Hydro-Québec vient finalement de recevoir le feu vert pour construire en zone agricole une partie de la ligne à haute tension qui doit alimenter la mine de Nouveau Monde Graphite, qui espère toujours devenir la première mine à ciel ouvert 100 % électrique au monde.

Après avoir refusé que la ligne en haute tension traverse une zone agricole située à Saint-Zénon, la Commission pour la protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) revient sur sa décision et coupe la poire en deux.

Dans une décision rendue lundi, la CPTAQ permet que la ligne de 120 kilovolts – qui doit alimenter la mine de Nouveau Monde Graphite à Saint-Michel-des-Saints, dans Lanaudière – traverse une terre cultivable, même si le tracé « ne semble pas être celui de moindre impact sur l’agriculture ».

En contrepartie, la société d’État devra compenser les pertes de territoires. Elle devra défricher et ensemencer une prairie de superficie équivalente sur la terre en question, lit-on dans la décision finale.

Dans la dernière année, la Commission avait présenté cette zone comme « unique et fragile de par sa localisation au milieu d’un océan de territoire non agricole ». Hydro-Québec soutenait pour sa part devoir passer en milieu agricole pour éviter de traverser un « grand milieu humide, un cours d’eau et une plaine inondable » ou être forcée de déplacer la ligne « plus haut en montagne et, ainsi, le paysage en serait affecté davantage », peut-on lire dans les documents de la CPTAQ.

L’Union des producteurs agricoles aurait préféré que la ligne passe à l’extérieur des terres cultivables. « Pour nous, et jusqu’à preuve du contraire, Hydro-Québec n’a pas fait la démonstration qu’il était absolument impossible d’ériger l’entièreté de la ligne en dehors de la zone agricole », écrit la division Lanaudière du syndicat dans un avis transmis à la CPTAQ.

Pour sa part, Nouveau Monde Graphite (NMG) se réjouit de cette décision. « De notre côté, ça demeure dans les échéanciers pour le raccordement [de la mine en 2026]. Donc c’est une très bonne nouvelle », indique Julie Paquet, vice-présidente Communications chez NMG.

Dans son ensemble, le projet de NMG comporte deux volets. Outre la mine de graphite, une usine de transformation du minerai en matériau d’anode pour les véhicules électriques est projetée à Bécancour.

« On attend d’attacher le financement de l’usine à Bécancour en finançant les deux d’un coup avant de se lancer dans la construction à plein régime » des installations nécessaires aux opérations de la mine, indique-t-elle, expliquant par ailleurs que le déboisement préliminaire et la route d’accès ont été faits à Saint-Michel-des-Saints.

Si le financement du projet – estimé à 1,5 milliard de dollars – n’est pas encore complété, des investissements majeurs ont été annoncés l’hiver dernier. En février, General Motors et Panasonic ont confirmé investir dans NMG et se sont engagées à acheter une partie de la production. Les deux entreprises détiennent ensemble 22,22 % de l’entreprise.

Questionnée sur la prétention de devenir la première mine 100 % électrique au monde, Mme Paquet se veut optimiste : « Oui, nous pensons toujours être en mesure de l’être. »