Loin d’être une « aberration énergétique », comme des spécialistes de l’énergie le croient, le projet de TES Canada de produire de l’hydrogène vert et du gaz synthétique en Mauricie est un « projet magique », selon le ministre Pierre Fitzgibbon.

« C’est un projet magique, a affirmé le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie mercredi en commission parlementaire. Des projets comme ça, j’en prendrais un par semaine. »

TES Canada veut d’abord construire un parc solaire et un parc éolien qui, avec les 150 mégawatts qu’Hydro-Québec s’est engagée à lui fournir, alimenteront sa production d’hydrogène vert et de gaz synthétique pour laquelle le distributeur gazier Énergir a démontré de l’intérêt.

Selon Pierre Fitzgibbon, il s’agit d’un investissement privé de 4 milliards qui va permettre à Énergir d’atteindre les deux tiers de ses engagements climatiques, en plus d’alimenter 2000 camions lourds.

Il s’agit d’un investissement extrêmement intéressant pour le Québec.

Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie

Le coût du gaz de synthèse, estimé à quatre fois celui du gaz renouvelable, pourrait refroidir la clientèle industrielle visée, qui ne se bouscule déjà pas pour acheter ce dernier.

Le ministre ne semble pas inquiet. Il ne croit pas aux chiffres qui ont été publiés par des spécialistes de l’énergie sur le coût du gaz de synthèse, chiffres qui rejoignent ceux déjà publiés par Énergir. ⁠1

« Personne ne connaît la dynamique économique du projet parce que c’est un projet privé », affirme le ministre.

S’il s’avère que le projet ne trouve pas de clients et qu’il « n’est pas finançable, il ne se fera pas, c’est tout », a-t-il dit.

Le ministre a répété qu’il n’était pas question que la production d’énergie verte projetée par TES Canada soit exportée à l’extérieur du Québec, comme en Allemagne où la société mère de TES Canada a des visées.

En revanche, TES pourra vendre l’énergie qu’elle produira à Hydro-Québec, a fait savoir le ministre. Hydro-Québec est déjà en négociation avec TES pour acheter ses éventuels surplus, a-t-il dit. À quel prix ? « Ce sera à Hydro-Québec de décider si c’est avantageux ou pas. »

De 12 à 13 cents le kilowattheure

Le PDG d’Hydro-Québec, qui témoignait en commission parlementaire après le ministre Fitzgibbon, a commencé par mettre le compteur à jour. La nouvelle production d’électricité du Québec coûtera de 12 à 13 cents le kilowattheure, a dit Michael Sabia.

C’est encore plus cher que les chiffres avancés dans le plan de sa prédécesseure Sophie Brochu, il n’y a pas si longtemps.

Hydro-Québec a l’intention d’investir 185 milliards pour augmenter sa production de 9000 mégawatts d’ici 2035. « Étant donné l’ampleur de notre plan de développement, il y aura une augmentation de coûts », a dit M. Sabia.

Est-il raisonnable alors que l’augmentation des tarifs d’électricité des Québécois soit plafonnée à 3 % par année ? lui a-t-on demandé.

C’est le ministre Fitzgibbon qui a répondu à sa place. « C’est une décision politique qu’on va respecter au moins jusqu’à la fin du mandat », a-t-il affirmé.

La question est revenue plus tard à M. Sabia, qui a fini par dire que des discussions à ce sujet seront nécessaires entre Hydro-Québec et le gouvernement, pour savoir s’il faut augmenter les tarifs d’électricité ou réduire le dividende que verse Hydro-Québec au Trésor public.

Les profits d’Hydro-Québec et les dividendes versés au gouvernement sont des vases communicants, a-t-il dit. « Il va arriver un moment où on va discuter de ça. La question reste ouverte. »

Lisez la lettre ouverte « TES Canada : un appel à la transparence »