(Montréal) Le Québec est la province qui impose le plus de barrières au commerce interprovincial, selon un rapport de l’Institut économique de Montréal (IEDM) qui juge que ce protectionnisme nuit à l’économie québécoise.

Les barrières au commerce intérieur ne sont pas l’enjeu le plus médiatisé, mais elles ont un effet économique important sur le Canada, insiste l’analyste en politique publique de l’organisme de réflexion associé à la droite économique Gabriel Giguère.

« L’élimination de ces barrières permet d’accroître la productivité et ça, c’est une chose importante pour le niveau de vie des Canadiens et des Canadiennes », défend-il en entrevue.

Les barrières commerciales entre les provinces pousseraient le prix des biens et services à la hausse de 7 %, selon une étude publiée en 2017 par Statistique Canada. M. Giguère cite des études récentes qui estiment que le produit intérieur brut (PIB) annuel à long terme pourrait augmenter d’entre 110 milliards et 200 milliards si on abolissait les barrières entre les provinces.

L’IEDM recense 35 exceptions québécoises à l’Accord de libre-échange canadien. Un nombre qui n’a pas bougé depuis 2017. « Il y en a, des barrières, qui ratifient beaucoup trop large », déplore M. Giguère.

L’analyste donne en exemple les restrictions qui touchent le secteur de la foresterie. Tous les bois récoltés dans les forêts du domaine de l’État, y compris la biomasse, doivent être entièrement manufacturés au Québec.

Il juge aussi que les Québécois profiteraient d’une offre plus diversifiée s’ils pouvaient acheter des alcools de la part de fournisseurs dans d’autres provinces. « Bien que ce soit possible depuis 2022 d’aller dans une autre province et de rapporter de l’alcool, c’est un petit peu compliqué, souligne-t-il. Quand on veut un vin spécifique de la vallée de l’Okanagan [en Colombie-Britannique], il faudrait prendre l’avion pour aller le chercher tandis que ce n’est pas possible de se le faire livrer à son domicile. »

Le Québec se situe en milieu de peloton en ce qui a trait à la mobilité de la main-d’œuvre. La province compte quatre exceptions à l’Accord de libre-échange canadien qui sont liées à la mobilité de la main-d’œuvre.

M. Giguère remet en question la pertinence des restrictions à la mobilité des professionnels entre provinces. « Je ne comprends pas pourquoi, au Québec, ce n’est pas possible pour des dentistes de certaines provinces de pratiquer ici. Le patient n’est pas différent. On a tous une bouche similaire. »

Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, ces contraintes n’aident pas le Québec. « Quand le Québec a une barrière, c’est une barrière à l’entrée, ce n’est pas une barrière à la sortie. Donc, c’est possible pour une personne, par exemple un ambulancier, d’aller travailler ailleurs. C’est le Québec qui se restreint d’un bassin potentiel de travailleurs. »