(Ottawa) L’inflation annuelle du Canada ralentit depuis l’été, mais des économistes prédisent que la hausse des prix du carburant en janvier pourrait avoir entravé cette tendance.

Les observateurs ont été encouragés par les récentes tendances mensuelles, qui ont montré que les prix augmentaient à un rythme plus lent.

Cependant, la Banque TD s’attend à une accélération de la croissance des prix entre décembre et janvier.

« Janvier semble […] en voie d’être un léger revers », a estimé le directeur des affaires économiques de la TD, James Orlando, notant également qu’une hausse sur un mois « ne signifie pas que février ne renouerait pas avec la tendance à la baisse. »

Statistique Canada doit publier mardi son indice des prix à la consommation pour janvier. Le rapport comprendra l’inflation globale du mois dernier, qui compare les prix par rapport à la même période l’an dernier.

L’inflation annuelle d’ensemble du Canada est passée de son sommet de 8,1 %, observé en juin, à 6,3 % en décembre, alors que les prix de l’essence ont chuté, que les problèmes de la chaîne d’approvisionnement se sont atténués et que les taux d’intérêt ont pesé sur les dépenses.

Alors que la TD prévoit une accélération de la croissance des prix entre décembre et janvier, elle prévoit que l’inflation annuelle pour janvier s’établira à 6,2 %. La CIBC prévoit une légère augmentation à 6,4 %.

Même si l’inflation a ralenti au cours des derniers mois, les progrès ont été moindres en ce qui concerne les prix alimentaires. En décembre, les prix des produits vendus en épicerie montraient une hausse de 11 % sur un an.

Selon M. Orlando, l’inflation alimentaire pourrait s’être atténuée le mois dernier en raison de la baisse des prix du diesel, qui affecte les coûts de transport.

« Cela ne ralentit probablement pas aussi vite que la plupart des Canadiens le souhaiteraient, mais (la nourriture) a été l’un des éléments qui bougent le plus lentement dans l’inflation », a affirmé M. Orlando.

Ralentissement dès cette année malgré tout

En ce qui a trait aux prévisions à plus long terme, la plupart des économistes restent convaincus que l’inflation diminuera de manière significative cette année.

C’est en partie dû à la façon dont l’inflation est calculée. Étant donné que la majeure partie de l’accélération de la croissance des prix s’est produite au printemps dernier et au début de l’été, le taux annuel devrait chuter de manière significative au cours des prochains mois.

« Lorsque les fortes augmentations de prix que nous avons vues l’an dernier ne seront plus prises en compte, plus tard ce printemps, cela entraînera une baisse importante de l’inflation d’ensemble », a souligné Karyne Charbonneau, directrice générale des affaires économiques de la Banque CIBC.

La Banque du Canada prévoit que l’inflation annuelle tombera à environ 3 % au milieu de 2023 et reviendra à son objectif de 2 % l’an prochain.

Le mois dernier, la banque centrale a relevé son taux directeur pour la huitième fois de suite depuis mars 2022, le faisant passer de près de zéro à 4,5 %. C’est son plus haut niveau depuis 2007. Tout en annonçant cette nouvelle hausse, la banque centrale a précisé qu’elle prendrait une pause « conditionnelle » pour évaluer les effets de la hausse des taux d’intérêt sur l’économie.

Les économistes notent que les hausses de taux d’intérêt peuvent prendre jusqu’à deux ans pour se répercuter pleinement sur l’économie.

Cependant, si l’inflation ne ralentit pas comme prévu et que l’économie reste chaude, la banque centrale a clairement indiqué qu’elle était prête à recourir à de nouvelles hausses de taux.

M. Orlando a estimé qu’une légère accélération des prix pendant un mois n’inciterait probablement pas la Banque du Canada à relever les taux d’intérêt, notant que la barre pour de nouvelles hausses de taux était maintenant plus élevée.

Il a ajouté que la Banque du Canada savait qu’elle a « haussé les taux à un niveau qui devrait ralentir l’économie et faire reculer l’inflation ».

Si un élément devait préoccuper davantage la banque centrale pour l’instant, ce serait plutôt le rapport sur l’emploi de janvier, qui s’est révélé particulièrement solide, a ajouté M. Orlando.

Statistique Canada a rapporté, plus tôt ce mois-ci, que l’économie avait créé un total net de 150 000 emplois le mois dernier. Avec plus de Canadiens à la recherche d’un emploi ou ayant un emploi, le taux de chômage était de 5 %, oscillant autour de creux records.

Jeudi, le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, a indiqué que l’économie était toujours en demande excédentaire et que le marché du travail restait trop tendu.

Pour que l’inflation revienne à 2 %, M. Macklem affirme que « les tensions sur le marché du travail doivent se relâcher (et) la croissance des salaires doit se modérer ».

Si les choses ne se passent pas comme prévu, le gouverneur a prévenu que la Banque du Canada était « (prête) à relever encore le taux directeur ».