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Quelle est la différence entre la Banque mondiale et le Fonds monétaire international ? Est-ce que ce sont deux organisations comparables ou bien complémentaires ? Comment sont-elles financées ? Qui prête à qui ? Selon quelles règles ?

Martin Caron

La Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) sont nés des accords de Bretton Woods en 1944, lesquels ont mis en place un nouvel ordre monétaire international au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.

Ces institutions jouent des rôles complémentaires.

Au départ, la Banque mondiale finance la reconstruction des pays européens ravagés par la guerre – la France a obtenu le premier prêt de ce qui s’appelait à l’époque la Banque internationale pour la reconstruction et le développement, soit 250 millions US, en mai 1947 – et le développement des pays du tiers monde.

De son côté, le FMI garantit la stabilité des monnaies en fonction de l’étalon or et du dollar américain, au cœur du système monétaire international.

Avec la fin de la convertibilité du dollar américain en or, le 15 août 1971, par le président américain Richard Nixon, le rôle des deux institutions financières évolue, d’expliquer le professeur d’économie à l’UQAM Philippe Goulet Coulombe, dans un entretien.

Dans le cas du FMI, les gens aiment y faire référence comme le pompier des crises financières.

Philippe Goulet Coulombe, professeur d’économie à l’UQAM

« Le fonds va s’occuper de la stabilité macroéconomique et financière des gouvernements. La Banque mondiale, c’est plus du long terme. Elle s’occupe d’économie du développement. Elle va s’assurer, dans les pays plus pauvres où elle intervient, d’avoir des politiques publiques qui vont les conduire dans un sentier de croissance économique, laquelle va augmenter le niveau de vie du pays. »

Sur son site internet, la Banque mondiale soutient que l’un des axes importants d’intervention reste la réduction de la pauvreté.

PHOTO ANDREW HARNIK, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Née des accords de Bretton Woods en 1944, la Banque mondiale s’occupe d’économie du développement dans les pays plus pauvres où elle intervient.

Son financement provient d’emprunts obligataires sur les marchés mondiaux. Par exemple, en 2019, elle a levé des fonds à hauteur de 54 milliards de dollars libellés en 27 monnaies. Le reste des sommes à sa disposition provient de quotes-parts des 189 pays membres et des allocations en provenance des pays les plus riches.

Les pays membres sont représentés par un conseil des gouverneurs, l’organe de décision de l’institution.

Avec l’argent, la banque accorde des prêts ou des dons à des pays en développement dans le but de financer des projets structurants. Depuis 1947, la Banque mondiale a financé plus de 12 000 projets de développement, relève-t-on sur son site.

De son côté, le FMI « agit comme un prêteur de dernier recours pour les gouvernements en difficulté financière, explique M. Goulet Coulombe. Le prêt vient avec des conditions sous forme d’austérité fiscale : augmentation des revenus de taxation et diminution des dépenses publiques, parfois même en retouchant les conditions des régimes de pension dans le cas de la Grèce [de 2010 à 2018] ».

Les fonds dont dispose le FMI proviennent de trois sources : les quotes-parts des pays membres, les accords d’emprunt multilatéraux et les accords d’emprunt bilatéraux.

Le FMI est dirigé par un conseil d’administration composé de 24 membres, dont 8 sont permanents. En date du 30 juin, les États-Unis détiennent 16,5 % des droits de vote, d’après le site du FMI. Outre les Américains, les actionnaires majeurs sont le Japon suivi de la Chine.

Selon Damien Millet et Éric Toussaint, auteurs de l’ouvrage 50 questions, 50 réponses sur la dette, le FMI et la Banque mondiale, les deux institutions sous le contrôle des États-Unis et de ses alliés sont critiquées par les pays du Sud et ceux du BRIC [Brésil, Russie, Inde et Chine] qui souhaitent une réforme de la gouvernance de ces institutions tenant compte de leur montée en puissance.

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