(Montréal) L’Union des producteurs agricoles (UPA) lance un appel à l’aide pour faire face à la baisse du revenu net des agriculteurs.

Selon un communiqué diffusé par l’UPA mercredi, Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) prévoit que le revenu net agricole québécois passera de 959  millions en 2022 à 487,1 millions en 2023 et à 66 millions en 2024.

« AAC prévoit une chute de 49,2 % du revenu net agricole en 2023 et de 86,5 % en 2024. Il faut remonter au premier gouvernement de Maurice Duplessis et au troisième de Mackenzie King pour trouver un revenu net aussi bas au Québec, malgré des recettes records ces deux dernières années », a déclaré le président général de l’UPA, Martin Caron.

Selon l’UPA, « il est urgent de mettre sur pied un vaste chantier sur l’ensemble des programmes de gestion des risques », car les programmes actuels ne permettent plus aux agriculteurs de faire face aux risques climatiques, aux risques phytosanitaires (maladies des cultures ou animales), aux aléas de l’économie et à l’instabilité des marchés.

Des coûts qui augmentent plus rapidement que l’inflation

La baisse des revenus nets des agriculteurs s’explique en partie par une augmentation du coût des intrants pour les producteurs.

« Le coût des intrants, comme le carburant, la nourriture pour l’alimentation des animaux, les fertilisants ou encore les équipements qu’on achète, a augmenté de 31 % dans les trois dernières années, alors que l’Indice des prix à la consommation a augmenté de 16,7 % pour la même période », a expliqué le président de l’UPA à La Presse Canadienne.

« Ajoutez à cela les coûts de la main-d’œuvre, l’augmentation de la dette agricole et la hausse des taux d’intérêt, alors tout coûte plus cher », a fait valoir Martin Caron.

Selon le président de l’UPA, « 44 % des jeunes de la relève agricole vont travailler à l’extérieur pour avoir de l’argent, pour être capables de faire les paiements de leur entreprise ».

Ras-le-bol des importations

L’UPA dénonce également la concurrence des producteurs du Mexique où les salaires sont moins élevés et les normes environnementales moins strictes.

« Au Québec, pour produire une boîte de fraises, ça va nous coûter 14 $ en main-d’œuvre, alors qu’au Mexique, la même boîte va coûter 1 $ », alors « les importations qui arrivent d’ailleurs, les producteurs en ont ras le bol ».

L’Union des producteurs agricoles demande à Ottawa et Québec de « rehausser de façon significative les budgets, le soutien, l’accompagnement, les mesures et les programmes destinés aux productrices et producteurs ainsi qu’aux entreprises de la relève ».

Selon l’UPA, « maintenir à moins de 1 % du budget de l’État les ressources dévolues au secteur agricole (tant au fédéral qu’au provincial), indépendamment des annonces, des programmes et des mesures récentes pour faire croître l’autonomie alimentaire, n’est tout simplement plus une avenue viable et soutenable ».

Différents programmes pour aider les agriculteurs

En réponse à la sortie des agriculteurs, le bureau du ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, André Lamontagne, a écrit que le ministère était en train d’analyser les données concernant les revenus projetés pour 2024.

« Une chose est certaine », a répondu le cabinet, « c’est que l’année 2023 a été très difficile » pour plusieurs agriculteurs et que « plus de 1 milliard auront été versés aux producteurs et productrices pour 2023, comparativement à une moyenne de 440 millions au cours des 10 dernières années ».

Le bureau du ministre a aussi écrit qu’un nouveau programme d’urgence « qui rend disponibles 167 millions en liquidités pour les entreprises » a récemment été mis en place et que la Financière agricole du Québec est à réviser le programme d’Assurance récolte.

Également, le bureau du ministre a souligné que le ministère s’est engagé « à alléger le fardeau administratif pour donner aux producteurs de l’air pour qu’ils aient plus de temps pour faire ce qu’ils font de mieux : nourrir les Québécoises et les Québécois ».