Québec fait bande à part en subventionnant à coups de millions des matchs préparatoires de la Ligue nationale de hockey (LNH). Sans verser un sou, des villes comme Halifax, Wichita (Kansas) et Independence (Missouri) ont accueilli le circuit Bettman avant le coup d’envoi de la saison régulière.

Moins de la moitié des quelque 15 000 sièges de l’INTRUST Bank Arena — amphithéâtre de la plus grande ville du Kansas — étaient occupés lorsque les Coyotes de l’Arizona ont affronté les Blues de St. Louis, le 23 septembre dernier. Impossible de savoir si l’évènement s’est avéré rentable. Chose certaine, les contribuables n’auraient pas eu à assumer la facture en cas de déficit.

« Nous avons travaillé avec un promoteur local qui s’est entendu avec les équipes et a pris le risque financier d’organiser ce match chez nous, répond A. J. Boleski, directeur général du complexe. Aucune entité gouvernementale n’a offert d’aide financière pour que cette partie soit organisée à Wichita. »

La municipalité corrobore les propos de celui qui dirige l’amphithéâtre : l’argent des contribuables n’a pas servi à présenter du hockey professionnel dans une ville qui n’a pas d’équipe de la LNH. Contrairement à ce qui est prévu à Québec en 2024, où les Kings de Los Angeles doivent s’installer pour y disputer deux matchs en cinq jours au Centre Vidéotron du 2 au 6 octobre, le duel de Wichita n’était qu’un rendez-vous d’un soir.

Le séjour des Kings dans la Vieille Capitale s’accompagne d’une facture salée pour les contribuables : de 5 à 7 millions qui seront versés par Québec au promoteur Gestev sous la forme d’une subvention afin d’éponger les dépenses excédentaires de l’évènement.

Cette décision du gouvernement Legault a été vivement critiquée dans un contexte où l’on accepte de subventionner une équipe professionnelle alors que les finances publiques sont « serrées », selon le ministre des Finances, Eric Girard. Du hockey de la LNH aurait également pu être présenté à coût nul pour les contribuables, puisque le Canadien de Montréal avait offert d’aller jouer à Québec sans demander de soutien financier public.

Le tollé semble même créer un certain malaise au sein des troupes caquistes. Jeudi, le ministre de l’Éducation et député de Lévis, Bernard Drainville, a reconnu que le moment de l’annonce avait été mal choisi.

« Moi, j’entends les critiques, je les comprends et je suis d’accord avec vous que le timing n’est pas idéal », a-t-il dit, en marge d’une annonce à l’Université Laval.

Reconnaissant que l’attribution de la subvention ne faisait « pas l’unanimité », M. Drainville a tenté, tant bien que mal, de défendre son gouvernement en estimant qu’il s’agissait d’un « investissement » pour rappeler au circuit Bettman que Québec « existe ».

Séjour sans facture

Halifax figure parmi les villes considérées par la LNH comme des « terrains neutres » où peut être présenté un affrontement préparatoire. Les Penguins de Pittsburgh et leur capitaine Sidney Crosby — originaire de Cole Harbour en Nouvelle-Écosse — y ont passé quatre jours à la fin septembre avant de se mesurer aux Sénateurs d’Ottawa le 2 octobre dernier, au Scotiabank Centre.

« Notre organisation n’a pas obtenu de financement pour accueillir ce match […] et à notre connaissance, aucun financement n’a été demandé », affirme Erin Esiyok, directrice du marketing et des communications chez Events East, gestionnaire de l’amphithéâtre d’environ 12 000 places situé dans le centre-ville d’Halifax.

PHOTO DARREN CALABRESE, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le gouvernement néo-écossais n’a pas sorti son chéquier pour la joute opposant les Penguins aux Sénateurs.

Le gouvernement néo-écossais n’a pas sorti son chéquier, confirme à La Presse une porte-parole, Susan Mader Zinck.

La Presse a également effectué une vérification auprès d’Independence, au Missouri. Le 30 septembre dernier, les Stars de Dallas et les Blues étaient de passage dans cette ville de 122 000 habitants à l’occasion d’un affrontement. Au moment où nous écrivions ces lignes, jeudi, la municipalité n’avait pas répondu aux questions envoyées par courriel.

Independence a ensuite confirmé vendredi qu’il n’y avait pas eu d’aide publique versée pour la présentation de ce match de la LNH.

De l’argent public à Salt Lake City

Salt Lake City, décrite comme un endroit susceptible d’intéresser la LNH, est le théâtre de matchs préparatoires depuis trois ans dans le cadre d’un évènement appelé Frozen Fury. Les Kings ont affronté les Sharks de San Jose au Vivint Arena — qui peut accueillir 14 000 spectateurs en configuration hockey — le 5 octobre dernier.

« Nous commanditons le match par l’entremise du Jazz, mais nous ne l’organisons pas nous-mêmes », indique Bridget Farfel, vice-présidente aux communications de l’Utah Sports Commission.

Chaque année, cet organisme à but non lucratif — financé en partie par l’État — commandite plusieurs dizaines d’évènements, comme des compétitions de ski acrobatique, de patinage de vitesse et de tournois de golf professionnel. En 2021, ses dépenses de commandites s’élevaient à environ 5 millions US pour l’ensemble des évènements.

Parmi les matchs préparatoires de la LNH disputés en « terrain neutre », certains ont eu lieu dans la ville où se trouve le club-école de la Ligue américaine de hockey (LAH) d’une équipe. C’est le cas des Stars de Dallas. La formation s’est installée dans le HEB Center de Cedar Park, domicile des Stars du Texas.

L’endroit a été le théâtre d’un duel d’avant-saison entre Dallas et les Coyotes le 24 septembre dernier.

« Ce match faisait partie du programme des Stars de Dallas et Cedar Park n’a pas offert de soutien financier pour cet évènement », assure par courriel Fran Irwin, porte-parole de la municipalité.

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