Profitant de la vigueur du prix de l’or sur les marchés mondiaux, la valeur des exportations canadiennes d’or et de métaux précieux a atteint le niveau record de 4,8 milliards de dollars en février, signale Statistique Canada dans son plus récent relevé mensuel du commerce international.

Cette valeur d’exportations d’or et de métaux précieux représente un bond considérable de 68 % ou 1,97 milliard par rapport à la valeur mesurée le mois précédent, en janvier 2024. Elle s’avère aussi au double de la valeur des exportations de métaux précieux de 2,3 milliards qui avait été mesurée un an plus tôt, en février 2023.

Par ailleurs, signale aussi Statistique Canada, cette forte hausse de valeur des exportations d’or et de métaux précieux en février s’est avérée le principal contributeur à la plus forte augmentation mensuelle – à 5,8 % – de la valeur totale des exportations du Canada depuis août 2023.

« Plus de la moitié de la hausse des exportations totales en février 2024 était le résultat d’une forte croissance des exportations d’or sous forme brute », explique Statistique Canada dans son infolettre quotidienne publiée jeudi.

Aussi, « une hausse des livraisons de grande valeur d’or raffiné, de même que des transferts d’actifs d’or dans le secteur bancaire, a été observée en février. Cette hausse coïncide avec une forte croissance du prix du marché de l’or vers la fin du mois de février. »

Une « histoire d’or »

Parmi les économistes du secteur bancaire, Jocelyn Paquet, économiste à la Banque Nationale, note que « les exportations [en février] ont connu leur plus forte hausse en six mois, en partie grâce à un gain record dans le segment des métaux précieux et des minéraux non métalliques. Ce gain record reflète une augmentation fulgurante des expéditions d’or sous forme brute du Canada vers la Suisse et le Royaume-Uni. »

Au Mouvement Desjardins, l’économiste senior Marc-Antoine Dumont constate que « ces données [sur le commerce international du Canada] sont une histoire d’or, puisque les exportations de métaux précieux ont bondi de 68 % en février ».

« L’augmentation des exportations d’or coïncidait avec la hausse marquée de son prix et cela explique plus de la moitié de la hausse totale des exportations », indique M. Dumont dans une note d’analyse.

« Comme le prix de l’or a atteint des sommets, il pourrait continuer de soutenir les exportations en mars et en avril, même si les volumes peuvent parfois être irréguliers » d’un mois à l’autre.

De fait, le prix de l’or sur le marché mondial continue ces jours-ci de s’élever vers de nouveaux sommets. En cours de séance, jeudi, il a passé le seuil historique des 2300 $ US l’once avant de se replier de quelques dollars aux environs de 2295 $ US en fin de journée.

Rappelons que le Canada est le quatrième pays producteur d’or en importance au monde, avec un volume moyen de l’ordre de 200 tonnes métriques par an.

Les trois pays les plus grands producteurs d’or sont la Chine, avec 370 tonnes métriques, ainsi que l’Australie et la Russie, chacun autour de 310 tonnes métriques.

Les États-Unis sont au cinquième rang de ce palmarès aurifère, avec une production annuelle de l’ordre de 170 tonnes métriques.

De l’avis d’analystes, l’impact du prix de l’or et des métaux précieux sur la valeur du commerce international du Canada est de bon augure pour les prochaines mesures de la conjoncture économique.

« L’augmentation du commerce international est un signe positif pour l’activité économique dans son ensemble. Ce rapport [de Statistique Canada] contribue à expliquer la vigueur observée dans l’estimation du PIB de février et l’accélération probable de la croissance du PIB de l’économie canadienne au premier trimestre », indique Benjamin Reitzes, stratège en taux et macroéconomie à la Banque de Montréal, dans un commentaire cité par l’agence d’information économique et financière Bloomberg News.

Au Mouvement Desjardins, l’économiste senior Marc-Antoine Dumont signale que « l’excédent commercial des marchandises est passé d’un montant révisé de 610 millions en janvier à un montant de 1,39 milliard en février, soit plus que les 680 millions qui étaient attendus par le consensus » parmi les économistes et les analystes.

Sur cette lancée, estime M. Dumont, « le commerce international des biens devrait contribuer fortement à la croissance du PIB [de l’économie canadienne] au premier trimestre de l’année ».