(Ottawa) La Banque du Canada a la ferme intention de ramener le taux d’inflation à la cible de 2 % d’ici 12 mois. Si le remède de cheval qui a été administré à l’économie canadienne jusqu’ici ne produit pas tous les effets désirés, elle n’hésitera pas à décréter une nouvelle hausse du taux directeur, a affirmé jeudi le gouverneur de la banque centrale, Tiff Macklem.

La Banque du Canada a donné un dernier tour de vis à sa politique monétaire en janvier en augmentant le taux directeur de 0,25 point pour le porter à 4,5 %. Il s’agissait de la huitième hausse d’affilée depuis mars dernier. Dans son rapport, elle a indiqué qu’elle ferait une pause afin d’analyser l’effet de ses décisions sur l’économie canadienne.

« C’est une pause conditionnelle », a souligné M. Macklem, qui a témoigné jeudi devant le Comité permanent des finances de la Chambre des communes pendant 90 minutes en compagnie de la première sous-gouverneure Carolyne Rogers.

« L’inflation au Canada a ralenti, mais elle reste encore trop élevée », a-t-il soutenu, rappelant que la hausse des prix était passée d’un sommet de 8,1 % en juin à 6,3 % en décembre.

La Banque du Canada prévoit que le taux d’inflation ralentira à 3 % d’ici au milieu de l’année et reviendra à la cible de 2 % au début de 2024 à la suite des décisions prises au cours de la dernière année. Elle s’attend aussi à une croissance quasi nulle durant les trois premiers trimestres de l’année.

« Si les preuves s’accumulent et démontrent que l’inflation ne ralentit pas au rythme que nous avons prévu, nous sommes prêts à resserrer davantage notre politique monétaire », a souligné le grand patron de la Banque du Canada.

M. Macklem a relevé que le recul de l’inflation jusqu’ici tient surtout à la diminution des prix de l’énergie, en particulier de l’essence, et à l’amélioration des chaînes d’approvisionnement mondiales. La hausse des prix des biens durables s’est aussi modérée. Mais ce n’est pas encore le cas des prix des aliments et de beaucoup de services.

La Banque du Canada demeure donc aux aguets tandis que persistent des pressions inflationnistes. D’autant que l’économie canadienne continue de montrer des signes de surchauffe et un taux de chômage historiquement bas.

« L’économie canadienne surchauffe encore et la demande excédentaire reste claire. Cela continue d’exercer des pressions à la hausse sur de nombreux prix au Canada. […] Le nombre de postes vacants a un peu baissé, mais il demeure élevé. Le taux de chômage est proche d’un creux historique et beaucoup d’entreprises continuent de faire état de pénurie de main-d’œuvre. Dans l’ensemble, la politique monétaire restrictive aide à rééquilibrer l’offre et la demande », a-t-il noté.

Certes, la baisse du taux d’inflation donne « un peu de répit » aux Canadiens qui ont de la difficulté à joindre les deux bouts. Mais M. Macklem a soutenu qu’un taux d’inflation à 6 % demeure « trop élevé » et que la Banque du Canada continuera d’utiliser son principal outil – le taux directeur – au besoin si les circonstances l’exigent.

Invité à quelques reprises par les députés conservateurs à commenter l’effet que peut avoir une hausse des dépenses du gouvernement fédéral sur l’inflation, le gouverneur s’est montré prudent. Il a soutenu que les projections de la Banque du Canada tiennent compte des dépenses annoncées jusqu’ici par Ottawa et qu’un budget qui aurait pour effet d’alimenter la demande serait contre-indiqué. Une aide ciblée pour donner un coup de pouce aux gens les plus vulnérables est toutefois une mesure nécessaire, selon lui.

Il a refusé de s’avancer davantage, malgré les questions répétées des élus conservateurs. « Le gouvernement fixe les politiques fiscales. Nous nous occupons de la politique monétaire », a-t-il dit.