L’économie canadienne a continué d’avancer au mois d’août, avec une légère hausse de 0,1 % du PIB, mais le Québec, dont le PIB a baissé de 0,5 % en juillet, est probablement déjà tombé en récession, avance Desjardins.

Avec le recul de son PIB pour un quatrième mois de suite et les prévisions des deux prochains mois, « le Québec semble déjà avoir un pied dans la récession », observe Hélène Bégin, économiste principale de Desjardins.

Le troisième trimestre affichera une contraction pour un deuxième trimestre consécutif de croissance négative, ce qui répond à la définition d’une récession.

Selon l’économiste de Desjardins, le repli de l’économie du Québec sera assez important pour qu’on parle d’une récession classique, avec des pertes d’emplois, une diminution des ventes au détail et une chute des prix de l’immobilier.

Même si le ralentissement de l’économie québécoise est généralisé, le marché de l’emploi résiste encore, ce qui laisse prévoir « une nouvelle variante de récession classique, avec des pertes d’emplois limitées et une remontée du taux de chômage, soit au niveau de 6 % d’ici un an ».

La pénurie de main-d’œuvre et l’épargne accumulée par les Québécois pourraient atténuer l’impact de cette récession comparativement aux précédentes, affirme l’économiste de Desjardins.

Le signal de récession peut être perçu plus tôt au Québec qu’ailleurs au Canada, parce que l’Institut de la statistique publie les chiffres du PIB tous les mois, ce que ne font pas les autres provinces. Le virage de l’économie québécoise est clair et donne probablement un avant-goût de ce qui attend les autres provinces, selon Desjardins.

« Le signal de récession pour le Québec n’a pas à lui seul fait pencher la balance pour la Banque du Canada, mais il a peut-être été pris en considération lors de l’annonce du 26 octobre. Malgré la forte inflation, la décision [a été] d’augmenter les taux directeurs de 50 points de base, plutôt que 75 points de base », observe Hélène Bégin.

L’économie canadienne résiste

Statistique Canada s’attendait à ce que le PIB fasse du surplace en août. La hausse de 0,1 % indique que l’économie se montre résiliente. « Au final, l’économie canadienne se porte un peu mieux que prévu, a commenté l’analyste de S&P Global Market Intelligence, Arlene Kish. La bonne performance de certains secteurs, particulièrement dans les services, semble atténuer l’impact négatif des hausses de taux d’intérêt sur les secteurs qui y sont les plus sensibles, comme la construction résidentielle. »

La hausse du mois d’août suit une augmentation similaire de 0,1 % en juillet et en juin. C’est le secteur des services, en hausse de 0,3 %, qui tire la croissance en août, tandis que la production de biens est en baisse de 0,3 %.

Le secteur de la construction s’est replié pour un cinquième mois consécutif, en baisse de 0,7 % en août, sous l’impact des hausses répétées des taux d’intérêt.

Après le recul de juillet, le secteur du commerce de détail a enregistré une hausse de 1,2 % en août, indique Statistique Canada. Ce sont surtout les magasins de sport qui en ont profité. Les activités sportives ont repris à plein régime au cours de l’été, note Statistique Canada. Cette catégorie de dépense est en hausse de 5,4 % et a atteint leur plus haut niveau depuis juin 2021.

Le prix de l’essence a diminué de 9,6 % en août, ce qui a stimulé la consommation. Les ventes des stations-service se sont accrues de 6,9 %, après avoir diminué pendant trois mois d’affilée.

Les ventes des magasins d’alimentation ont augmenté de 1,3 % en août, après avoir diminué pendant deux mois consécutifs.

Statistique Canada estime que le PIB a augmenté de 0,1 % en septembre, des chiffres qui seront confirmés le mois prochain. Pour l’ensemble du troisième trimestre, soit les mois de juillet, août et septembre, les estimations pointent vers une croissance de 0,4 %.

Avec les chiffres du mois d’août, les économistes de la Banque Nationale s’attendent à une croissance de 1,6 % en rythme annualisé au troisième trimestre, après l’augmentation de 4,2 % enregistrée au deuxième trimestre.

Ce ralentissement devrait se poursuivre au cours des prochains mois, écrivent Kyles Adams et Alexandra Ducharme dans leur analyse. « La hausse des taux d’intérêt a eu un impact négatif sur les secteurs de la construction, de la finance et de l’immobilier au cours des derniers mois et devrait continuer à le faire dans la période à venir », notent-ils.