SNC-Lavalin a-t-elle trop attendu avant d'annoncer de mauvaises nouvelles sur ses projets en Arabie saoudite ? Un investisseur pense que si. Et il demande aux tribunaux la permission d'intenter une action collective pouvant aller jusqu'à 2,37 milliards de dollars contre l'entreprise d'ingénierie.

Le 28 janvier dernier, SNC-Lavalin avait de mauvaises nouvelles à annoncer à ses investisseurs : des résultats financiers inférieurs aux attentes, et la possibilité de se retirer de l'Arabie saoudite, l'un de ses marchés les plus importants (9000 des 50 000 employés de SNC-Lavalin travaillent en Arabie saoudite), à la suite des tensions diplomatiques entre Ottawa et Riyad. Cette mise en garde a fait plonger le titre de SNC-Lavalin de 28 % ce jour-là. L'entreprise a ainsi perdu 2,37 milliards en valeur boursière.

Un petit investisseur de l'Ontario, Ruediger Martin Graaf, estime que SNC-Lavalin aurait dû être plus transparente dès février 2018 au sujet de la situation en Arabie saoudite. Il demande à la Cour supérieure du Québec d'autoriser une demande d'action collective au nom des investisseurs de SCN-Lavalin. Il fait valoir que SNC-Lavalin a fait des déclarations « fausses ou trompeuses » pendant des mois aux investisseurs concernant la situation en Arabie saoudite, alors que l'entreprise avait l'obligation de donner l'heure juste en vertu des lois sur les valeurs mobilières et du Code civil du Québec.

« SNC a échoué à divulguer un changement matériel [pour les investisseurs] », indique la requête déposée hier en Cour supérieure. Résultat : le prix de l'action a été « artificiellement gonflé » pendant des mois, selon la requête déposée par le cabinet d'avocats Siskinds Desmeules. La requête ne précise pas la somme des dommages demandés, seulement que les investisseurs devraient recevoir une compensation de SNC-Lavalin pour leurs pertes financières attribuables à la divulgation soi-disant tardive de ces informations.

Les tribunaux n'ont pas eu souvent à trancher la question à savoir si une entreprise inscrite en Bourse avait été assez franche avec ses actionnaires. En 2018, les tribunaux québécois ont toutefois autorisé une action collective du même genre contre l'entreprise Bausch Health (Valeant). Ce dossier sera donc entendu sur le fond.

Aucune des allégations contre SNC-Lavalin n'a été prouvée en cour. Avant d'entendre la cause sur le fond, la Cour supérieure devra d'abord déterminer si l'action collective peut être autorisée.

Le cabinet Siskinds Desmeules n'a pas commenté le dossier hier. SNC-Lavalin n'a pas rappelé La Presse.