Toyota n'a pas l'habitude de faire l'objet de rappels aussi importants en si peu de temps, comme c'est le cas depuis trois semaines. Le constructeur nippon se serait bien passé de ce genre de publicité en cette période difficile pour l'industrie. D'autant plus que ses concurrents sont relativement nombreux à se faire régulièrement taper sur les doigts. La plupart du temps, les constructeurs américains sont les mauvais élèves. Prudence, tout de même, les chiffres des listes de rappels ne sont pas toujours aussi clairs qu'ils paraissent.

Les Américains ont mauvaise réputation et ils y sont plutôt fidèles, comme en fait foi le tableau sur les rappels de voitures des 26 derniers mois au Canada. En haut de la liste des constructeurs le plus souvent rappelés à l'ordre figure Dodge avec 11 rappels en 2008, autant en 2009 et un seul - pour le moment - en ce début d'année 2010. La division du Groupe Chrysler a l'habitude d'occuper ce premier rang peu enviable. En 2006 comme en 2007, elle a enregistré une dizaine de rappels. Chevrolet suit au deuxième rang avec sept rappels en 2008, 10 l'an dernier, et un seul jusqu'à présent cette année.

 

Dans cette partie du classement - établi par La Presse Auto/MonVolant à partir des données de Transports Canada - se trouvent Nissan et Ford, respectivement aux troisième et quatrième rangs. Le constructeur japonais comptait sept rappels à son actif en 2008 et six en 2009. Les deux années précédentes étaient à peine meilleures. Pour sa part, Ford a fait sept rappels en 2008 et quatre en 2009. La plupart de ceux-ci ont été d'une importance mineure, voire insignifiante, en matière de sécurité ou de mécanique. «Il y a souvent des problèmes de qualité chez Ford, mais le rappel signifie qu'il y a beaucoup de rigueur chez eux», commente George Iny, président de l'Association pour la protection des automobilistes (APA).

 

Si l'on se fie aux 26 derniers mois, Toyota est en temps normal dans le ventre mou de ce classement, aux côtés des Volkswagen, Mitsubishi et GMC; il ne faut pas oublier que 2009 lui a fait mal avec les deux rappels concernant les fameux tapis qui ne permettaient pas d'actionner correctement les pédales. Ce début d'année 2010 catastrophique enfonce cependant le clou et rapproche Toyota des cancres en la matière. Abstraction faite de ces deux annus horribilis, le constructeur japonais occupe un rang qui correspond à sa réputation.

 

«Toyota n'est pas pire que les autres et il est même plutôt le meilleur. Mais pour beaucoup de consommateurs, ces problèmes sont inacceptables. Toyota se fait épingler sur son icône», affirme Christian Navarre.

 

Une affaire de famille

 

Professeur à l'École de gestion de l'Université d'Ottawa, ce spécialiste de l'industrie automobile estime qu'il n'y a pas vraiment de mauvais élèves en matière de rappels. «Le mauvais élève est entre la collection des plaintes et le choix de la réparation», dit-il. Il est ce constructeur qui, à ce moment-là, traîne les pieds, de différentes manières, pour repousser l'échéance d'un rappel.

 

 

Chaque constructeur a pourtant tout intérêt à se montrer «actif», dit-on du côté de Transports Canada.

 

Pilotés par les autorités et basés sur la collecte et l'étude des plaintes, les rappels sont déclenchés en collaboration avec les constructeurs. Le nombre de rappels répertoriés chaque année peut évidemment porter atteinte à la réputation d'un constructeur. Ce nombre ne dit pourtant pas tout. Il ne faut pas systématiquement s'y fier. Par exemple, nombreux sont les véhicules rappelés uniquement parce qu'une étiquette n'est pas placée au bon endroit.

 

Le rappel est aussi souvent une affaire de famille. En 2008, par exemple, plus de 50 000 modèles Buick, Cadillac, Chevrolet et GMC ont dû être rappelés en raison d'un problème de lave-glace. «Un court-circuit sur la carte de circuits imprimés du système de chauffage de lave-glace pourrait faire surchauffer la mise à la terre du circuit de commande», pouvait-on lire sur le rappel.

 

Certains méritent réellement leur place en haut du classement des constructeurs les plus rappelés. Ils ne peuvent se cacher derrière la multitude de problèmes - plus ou moins sérieux - rencontrés sur leurs véhicules. On pense ici à Dodge, par exemple. D'autres, comme Ford, poussent à relativiser les chiffres.

 

Chaque année, une dizaine de rappels au total peuvent être considérés comme graves en Amérique du Nord.

Photo AP

Il ne faut pas systématiquement se fier au nombre de rappels de chaque constructeur. Par exemple, nombreux sont les véhicules rappelés uniquement parce qu'une étiquette n'est pas placée au bon endroit, comme la Ford Taurus 2010, notamment.