Malgré l’inflation, la vaste majorité des ménages québécois ont pu maintenir ou même améliorer leur pouvoir d’achat depuis quatre ans grâce à l’augmentation généralisée de leurs revenus d’emploi et d’allocations gouvernementales.

Tel est le constat d’une étude sur l’évolution du pouvoir d’achat des Québécois de 2019 à 2023 qui a été divulguée mercredi par la Chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques (CFFP) de l’École de gestion de l’Université de Sherbrooke.

« Malgré la poussée inflationniste des derniers mois, et la perception que le pouvoir d’achat se contracte, les résultats en matière d’évolution réelle du pouvoir d’achat des Québécois depuis 2019 sont relativement positifs » en raison surtout de la hausse de leur revenu disponible (après impôts et cotisations sociales), constatent les auteurs de l’étude Évolution du pouvoir d’achat des Québécois : Que disent les chiffres et les comparaisons ?

En plus de la baisse d’impôt à laquelle ont eu droit les Québécois en 2023, l’étude tient compte de diverses aides ponctuelles octroyées entre 2020 et 2023. Parmi elles : des versements uniques de l’Allocation canadienne pour enfants en 2020 et 2021, les « chèques » d’aide à l’inflation envoyés par Québec en 2022 ou le nouveau « remboursement pour l’épicerie » du gouvernement fédéral en 2023.

C’est chez les ménages monoparentaux à revenu inférieur ou égal à la moyenne québécoise ainsi que les aînés (65 à 69 ans) habitant seuls avec un revenu inférieur à la moyenne que se concentrent les baisses de pouvoir d’achat observées par les chercheurs de la CFFP.

« Il importe de rappeler que les résultats [de l’étude] n’invalident pas les difficultés financières que vivent certains ménages. À cela s’ajoutent les craintes, les anticipations et les perceptions d’inflation qui demeurent élevées », avertissent les auteurs de l’étude dirigés par Luc Godbout, chercheur principal à la CFFP et professeur à l’Université de Sherbrooke.

Ils notent d’ailleurs qu’il y a « un écart exceptionnellement prononcé entre l’inflation perçue et l’inflation observée. Cela s’expliquerait possiblement par le fait que beaucoup de consommateurs se façonnent une opinion avec leur propre expérience d’achat. À titre illustratif, 72,2 % des Québécois ont ressenti une dégradation de leur pouvoir d’achat en 2023 ».

Le Québec est l’un des États qui s’en tirent le mieux parmi les 32 étudiés, tous membres de l’OCDE. Pour les six cas types (célibataire, couple sans enfants, etc.) comparés dans ces 32 États, le Québec présente toujours une amélioration du pouvoir d’achat entre 2019 et 2023, alors qu’une vingtaine d’États affichent une diminution.

Le Québec y fait par ailleurs toujours mieux que l’ensemble du Canada et se classe chaque fois parmi les cinq premiers. Trois fois, il arrive même deuxième, toujours derrière la Lettonie.

Somme toute, conclut l’étude, « les résultats de l’étude jumelés à la tendance baissière du taux d’inflation – peut-être lente, mais assurément à la baisse – sont encourageants quant à la possibilité que les ménages québécois réussissent à maintenir ou rattraper leur niveau de vie après quelques années plus difficiles ».