(Toronto) Ottawa souhaite attirer plus de talents technologiques au Canada et élargit les voies d’accès des travailleurs du secteur pour entrer au pays.

Le ministre de l’Immigration, Sean Fraser, a dévoilé la Stratégie pour les talents technologiques du Canada, qui comprend une nouvelle voie dédiée aux résidents permanents ciblant les employés et les travailleurs des secteurs des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques (STEM).

« Il ne fait aucun doute que nous sommes dans une course mondiale pour le même bassin de talents avec des concurrents du monde entier », a-t-il déclaré mardi lors de la conférence technologique Collision à Toronto.

« À mon avis, le Canada gagne cette course, mais je pense que nous pouvons la gagner avec une marge encore plus grande », a-t-il ajouté.

Pour y parvenir, le ministre estime que le gouvernement doit revoir la manière dont il priorise les demandes de son programme de visa pour démarrage d’entreprise, après y avoir alloué plus de places pour 2023.

La nouvelle approche prolonge également la durée des permis de travail accordés aux entrepreneurs dans le cadre du programme.

Les candidats peuvent demander un permis de travail ouvert de trois ans au lieu d’un permis d’un an limité à la propre entreprise de démarrage, et le permis sera disponible pour chaque membre d’une équipe entrepreneuriale et « pas seulement les personnes essentielles qui doivent venir au Canada d’urgence », a déclaré le gouvernement dans un communiqué de presse.

« Pour ceux qui sont dans la file d’attente, nous avons de bonnes nouvelles, a déclaré le ministre Fraser. Nous allons également délivrer des permis de travail ouverts pendant trois ans pour eux et leurs familles pour qu’ils restent au Canada en attendant que leurs demandes soient complétées. »

De nouvelles augmentations du nombre de places dans le programme de visa pour démarrage d’entreprise sont prévues pour 2024 et 2025, et le gouvernement donne la priorité aux demandes soutenues par le capital-risque, les groupes d’investisseurs providentiels et les incubateurs d’entreprises.

Dans le cadre des changements annoncés par M. Fraser, le gouvernement crée un flux de permis de travail ouvert pour les titulaires de visas H-1B aux États-Unis pour venir travailler au Canada, et développe un flux d’innovation dans le cadre du programme de mobilité internationale pour attirer les talents.

Le gouvernement a également corrigé les retards de traitement de la pandémie pour sa Stratégie en matière de compétences mondiales, a déclaré M. Fraser, promettant de traiter les permis de travail en seulement deux semaines.

La dernière pièce du projet est une stratégie de nomades numériques permettant aux personnes travaillant pour des entreprises étrangères de rester au Canada jusqu’à six mois – et si elles reçoivent une offre d’emploi pendant leur séjour au Canada, le gouvernement leur permettra de rester et de travailler ici, a avancé le ministre Fraser.

Vision à long terme

Ces mesures interviennent alors qu’une vague de licenciements a frappé le secteur de la technologie après que l’exubérance des investisseurs dans le secteur se soit estompée. Cela s’est produit lorsque les consommateurs sont revenus à leurs habitudes d’avant la pandémie, faisant baisser les valorisations.

Des entreprises aussi grandes que Meta, Amazon, Google et Shopify ont réalisé des compressions, avec Wealthsimple, Clearco, Clutch et Ritual.

L’agrégateur de licenciements Layoffs.fyi a dénombré 210 871 personnes licenciées à travers le monde dans 800 entreprises technologiques jusqu’à présent cette année. Il a compté 164 709 coupes contre 1058 l’an dernier.

Lorsqu’on lui a demandé pourquoi le gouvernement facilitait les voies d’immigration alors que tant de travailleurs ont perdu leur emploi, M. Fraser a répondu que c’était parce qu’Ottawa adoptait une approche à long terme.

« Il ne fait aucun doute dans mon esprit qu’avoir plus d’entrepreneurs et de professionnels de la technologie talentueux dans ce pays sera une très bonne chose dans une demi-génération », a-t-il indiqué lors d’une conférence de presse.

« Et d’un autre côté, si nous choisissons de ne pas saisir l’opportunité que représente ce moment, nous allons rater ce qui pourrait être une opportunité générationnelle de poursuivre la croissance économique dans un secteur d’importance stratégique pour le Canada », a-t-il renchéri.

Le ministre a ajouté que lorsqu’il parle aux gens du secteur de l’immigration, le principal défi qu’ils évoquent est celui de trouver les talents nécessaires pour aider leur entreprise à se développer.

Si le Canada ouvre des voies pour les travailleurs à venir, M. Fraser a déclaré qu’il peut constituer une main-d’œuvre avec des professionnels, y compris ceux qui sont licenciés, qui peuvent se déplacer latéralement pour occuper des emplois et encourager d’autres à se rendre au pays.

« Nous allons en fait créer un bassin de talents qui préparera le terrain pour que davantage d’entreprises s’installent au Canada à long terme », a-t-il indiqué.