hostiles. Donc, on les a appuyées dans ce contexte. »

Les frais de gestion explosent

Les dépenses d’IQ sont passées de 58 à 87 millions en un an. La société d’État a intégré à son effectif 200 employés du Centre de recherche industrielle du Québec et 200 personnes en provenance du ministère de l’Économie et de l’Innovation. Elle a aussi ajouté 50 ressources pour consolider ses équipes travaillant dans les prises de participation et les fonds d’investissement. L’effectif total est passé de 571 à 1022 employés permanents. Le ratio des frais de gestion a toutefois baissé par rapport à l’année précédente. « Nous sommes à 1,26 %. Nos comparables sont à 1,50 % », a souligné M. LeBlanc.

Stornoway fait des profits

M. LeBlanc a donné des nouvelles de la mine diamantifère Renard, de la société Stornoway, dans la région de Chibougamau. La minière avait été privatisée à l’automne 2019 à la suite de problèmes financiers. « La mine était fermée, et les travailleurs étaient chez eux. [Ses dirigeants] nous ont présenté un plan de relance. Ils avaient diminué leurs coûts d’exploitation pour les aligner avec le prix déprimé du carat de diamant. On a accepté d’aller de l’avant avec un certain montant d’argent pour relancer la mine et ses 500 emplois. Aujourd’hui, le prix du carat est en remontée. [Et Stornoway] génère des profits. »