« Être une face à claques à 28 ans, c’est peut-être drôle, mais à 38 ans, ce ne l’est plus. À un moment, on doit grandir et évoluer. »

L’ex-PDG de la Banque Nationale Louis Vachon affirme qu’il n’était pas un leader naturel et que son leadership a été « appris, développé, coaché et patché par moments ».

C’est ce qu’il révèle dans un livre autobiographique qui sera en librairie dans les prochains jours.

« Je ne suis ni beau ni grand, et je n’ai pas toujours été facile d’approche. Je n’ai jamais été un leader naturel », dit Louis Vachon dans ce livre écrit à la première personne.

Ce constat ne l’a pas empêché de diriger la plus grande banque du Québec pendant une quinzaine d’années.

En entrevue, le banquier de 61 ans soutient qu’écrire ce livre n’était pas un projet qu’il souhaitait réaliser depuis longtemps. C’est après avoir lu l’autobiographie du PDG de Disney, Bob Iger, pendant ses vacances il y a deux ans, qu’il dit avoir pensé à publier un livre.

« Le livre de Bob Iger – The Ride of a Lifetime – est intéressant, pertinent et relativement court », illustre-t-il.

Devenir plus posé

Dans son livre intitulé La passion du métier, Louis Vachon se révèle vulnérable et expose avec beaucoup d’humilité plusieurs leçons tirées de son parcours.

Très combatif de nature, Louis Vachon dit avoir eu à devenir plus posé pour éviter d’être la source de tensions.

J’ai appris à éviter de défoncer des portes qui ne sont pas verrouillées. Le monde des affaires est petit et il faut distinguer un affrontement qui va donner des résultats d’une œuvre de démolition qui brûle tout simplement les ponts.

Extrait de La passion du métier, de Louis Vachon

« Même si j’étais un bon professionnel de la finance, j’étais perçu comme abrasif et sans aptitude pour être gestionnaire de haut niveau », est-il précisé. Louis Vachon dit avoir réalisé que le plus gros obstacle à sa progression était lui-même. Ce déclic a marqué, souligne-t-il, son évolution en tant que personne, gestionnaire et leader.

Le leadership consiste, selon lui, à préparer le changement, à le gérer et à l’expliquer.

« Ce qui m’a rendu efficace est que j’étais organisé en ce qui concerne mon temps et mes dossiers », lit-on.

Pas de courriels le dimanche

Un des secrets de son succès : arriver toujours à la même heure au bureau. Ça donne des repères à son équipe et crée une forme de stabilité dans l’organisation du travail, indique-t-il.

Louis Vachon affirme aussi avoir souvent préparé ses semaines le dimanche matin. « Ça permet de réfléchir à un moment où tout est calme. »

Envoyer des courriels le dimanche n’est pas une bonne approche, car un leader doit mesurer, dit-il, l’effet de ses gestes.

Un bon leader a un sens éthique, d’abord, et un mélange de passion et d’ambition, selon Louis Vachon, ainsi qu’une capacité d’adaptation. « La prise de décision peut demander du courage et c’est le rôle du leader. »

La meilleure façon de gérer une crise est… de l’éviter, affirme Louis Vachon. Voilà pourquoi la gestion des risques est si importante à ses yeux.

La deuxième leçon à savoir pour gérer une crise, dit-il, est d’être proactif et transparent. Et la troisième est de faire attention à soi et à sa façon d’agir : c’est-à-dire continuer à faire de l’exercice ; gérer en équipe et déléguer ; éviter l’alcool et les drogues ; préserver son sommeil, puisque le manque de sommeil affecte le jugement, le discernement, les émotions et amène à commettre des erreurs.

Un trait de caractère marquant et inspirant qu’il admire chez les gens est l’authenticité. Il cite en exemple plusieurs politiciens : Jean Chrétien, Régis Labeaume, Stephen Harper, François Legault et Brian Mulroney. À la télé ou en personne, ces gens demeurent la même personne, illustre-t-il.

Quelques-uns de ses conseils à un nouveau gestionnaire en poste : écoutez et posez des questions, soyez visible et rencontrez les gens en personne. « Le leadership ne peut exister s’il est invisible et inaudible. »

Louis Vachon souligne par ailleurs dans le livre n’avoir jamais trop compris pourquoi les grandes banques canadiennes se sont implantées aux États-Unis de manière aussi large, car le marché américain est le plus concurrentiel au monde. Il a préféré mettre le cap sur les marchés émergents, notamment au Cambodge où, sous sa direction, la Banque Nationale a développé des actifs de plus de 15 milliards de dollars.

La passion du métier

La passion du métier

Éditions La Presse

176 pages