L’engouement pour les véhicules électriques serait-il en train de s’estomper ? C’est ce que suggère une consultation menée par AutoHebdo, une plateforme en ligne de vente de véhicules. Le coût d’achat et l’autonomie des batteries sont les principaux facteurs qui rebutent les consommateurs.

Un peu moins de la moitié (46 %) des propriétaires d’un modèle à essence affirme envisager de se procurer une voiture électrique lorsque viendra le moment de changer de véhicule. « On pourrait penser que c’est une bonne nouvelle de voir que presque une personne sur deux veut acheter un véhicule électrique, mais le problème, c’est qu’ils étaient 68 % il y a deux ans », souligne Benoit Laforce, directeur général d’AutoHebdo.

Parmi les principaux freins à l’achat d’un véhicule zéro émission, on retrouve l’autonomie limitée (79 % des répondants), un réseau de bornes de recharge insuffisant (72 %), un coût d’achat plus élevé (68 %) et la croyance que les véhicules électriques ne conviennent pas au climat plus froid du Canada (59 %).

Au Québec, l’autonomie limitée (76 %), le coût d’achat supérieur (71 %) et le nombre insuffisant de bornes de recharge (61 %) sont les motifs les plus souvent invoqués par les consommateurs qui ne se disent pas encore prêts à abandonner le moteur à combustion.

Le fait qu’une grande proportion de répondants indiquent que le coût d’achat élevé freine les ardeurs des consommateurs préoccupe Benoit Laforce.

Notre consultation a été menée avant que le gouvernement du Québec n’annonce la fin progressive des subventions [Roulez vert] pour l’achat d’un véhicule électrique. On pourrait penser qu’ils seront encore plus nombreux l’an prochain [à invoquer le coût d’achat] alors que les subventions seront moins généreuses.

Benoit Laforce, directeur général d’AutoHebdo

C’est d’ailleurs ce qui motive Annie Desrochers à concrétiser l’achat d’un véhicule électrique avant que la subvention québécoise ne diminue progressivement à partir du 1er janvier 2025. Cette mère de famille de la Rive-Sud souligne qu’une deuxième voiture est nécessaire avec ses deux filles qui jouent au soccer au niveau élite.

« Sans aucune subvention, il y a de bonnes chances qu’on choisirait plutôt un modèle à essence, moins cher, dit-elle. Je suis justement venue au Salon du véhicule électrique [au Stade olympique] pour voir les différents modèles, bien que notre choix est presque fait », affirme-t-elle.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Véhicule de la marque Rivian exposé au Salon du véhicule électrique

Denis et Francine Cardinal, eux, veulent vendre leur Hyundai Ioniq 5 pour se procurer un véhicule un peu moins cher. Depuis qu’ils sont à la retraite, leurs besoins et leurs revenus ont changé, mais pas question disent-ils de revenir en arrière : la prochaine voiture sera elle aussi électrique ! « Depuis qu’on l’a essayé, on adore ça », souligne Francine.

Hausse des acheteurs

Si les Québécois semblent plus réticents à acheter un modèle électrique, selon la consultation d’AutoHebdo, on observe tout de même une hausse des acheteurs, de 10 % à 12 % entre 2023 et 2024, signe que les ventes continuent d’augmenter malgré tout.

Selon le plus récent dénombrement effectué par la firme S&P Global, les véhicules zéro émission représentaient d’ailleurs 22,8 % des nouvelles immatriculations au Québec pour le troisième trimestre de 2023, une hausse de 10 % par rapport à l’année précédente.

Bien qu’ils puissent constituer un indicateur des intentions d’achat des consommateurs, les résultats d’AutoHebdo ne sont pas le fruit d’un sondage en bonne et due forme. Il s’agit plutôt d’une consultation menée entre le 9 février et le 11 mars dernier auprès de 1559 visiteurs canadiens du site web autohebdo.net et non d’un sondage avec un échantillon représentatif de la population.

Un projet-pilote pour valoriser les transports par camions électriques

Québec a annoncé une aide de 3,3 millions de dollars pour déployer un projet-pilote visant à tester la livraison de marchandises par camion électrique entre Québec et Montréal. Le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, en a fait l’annonce vendredi à l’ouverture du Salon du véhicule électrique, qui se tient au Stade olympique jusqu’à dimanche. Le projet sera coordonné par Propulsion Québec avec la collaboration de Nationex, une entreprise de transport de Longueuil. L’objectif est de tester, avec de vrais clients, les avantages et les limites d’un système de transport avec des camions électriques.

Éric-Pierre Champagne, La Presse