Les investissements directs étrangers ont été supérieurs à 3,5 milliards pour la deuxième année de suite dans le Grand Montréal en 2022 malgré une diminution de 5 %. Montréal International (MI) a du pain sur la planche cette année dans un contexte de ralentissement économique et de contraintes comme la disponibilité des volumes d’énergie et des terrains industriels. Tour d’horizon du bilan présenté lundi.

Record de projets

L’agence de promotion économique dit avoir accompagné 102 projets – un sommet – au cours d’une année qui s’est soldée par des investissements de 3,58 milliards. Cela représente environ 8300 emplois à un salaire annuel supérieur à 88 000 $, selon MI. Grâce notamment à l’implantation de l’usine de vaccins de Moderna à Laval, le secteur des sciences de la vie a connu une excellente année avec 12 projets pour 685 millions. « Le déclencheur a été le talent », a dit le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, présent à la conférence de presse, à laquelle participaient plusieurs dignitaires, dont la mairesse de Montréal, Valérie Plante. « Avant, on disait que le talent suivait les investissements. Maintenant, les investissements suivent le talent. » Le président-directeur général de MI, Stéphane Paquet, a voulu tempérer le déclin des investissements étrangers. Selon lui, la comparaison avec 2021 se fait avec une « année de rattrapage », puisque plusieurs projets étaient sur la glace en 2020 en raison de la pandémie.

Signes de ralentissement

Malgré son enthousiasme, Stéphane Paquet reconnaît que les investisseurs étrangers sont plus prudents avant de donner le feu vert à des projets. À l’heure actuelle, on parle d’une période d’analyse supplémentaire d’environ deux mois. « Ce que ça veut dire, c’est qu’une entreprise [se demande] : “Est-ce que les taux d’intérêt vont demeurer où ils sont actuellement ?” Avant d’investir des dizaines de millions quelque part, les entreprises, un peu partout sur la planète, prennent plus de temps. Ce que ça veut dire pour 2023 ? Je vais vous le dire dans 365 jours. »

Des contraintes

À la chasse aux investissements, l’organisme doit aussi tenir compte de la nouvelle réalité énergétique du Québec. On ne peut plus garantir à un promoteur que les volumes d’énergie seront disponibles. MI adapte sa stratégie. Par exemple, en 2020, la personne qui s’occupait du dossier des centres de données – un secteur très énergivore – a quitté ses fonctions et n’a pas été remplacée. « C’est clair que dans le contexte actuel, on doit s’asseoir avec nos partenaires gouvernementaux, affirme M. Paquet. Est-ce qu’on peut amener des projets à terme ? Si oui, lesquels ? Ultimement, ce n’est pas nous qui décidons [concernant l’approvisionnement énergétique]. On doit s’ajuster. » Il en va de même avec les terrains industriels. « On vend ce que l’on a », affirme le président-directeur général de MI.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Stéphane Paquet, président-directeur général de Montréal International

Faire le suivi

Montréal International ne doit pas seulement tenter d’attirer des évènements, mais aussi garder un œil sur les acteurs qui s’implantent dans le Grand Montréal. Annoncé en grande pompe en 2020, le centre d’innovation de Behavox – une jeune pousse spécialisée en intelligence artificielle – a discrètement été mis sur le marché de la sous-location en décembre dernier. L’entreprise n’aurait plus besoin de locaux aussi spacieux. « Dans la dernière année, l’équipe d’investissements étrangers a visité plus de 500 filiales étrangères du Grand Montréal pour savoir si elles ont des problèmes de quelque nature que ce soit, dit M. Paquet. Est-ce que nous allons en perdre ? Bien oui, c’est la nature même de l’économie. » Signe que les choses changent, les annonces de licenciements chez des géants comme Google et Microsoft ont donné un coup de frein au secteur des technologies de l’information (TI) montréalais. Cela a eu un effet sur les efforts de recrutement de MI. Le nombre de candidats à l’immigration accompagnés par l’agence de promotion économique a par ailleurs diminué de 13 %, à 1340 personnes, l’an dernier.

En savoir plus
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    Nombre de projets épaulés par MI qui se sont établis à l’extérieur de l’île de Montréal en 2022. Ils totalisent 755 millions.
    source : montréal international