(Washington) Nouveau signe de la bonne santé de l’économie américaine au premier trimestre, les créations d’emplois ont une nouvelle fois largement dépassé les attentes au mois de mars, permettant au taux de chômage de reculer légèrement, une donnée qui pourrait inciter la banque centrale américaine (Fed) à temporiser encore.

Le taux de chômage a légèrement reculé en mars, à 3,8 % contre 3,9 % en février, et 303 000 emplois ont été créés, selon les chiffres publiés vendredi par le département du Travail.

Les créations d’emploi sont encore en hausse en mars par rapport au mois précédent (270 000) malgré une révision à la baisse du chiffre de février (275 000 annoncés initialement).

Les analystes tablaient plutôt de leur côté sur une baisse marquée des créations, anticipant 200 000 emplois supplémentaires, selon le consensus publié par briefing.com.

Dans un communiqué, le président américain Joe Biden, qui fait de l’économie un de ses arguments de campagne de faveur de sa réélection en fin d’année face à son concurrent républicain et prédécesseur Donald Trump, s’est félicité que « le chômage soit en dessous de 4 % sur la plus longue période depuis 50 ans ».

« En mars, nous avons passé la barre des 15 millions d’emplois créés depuis mon arrivée », a-t-il ajouté, « ce sont 15 millions de personnes qui ont la dignité et le respect que permettent un salaire ».

La veille, les statistiques de l’emploi dans le secteur privé avaient déjà donné une idée de la tendance pour le mois de mars, avec des créations dépassant là aussi les attentes.

Les données du département du Travail soulignent la solidité de l’emploi dans les secteurs de la santé, des administrations ainsi que de la construction, signe par ailleurs que l’immobilier, qui a eu tendance à ralentir sous l’effet des hausses successives des taux par la Fed, semble repartir.

Le secteur industriel en revanche reste stable « signe de ses difficultés entre déficits commercial important et taux d’intérêt limitant l’expansion d’une politique industrielle », a regretté dans un communiqué Paul Scott, le président de l’association regroupant les industries manufacturières.

Néanmoins, les hausses de salaire se font désormais à des niveaux plus conformes aux tendances de long terme, avec une hausse de 0,3 % observée sur un mois, soit 4,1 % sur les 12 derniers mois.

La Fed dans l’attente

Par ailleurs, le temps de travail se stabilise également, avec une légère hausse de 0,1 heure du temps de travail hebdomadaire, pour le porter à 34,4 heures. Le département du Travail estime qu’une personne est en temps complet à partir de 35 heures hebdomadaires.

La Bourse de New York a ouvert en légère hausse, vendredi, après la publication de ces données qui pourraient inciter la Fed à patienter avant une baisse de taux très attendue.

« Il s’agit d’un très bon rapport du point de vue de la Fed », a estimé Dan North, économiste pour Allianz Trade, « c’est la combinaison parfaite entre croissance robuste et emploi solide d’un côté, inflation qui ralentit de l’autre ».

Après un long cycle de hausse destiné à ralentir l’inflation, la banque centrale américaine devrait entamer une baisse de ses taux cette année mais l’incertitude demeure sur le moment où cette baisse doit commencer à se matérialiser.

Mercredi, son président Jerome Powell avait rappelé que « le risque d’agir trop tôt serait de voir l’inflation repartir à la hausse, ce qui serait perturbant » pour l’économie américaine.

Un autre responsable de la Fed, Raphael Bostic, avait de son côté jugé qu’il était envisageable que l’institution ne réalise qu’une seule baisse de taux cette année, et que celle-ci n’intervienne que durant le dernier trimestre, potentiellement après les élections présidentielles américaines, début novembre.

Les marchés en anticipent pour l’heure jusque trois.

« Il n’y a aucune urgence à commencer à baisser les taux », estime M. North, « dans la mesure où nous ne voyons pas de gros mouvement vers les 2 % d’inflation » visé par la Fed.

En février, l’indice PCE des prix, qui est celui privilégié par la Fed pour la conduite de sa politique monétaire, s’est établi à 2,5 %, en légère hausse par rapport à janvier, incitant la banque centrale à la prudence.